Esclavage : Jésus était-il esclavagiste ?

samedi 28 décembre 2019.
 

D’abord, au 15ème siècle, le Portugal fut le premier royaume blanc et chrétien négrier, grâce au soutien financier de l’Ordre du Christ-Jésus. Ensuite, les Portugais inventèrent le funeste commerce triangulaire, vers 1470, entre les villes de Luanda (actuellement capitale de l’Angola, ex-colonie portugaise), Sao Tomé (actuellement capitale de Sao Tomé-et-Principe, ex-colonie portugaise) et Elmina (port du Ghana, construit par les Portugais en 1471). Des centaines de milliers d’Africains furent vendus aux enchères, comme des marchandises, au Portugal, puis au Brésil (ex-colonie portugaise). Ils composent encore aujourd’hui, avec les descendants noirs et métis, une partie de la population portugaise et une part majoritaire (51%) de celle du Brésil.

Ensuite, au 16ème siècle, les royaumes blancs et chrétiens (protestants comme catholiques) d’Angleterre, de Hollande et de France, principalement, prirent le relais, très lucratif, des Portugais. Ils industrialisèrent un nouveau commerce triangulaire, celui transatlantique. En l’espace de 200 ans, ils firent massivement le commerce d’êtres humains, noirs, déportés d’Afrique vers le Nouveau Monde. Nouveau Monde, territoire réservé des chrétiens blancs ! Une dizaine de millions fut vendue aux enchères dans ce "fabuleux" Nouveau Monde (préalablement vidé de 80% de ses natifs, par les conquérants blancs et chrétiens) à des esclavagistes, se réclamant de l’amour de Jésus, juste avant d’aller à leur messe dominicale ! 5 millions de noirs seraient morts avant leur arrivée ou peu après (*). En France, à la même époque, le Roi Très-Chrétien, Louis XIV, édicte le célèbre et terrible Code noir (lien lecture BNF), qui élève l’Africain (esclave nègre dans le texte) au rang, non pas d’être humain, mais de simple marchandise, d’outil agricole, au service de son maître, qui doit obligatoirement le faire baptiser afin que Jésus soit en lui, puis, après, a droit de vie ou de mort sur lui ("Si Dieu le veut !", bien sûr).

Ces faits historiques et non exhaustifs étant rappelés, pourquoi un tel titre ?

La religion chrétienne, comme toutes les autres religions, prêche l’amour et la miséricorde.

Jésus, fils de Dieu-le-Père, a dit dans Matthieu 5-17 : "Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir."

Que dit cette Loi, dite mosaïque ?

Cette Loi parle de l’esclavage (le mot y est cité 89 fois) comme d’un fait de la vie normale et quotidienne dans la Genèse, premier livre de la Loi, révélée à Moïse par le père de Jésus, via le Saint-Esprit (allez comprendre cela ! Pour ma part, je ne comprends pas. Il est vrai que je n’ai pas l’intelligence des chrétiens) :

Genèse 9-25 : "Et il dit : maudit soit Canaan ! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères !"

Genèse 9.26 : "Il dit encore : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan soit leur esclave !"

Genèse 9.27 : "Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave !"

Ici, dans ce bout de Loi que Jésus a promis de ne pas abolir, mais d’accomplir, Dieu-le-Père tolère même que le petit-fils d’une personne soit remis comme esclave, à l’esclave de son frère. Comment imaginer quelque chose de plus horrible ?

Mais cela paraît normal dès lors que les chrétiens des royaumes d’Occident crurent bon d’accomplir une partie de la Loi du Père de l’un de leurs dieux. Pour corroborer cela, il faut aussi se souvenir de la controverse de Valladolid : l’indigène du Nouveau Monde était-il un homme ou un animal, avait-il une âme (concept de l’Égypte des pharaons ?) ou pas ?

Que dit Jésus dans les évangiles ?

Les choses sont claires et confirmées à multiples reprises par ses apôtres :

Matthieu 20.27 : "Et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave."

Marc 10.44 : "Et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous."

Jean 8.35 : "Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; le fils y demeure toujours."

Dans le Nouveau Testament, le mot "esclave" est cité 47 fois, sans toujours être attribué à Jésus.

Les textes de la Bible chrétienne montrent clairement que Jésus tolérait l’esclavagisme. Et, de toute façon, s’il n’était pas esclavagiste lui-même (les preuves manquent), il n’a donc pas obéi à son Père et n’a, de ce fait, pas pu rejoindre le paradis, l’élévation au royaume des cieux (**), comme les chrétiens le laissent croire, lors de la fête de l’Ascension.

(*) Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières, essai d’histoire globale, page 384 (Édition Gallimard, Paris, 2004).

(**) Autre concept de l’Égypte des pharaons où le paradis est nommé "le champ des roseaux" dans le livre des morts.


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