Berta Cáceres assassinée par les transnationales et les putschistes honduriens

mardi 8 mars 2016.
 

A) Et si c’est une femme : Berta Cáceres (par Via Campesina)

Le mouvement paysan international La Via Campesina, interpellant l’opinion publique nationale et internationale, fait part de l’assassinat de notre chère camarade de lutte, Berta Cáceres, Coordinatrice générale du Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), ce jeudi 3 mars 2016 au matin.

L’assassinat de Berta Cáceres, survenu à son domicile, pendant son repos, expose à un risque plus élevé encore les défenseurs des droits humains, hommes et femmes, la population autochtone en résistance dans les communautés, ainsi que tous les membres des organisations du mouvement social et populaire qui mènent cette lutte légitime.

A plusieurs occasions, Berta Cáceres s’était prononcée contre les actions et les intentions néfastes émanant aussi bien de l’actuel gouvernement qui octroie des concessions de ressources naturelles, que des entreprises transnationales étrangères construisant des barrages et spoliant les ressources des peuples autochtones.

Berta Cáceresfaisait l’objet de mesures conservatoires exigeant de l’État du Honduras qu’il protège son intégrité physique. Or, ce même État du Honduras a exercé des mesures de persécution à l’encontre de Berta Cáceres, pour sa lutte contre les entreprises étrangères qui anéantissent les ressources naturelles.

Le monde entier a reconnu les qualités de militante des droits humains de la camarade Berta Cáceres, qui s’est vue remettre le prestigieux Prix Goldman pour l’environnement pour la défense des ressources naturelles du pays en 2015.

Nous saluons la lutte historique qu’a menée notre camarade Berta Cáceres aux côtés de notre peuple afin de revendiquer le droit à la terre, ainsi que sa lutte pour la défense de notre souveraineté, pour une réforme agraire intégrale et pour la sécurité alimentaire de notre peuple.

Rappelons que le 9 avril 2014, le député et Coordinateur général de La Via Campesina Honduras, Rafael Alegría, avait présenté en plénière du Congrès national le projet de loi de Réforme agraire intégrale basé sur l’équité de genre pour la Souveraineté Alimentaire et le Développement Rural ; l’objectif étant de chercher des solutions, par la voie politique, à la problématique que vivent actuellement les paysans et paysannes ainsi que les peuples originaires du Honduras. Ce projet n’a à ce jour pas été pris en compte par le Bureau directeur du Congrès national.

Pour toutes ces raisons, La Via Campesina dénonce le gouvernement du Honduras et les entreprises transnationales qui extraient et pillent les ressources naturelles du pays. Nous exigeons des organismes internationaux de défense des droits humains qu’ils somment l’État du Honduras de punir les auteurs de ce méprisable assassinat. La Via Campesina en appelle à des actions de protestation devant les ambassades du Honduras du monde entier afin d’exiger que la lumière soit faite sur cet acte criminel. En solidarité, nous présentons nos condoléances à la famille de notre camarade Berta Cáceres, ainsi qu’au peuple Lenca et au peuple du Honduras, à la souffrance desquels nous nous associons face à cette perte irréparable.

TEGUCIGALPA M.D.C., 3 MARS 2016

GLOBALISONS LA LUTTE, GLOBALISONS L’ESPOIR ! BERTHA CÁCERES RESTE PRÉSENTE ! PLUS QUE JAMAIS, LA LUTTE CONTINUE ! www.viacampesina.org

B) Hommage à Berta Caceres, militante écologiste assassinée au Honduras, EELV)

Europe Écologie-Les Verts adresse ses condoléances au peuple hondurien, durement touché par l’assassinat jeudi 3 mars de Berta Caceres, la jeune dirigeante du Conseil citoyen des organisations des peuples amérindiens du Honduras (COPINH).

Récipiendaire l’année dernière du prix Goldman qui honore chaque année les plus fervents défenseurs de l’écologie dans le monde, Berta Caceres s’est rendue célèbre par sa lutte contre les méga-projets destructeurs de l’environnement qui se sont multipliés depuis 2009 au Honduras, et particulièrement pour sa lutte, à l’appel des Indiens Lenca dont elle-même était issue, contre le projet de barrage d’Agua Zarca, sur la rivière sacrée de Gaalcarque. Ce projet a été mené depuis 2006 en violation de la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail qui stipule que les peuples autochtones doivent donner en priorité leur consentement libre et informé à des projets destructeurs pour leur environnement, leur culture, leurs territoires et leurs ressources. Cette consultation n’a pas eu lieu.

Berta Caceres recevait régulièrement des menaces de mort, elle a subi des poursuites arbitraires dans le cadre d’une politique de criminalisation des mouvements sociaux menée par le pouvoir conservateur hondurien. Sa vie ne tenait qu’à un fil face à des intérêts économiques gigantesques. Sa disparition tragique et précoce rappelle combien l’engagement écologiste nécessite de volonté et de courage dans trop de pays. Europe Écologie-Les Verts salue la mémoire de Berta Caceres, et se tiendra aux côtés du peuple hondurien pour que son combat aboutisse.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

C) Honduras. Une militante écologiste tuée par balles (Courrier International)

Le 3 mars, trois inconnus ont pénétré au domicile d’une célèbre militante écologiste, Berta Cáceres, et l’ont tuée par balles alors qu’elle rentrait chez elle à La Esperanza, une ville au nord-ouest de la capitale Tegucigalpa, annoncent les journaux honduriens.

Qui a bien pu tuer Berta Cáceres, cheffe de file de la lutte contre plusieurs projets de barrages et de la défense des Amérindiens dans le pays ? s’interroge le quotidien hondurien La Prensa. Le journal rappelle que la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) avait demandé la mise en place de mesures de protection policière, qui toutefois n’avaient pas été mises en place “en raison de la pression exercée par les lobbies qui défendent les entreprises minières et les entreprises d’électricité”, commente La Prensa.

Aussitôt après l’annonce de ce crime, la police a assuré que la militante avait été assassinée par des voleurs. Mais cette présentation des faits n’est pas recevable aux yeux de la famille, qui a aussitôt contesté la version policière, relate La Prensa. “Nous savons tous que c’est à cause de son combat” qu’elle a été tuée, affirme Berta Flores, la mère de la militante citée par le journal.

Ils veulent faire peur à la population avec ce crime politique commis par des groupes illégaux liés à l’Etat, a martelé son mari.”

Militante écologiste depuis les années 1990, Berta Cáceres avait réussi à faire suspendre la construction d’un barrage hydroélectrique en 2013, ce qui lui avait valu le prix de la Fondation Goldman pour l’Environnement, aux Etats-Unis. Elle avait créé avec son mari le Conseil national des organisations indigènes et populaires du Honduras (Copinh) en 1993, cheville ouvrière de la lutte pour le respect des populations riveraines de grands projets d’infrastructures.


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