Face au repli, déployons nos langues maternelles !

samedi 18 mars 2017.
 

Connaissez-vous l’existence de la Journée des langues maternelles  ? Tous les 21 février depuis 1999, cette journée internationale célèbre les langues du monde entier, leur apprentissage et leur conservation. En région parisienne, elle est célébrée à deux endroits  : au siège de l’Unesco, qui a institué la journée mondiale, et l’autre endroit quel est-il  ? Ils s’agit de ce petit bout du monde que constitue la ville d’Aubervilliers. La Journée des langues maternelles, c’est l’affirmation du droit de chacun de pouvoir user de la langue qu’il a apprise enfant, de la langue qu’il a apprise plus tard et, tout simplement, de la ou des langues que chacun choisit d’user.

Le choix même du 21 février pour signifier la protection des langues maternelles est fort de sens  : le 21 février 1952, a eu lieu un tragique événement au Bangladesh, un massacre d’étudiants à Dacca qui manifestaient pour réclamer la reconnaissance de leur langue maternelle.

Cette journée est celle du droit de dire et aussi celle de la possibilité d’entrer dans l’imaginaire de l’autre. La construction, l’apprentissage et l’échange des langues ouvrent la porte à des imaginaires et des cultures riches de leurs différences. Ce sont des centaines de cosmogonies à découvrir, de sons, de sens, de raisonnements populaires. Car les langues et les cultures du monde donnent accès à des puissances poétiques merveilleuses, riches de leur multitude et des possibilités qu’elles offrent.

Les langues et leurs apprentissages revêtent aussi un caractère particulièrement politique. Dans l’apprentissage, peuvent se transmettre des valeurs et des idées auxquelles il convient de conférer un cadre démocratique assurant la liberté de conscience des individus.

C’est dans cette perspective qu’a été créé, à Aubervilliers, un Trésor poétique municipal mondial qui collecte et protège un précieux patrimoine local et universel de poésies dans toutes les langues, animé par la compagnie Les Souffleurs commandos poétiques. Et c’est à Aubervilliers aussi que, depuis 2015, a été créée une bourse des langues au sein de l’administration communale, à laquelle les fonctionnaires municipaux peuvent apporter leurs compétences linguistiques.

Pour toutes ces raisons, cette année, à Aubervilliers, nous persévérons avec l’ouverture d’une Maison des langues et des cultures du monde qui offrira un cadre lisible et cohérent à l’ensemble des cours de langue qui sont déjà proposés dans notre ville et qui animera des rencontres et des échanges sous forme de repas linguistiques, de débats, de chorales… Cette Maison des langues et des cultures incarnera la volonté des habitants issus de tous les horizons de construire une société qui voie dans la culture de l’autre la possibilité de rendre chacun meilleur.

Par Anthony Daguet, maire adjoint d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis)


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message