L’intérêt général se dissout dans la violence des structures du marché

jeudi 5 janvier 2017.
 

Le discours du progrès issu des Lumières laissait espérer que l’homme travaillerait moins, mais la droite décomplexée veut nous faire travailler davantage pour redresser le pays.

Et maintenant, pour qui sonne le glas  ?

par Dominique-Jacques Roth, psychanalyste et auteur.

Les experts qui se succèdent dans les médias n’expliquent cependant jamais que la dette qui grève l’État provient pour l’essentiel de ce que depuis les années 1970 l’État s’est obligé lui-même à emprunter aux banques privées à des taux élevés, quand la France n’avait quasiment aucune dette.

Le souci de redistribution des richesses s’est mué en préoccupations identitaires (nationales, religieuses, sexuelles). L’intérêt général se dissout progressivement dans la violence des structures de production fondées sur les objectifs du marché (croissance, concurrence, compétitivité) et non sur la coopération entre les peuples. Seules les microrévoltes tenues pour rien à l’échelle de la planète (Syriza, Occupy Wall Street, Podemos, Nuit debout…) révèlent la fissure capitaliste.

L’euphorie doctrinale des années 1980 a cédé le pas à l’opportunisme idéologique. La faillite de l’autorégulation sous l’égide de la « main invisible » le cède désormais à l’austérité et au contrôle des populations sous l’alibi sécuritaire. La droitisation du monde avance sous le feu roulant d’un hypernarcissisme (Trump), parfois mâtiné de paranoïa (Erdogan). Le capitalisme repousse sa chute moyennant un fondamentalisme décomplexé (l’expression fait florès) pour qui les intérêts de la classe dominante – qui n’a pas disparu – priment sur le bien commun. La convergence de la révolution numérique, du règne des experts et de l’anarcho-libéralisme étaie la servitude formelle d’un ordre scientifique technique et marchand édifié dès l’origine sur un monde qui, s’étant fait nombre, mise sur la forclusion du conflit. Exit les chômeurs au profit de « demandeurs » d’emplois introuvables, mais l’euphémisation du discours qui voile le réel n’empêche pas ce dernier d’exister.

La violence djihadiste permet de banaliser l’autre violence, structurelle, systémique, néolibérale, qui infuse notre quotidien à bas bruit et dont les effets, pourtant, ne sont pas moins délétères. La critique sociale est foulée aux pieds en raison des avatars du communisme historique, mais l’antagonisme structurel des exploitants et des exploités dans le monde se rejoue à chaque délocalisation. Au lieu de traiter les problèmes de fond (ventes d’armes, corruption endémique, saccage environnemental, etc.), les médias oligarchiques ne se privent pas de traiter l’anecdote pour empêcher le peuple de penser, hâtant l’agonie démocratique. L’extension du marché à tous les aspects de la vie est l’un des caniveaux de l’humanité. Le principe de la représentation ainsi que l’a démontré le quinquennat Hollande comporte un danger majeur car, une fois élus, les « représentants » du peuple font quasiment ce qu’ils veulent.

Last but not least, quel cas le programme de démantèlement social de la droite française fait-il du rapport du FMI, datant du mois de mai 2016, critiquant le néolibéralisme  ?


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