Dans son malheur, l’ex plus grand flic de France a de la chance. En effet, l’intensité de l’actualité nationale et internationale permet à cette affaire de ne pas faire tous les jours la Une des médias. Pourtant, l’histoire est absolument hors norme et les tribulations du Squale valent leur pesant d’or. Qui eut cru qu’un jour, un ancien haut fonctionnaire ayant été en charge d’aussi lourdes responsabilités se retrouve pris dans les filets de la justice pour des faits aussi graves ? Qui eut cru qu’un ex patron du plus grand service de renseignement de la 6ème puissance mondiale puisse avoir à répondre d’accusations telles que « compromission du secret de la Défense nationale », et « violation du secret de l’enquête ». L’investigation des juges du pôle financier tape tous azimuts et met à jour tout un réseau de fonctionnaires agissant dans l’ombre pour des intérêts privés. Ce travail de la justice a le grand mérite de nettoyer les écuries d’Augias.

« Un service parallèle »

Les juges du pôle financier rendent également un grand service au prochain locataire de l’Elysée qui sera débarrassé de ce qui se révèle être un véritable service parallèle agissant pour son propre compte (sauf si, bien entendu le Président élu en 2017 s’appelle Nicolas Sarkozy, Bernard Squarcini étant l’ami et le maître espion de l’ancien chef de l’Etat). En effet, « l’affaire Squarcini » a déjà fait tomber Christian Flaesch, ancien directeur de la police judiciaire de Paris, il a été mis en examen pour « violation du secret de l’instruction » et « entraves aux investigations » . Cet autre grand flic avait donné des tuyaux à Bernard Squarcini pour que ce dernier puisse satisfaire LVMH, client de sa société d’intelligence économique Kyrnos, et gagne ainsi des points dans sa bataille avec Hermès. Ca s’appelle le sens de l’Etat ! Autre grande pointure qui vient d’être prise dans le filet des turpitudes du Squale, Laurent Marcadier, magistrat qui a pris une disponibilité pour travailler dans le privé au sein du groupe… LVMH ! Le 14 octobre il a, lui aussi, été mis en examen pour « complicité et recel de violations du secret professionnel et du secret de l’instruction » et « entrave aux investigations ». Accusations assez peu élégantes sur le CV d’un magistrat qui a auparavant œuvré dans le cabinet de… Claude Guéant ! L’ancien ministre de l’Intérieur n’est par ailleurs pas étranger à ce dossier puisqu’il a, lui aussi, bénéficié pour ses intérêts privés des précieux renseignements de son ami Squarcini. A cet aréopage, il faut, bien entendu, ajouter les nombreux fonctionnaires qui se retrouvent dans la tourmente pour avoir continué de rendre des services à leur « chef » après son départ de la DCRI…

A qui le tour ?

C’est peu de dire que l’ancien plus grand flic de France se retrouve dans la panade. Et comme, d’après l’adage chiraquien, « les emmerdements volent toujours en escadrille » voilà que l’ami de Squarcini, l’inénarrable, Alexandre Djouhri, vient de faire l’objet d’un mandat d’arrêt international . Si l’intermédiaire, spécialiste en affaires troubles, n’est pas recherché dans l’affaire Squarcini, mais dans celle du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, il n’est pour autant pas blanc comme neige dans cette histoire puisqu’il a, lui aussi, bénéficié des informations très spéciales fournies pas son ami le Squale. C’est donc une autre figure, canal historique, du clan Squarcini qui vient de tomber. A qui le tour ? Des bruits entendus dans les couloirs du pôle financier évoquent le nom du Patron de l’AS Monaco, l’oligarque russe Rybolovlev. Il aurait été également bénéficiaire des petits arrangements de l’ex patron de la DCRI. De nombreux dossiers le concernant ont été trouvés lors des perquisitions et les enquêteurs travaillent désormais sur cette piste. Sans aucun doute, ils vont avoir du grain à moudre...

J. Dumoncel