Nous ouvrons le débat : les animaux sauvages sont-ils nuisibles et les exterminer est-il la solution ? Les cas du loup et du renard.
D’abord une mise au point : à la campagne il n’y a pas que des chasseurs, des éleveurs et des détracteurs des animaux sauvages. Il existe aussi des « écolos », des promeneurs, des défenseurs des animaux sauvages qui ne sont ni « parigots » ni « bobos ». Il y a encore des paysans, des pêcheurs, des chasseurs qui font attention à la nature.
Tout ne se résume donc pas aux communiqués de presse et à celui qui criera le plus fort « au loup », « au lynx », « au blaireau », « à l’ours », « au renard ». Ni aux « antis » contre les « pros » ou inversement.
Il existe aussi des lois, des plans, des arrêtés, de la jurisprudence que nous rappelons dans cette rubrique dédiée. Commençons par l’animal qui fait crier le plus : le loup.
Juridiquement non ! Le loup ne figure pas dans la liste des animaux qui peuvent être classés nuisibles par arrêtés préfectoraux.
Par contre, c’est un animal protégé, partout en France, par arrêté du ministère de l’écologie du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés. Cette liste n’est pas vieillotte, dépassée, elle émane certes de la directive européenne dite « habitats « du 21 mai 1992, mais elle a été transposée dans le droit français et régulièrement mise à jour (dernièrement cet été) comme vous pouvez le lire ici
Ce qui interdit sa destruction par tir ou tous autres moyens… sauf, précise l’arrêté ci-dessus, dérogation ministérielle autorisant un certain nombre de prélèvement par tir.
C’est ainsi qu’un arrêté-5-juillet-2016 du ministère de l’environnement, signé Ségolène Royal, autorise pour la période 2016-2017, les préfets à prendre des arrêtés afin de détruire par tir 36 loups dont 27 avant le 30 septembre… sur l’ensemble du territoire français et non pas par départements. Et encore, vous le lirez dans l’arrêté ci-dessus, ce nombre de 36 est à relativiser.
Cependant, cette destruction doit faire l’objet d’un arrêté préfectoral qui en fixe les modalités. Ce n’est pas le Far West comme cela a failli être le cas l’année dernière quand des maires ont autorisé, illégalement, tout citoyen muni d’une arme à tirer sur les loups.
Les moyens de lutte contre le loup
Suite à l’arrêté du ministère de l’environnement du 5 juillet 2016 (ci-avant), les préfets des départements concernés ont pris des arrêtés qui eux aussi sont encadrés par la loi, pas question de faire du zèle. De toute façon, les tribunaux administratifs sont là pour les remettre dans le chemin du droit.
C’est d’ailleurs ce que rappelle l’ASPAS (association pour la protection des animaux sauvages), basée à Crest dans la Drôme, dans sa campagne "vigiloup" qui recense les tirs de prélèvement et de défense renforcée dans les départements concernés actuellement, publie les arrêtés préfectoraux et donne des explications sur les tirs autorisés.
Rappelons que les tirs de prélèvement ne sont autorisés, sous le contrôle de l’ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage), que :
s’il a été constaté la persistance de dommages importants dans les élevages ayant mis en œuvre des tirs de défense,
si les élevages ont mis en œuvre des mesures de protection des troupeaux (chiens Patous, barrières, gardes, autres) qui, soulignons-le, font l’objet d’aides financières de l’Etat comme prévue ici
et bien entendu si les troupeaux demeurent exposés à la prédation du loup.
Les moyens de lutte contre la prédation ne se résument donc pas à des tirs de défense et de prélèvement et ne se font pas n’importe comment. C’est aussi aux éleveurs de garder ou faire garder leurs troupeaux. Ils ont des aides pour l’achat de chiens Patous, des exonérations de charges sociales pour l’emploi de bergers qui ont des droits comme indiqué sur le site de la maisonduberger
Des droits que la cour d’appel de Grenoble vient de rappeler aux groupements d’employeurs comme vous pouvez le lire le site de la FNAF CGT http://www.fnafcgt.fr/spip.php?arti...
L’indemnisation des dégâts du loup
Les dégâts du loup sont indemnisés selon des tarifs non révisés depuis 2011.
C’est à noter, ces tarifs prennent en compte non seulement les animaux tués et blessés mais également ceux qui ont disparu ainsi que les pertes de rendement.
Les frais vétérinaires pour les animaux blessés sont entièrement indemnisés ainsi que le remplacement des clôtures endommagées, sur présentation des factures.
Certes, ils n’indemnisent pas le préjudice moral et social des éleveurs. De plus il coûte cher au contribuable au fur et à mesure de l’augmentation des attaques.
On peut en avoir une idée en consultant les bilans officiels des dommages causés aux troupeaux sur le site http://www.auvergne-rhone-alpes.dev...
L’action des pouvoirs publics contre le loup
Elle ne se résume pas à sortir le portefeuille, elle est aussi préventive. L’arrêté autorisant le tir de loups n’est pas qu’une feuille de papier, le bilan des interventions contre le loup ces dernières années l’atteste. Vous pouvez le lire sur le site http://www.auvergne-rhone-alpes.dev...
Evidemment ça n’exclut pas le braconnage.
Par ailleurs, le ministère de l’environnement a élaboré un Planloup2013-2017
Voici un animal classé nuisible mais éradiqué de façon discutable parfois illégale comme c’est le cas dans le Nord de la France lors des "Ch’ti fox days" !
Pour justifier ce massacre gratuit, les chasseurs accusent le renard non pas tant de s’en prendre aux poullaillers mas surtout d’être vecteur d’une maladie contagieuse : l’échinococcose alvéolaire ou "ver du renard". Or non seulement celle-ci peut se soigner aux moyens d’appâts contenant un vermifuge mais encore elle n’est pas transmise par les jets d’urine du renard mais ses escrément comme l’atteste la brochure du ministère de la santé.
C’est sous un prétexte semblable que les blaireau accusés de véhiculer la turberculose bovine sont massacrés chaque année. Or la source de la tuberculose bovine est les bovins... qui la transmettent aux blaireaux, sangliers et autres. L’ONCFS (office national de la chasse et dela faune sauvage) préconise d’autres moyens que le massacre des blaireaux pour éradiquer cette maladie comme expliqué dans un document récent
Cette destruction fait également oublier que le renard est un meilleur allié pour l’agriculture que les traitements chimiques contre les campagnols. D’ailleurs le ministère de l’agriculture va dans ce sens en préconisant des moyens non chimiques dont le renard pour limiter la prolifération de campagnols.
Tout cela pour conclure que les animaux sauvages sont aussi utiles à l’environnement, à la forêt et à l’agriculture.
Daniel Roucous
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