Dans la dernière ligne droite d’une campagne présidentielle, la propagande atteint toujours des sommets. Certaines allégations n’en sont pas moins ridicules.
La popularité de Jean-Luc Mélenchon affole l’oligarchie et ses éditorialistes, qui sortent l’artillerie lourde. Le candidat de la France Insoumise serait "l’ami des dictateurs" et aurait "un problème avec la démocratie". François Hollande lui-même, sortant de sa léthargie, qualifie Jean-Luc Mélenchon de dictateur, ennemi de l’Occident et déclare : "Voter Mélenchon, c’est voter Chavez". La preuve, cette dernière trouvaille des commentateurs : Jean-Luc Mélenchon ne va-t-il pas aligner la France sur le Vénézuéla et Cuba en proposant un rapprochement avec l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) ? Dans la dernière ligne droite d’une campagne présidentielle, la propagande atteint toujours des sommets. Ces allégations n’en sont pas moins ridicules.
Pour commencer, ces grands défenseurs de la liberté omettent de dire qu’Amnesty International juge le programme porté par Jean-Luc Mélenchon proche de ses recommandations en matière de sauvegarde des libertés. Ou que quatre grandes ONG – ACF, ONE, CARE et ASM – ont évalué ses propositions pour l’aide au développement et la solidarité internationale comme les meilleures. Dans ces deux cas, ces organisations donnent une note de 10/10 à Jean-Luc Mélenchon – étonnant pour un apprenti dictateur. Il est d’ailleurs particulièrement grotesque de voir ces accusations étalées dans des médias détenus par une poignée de milliardaires dont la plupart sont en même temps producteurs d’armes. Grotesque, mais aussi alarmant. La liberté de la presse est un des piliers de la démocratie, mais si le pouvoir qu’elle donne aux journalistes les conduit – volontairement ou sur commande – à sélectionner les faits au bénéfice de certains et au détriment des autres, cette liberté est dévoyée.
Prenons le cas de l’ALBA. Une recherche rapide suffit pour comprendre que la proposition de L’Avenir en commun, le programme de la France Insoumise, ne vise rien de plus qu’à mieux intégrer dans leur environnement régional les territoires français d’Amérique du Sud et des Caraïbes, et n’a rien d’une alliance militaire. À ce propos, est-ce l’entre-soi des rédactions et la connivence avec les candidats du statu quo qui fait ignorer à ces spécialistes improvisés de l’Amérique du Sud que l’Union européenne négocie un accord avec la zone de libre-échange MERCOSUR (Marché commun du Sud) ? Ou que la France est déjà membre de l’Association des États de la Caraïbe où figurent Cuba et le Vénézuéla ?
Les mêmes biais affectent les autres points d’accusation en cette fin de campagne. Nous rappelle-t-on que, ministre de l’éducation nationale, Benoît Hamon a participé en 2012 à la signature de plusieurs accords avec le Vénézuéla ? Que, ministre de l’économie, Emmanuel Macron a signé des accords avec la République islamique d’Iran ? Certains de ces accords n’ont rien d’étonnant : tout dirigeant censé, soucieux des intérêts de son pays, est conduit à tisser des relations de coopération et d’échange – économiques, scientifiques ou culturels – mutuellement profitables avec les pays les plus divers, y compris ceux dont le type de régime ou le profil des dirigeants ne correspondent pas à ses convictions. D’autres sont critiquables parce qu’ils portent atteinte aux intérêts ou à la souveraineté de notre pays ; François Fillon a ainsi raison de dénoncer l’accord fiscal avec le Qatar ; mais où sont les journalistes pour rappeler que cet accord a été signé sous... son propre gouvernement ? Enfin, certains accords apparaissent criminels : ainsi, comment qualifier les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite, fer-de-lance au Yémen d’une guerre responsable de la mort de dizaines de milliers de civils – ventes soutenues par le ministre Emmanuel Macron ? Il est inconcevable que ceux qui, aux affaires, signent des contrats avec n’importe qui pour vendre n’importe quoi s’autorisent ensuite à donner sans rire des leçons de moralité.
Si les éditorialistes étaient conduits par le strict souci de l’information, rien ne devrait les pousser à dénoncer les projets de coopération pacifique envisagés par Jean-Luc Mélenchon dans telle ou telle partie du monde. À l’inverse, ils seraient bien inspirés d’interroger la pertinence d’une alliance militaire permanente avec les États-Unis, à l’heure où Donald Trump multiplie des gestes belliqueux irresponsables : bombardement unilatéral de la Syrie – qu’il confond en interview avec l’Irak –, larguage de la "mère de toutes les bombes" en Afghanistan, provocations militaires envers la Corée du Nord. Pourtant, lorsque Jean-Luc Mélenchon annonce sa volonté de sortir la France de l’OTAN, les médias de masse crient unanimement au scandale. Ils sont bien peu nombreux à rappeler que le général de Gaulle, que nul ne peut soupçonner d’angélisme en matière militaire, se méfiait de cette organisation au point d’en quitter le commandement intégré ; moins nombreux encore à souligner qu’avec la disparition du bloc soviétique, cette alliance automatique n’a plus de sens. Donnant l’image d’un Occident ligué contre le reste du monde, risquant de relancer la course aux armements et d’entraîner notre pays dans des aventures militaires où il n’a rien à gagner, elle est désormais plus dangereuse que protectrice.
Que les électeurs se rassurent. Jean-Luc Mélenchon n’est l’ami d’aucun dictateur et n’alignera la France sur personne. Ceux qui, le comparant à Marine Le Pen, cherchent à le convaincre de "fascination" pour Vladimir Poutine omettent ainsi de souligner que contrairement à d’autres candidats, il n’a jamais cherché à se faire adouber par le dirigeant d’une nation étrangère – pas plus par Vladimir Poutine que par Angela Merkel ou par Donald Trump. Il entend simplement lui rendre son indépendance et en finir avec un occidentalisme et un atlantisme inadaptés à un pays dont le territoire est présent sur les cinq continents. Rompant avec le mélange de moralisme, d’affairisme et de militarisme qui dicte actuellement une politique extérieure erratique, Jean-Luc Mélenchon souhaite adopter une ligne de conduite censée qui consiste à contracter accords et alliances au cas par cas, en fonction de leur intérêt pour la France et de leurs conséquences sur la sécurité internationale. Il veut être un président de la paix, et la paix exige une diplomatie construite sur la réflexion et menée avec sang-froid et discernement, loin des émotions du moment.
Nous invitons ceux qui souhaitent aller au-delà des mensonges à consulter le programme qu’il porte avenirencommun.fr, et notamment le livret Une France Indépendante au service de la Paix.
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