La Finance est son amie !

vendredi 23 décembre 2016.
 

Mardi 29 septembre, les commissions des finances du Sénat et de l’Assemblée nationale auditionnent M. François Villeroy de Galhau. François Hollande propose qu’il soit le prochain gouverneur de la Banque de France. Avant que sa nomination soit effective, les commissions parlementaires ont le pouvoir constitutionnel de refuser cette nomination. Elles doivent le faire.

Un collectif de 150 économistes conteste cette nomination. Ils pointent le risque de conflit d’intérêts. Pourquoi ? Parce que François Villeroy de Galhau était jusqu’à il y a peu l’un des principaux dirigeants de la première banque privée française BNP Paribas. Il en a été le directeur-général délégué pendant quatre ans, de fin 2011 au début de cette année. Auparavant, il a été le dirigeant de la filiale de BNP spécialisé dans le crédit à la consommation, Cetelem, puis le responsable de la banque de détail du groupe. Préparant la nomination au poste de gouverneur, le gouvernement lui a proposé en mars une mission opportune pour lui permettre de quitter BNP quelques mois avant d’être nommé.

Le risque de conflit d’intérêt est évident. En effet, ses fonctions passées sont directement en lien avec le rôle et les pouvoirs du gouverneur de la Banque de France. Il préside l’Autorité de contrôle prudentielle et de résolution, chargé de superviser le respect des règles applicables aux banques et assurances et de proposer les plans de secours en cas de faillite bancaire. Il préside aussi le comité de médiation bancaire chargé d’intervenir en cas de litige entre les banques et leurs clients. La Banque de France traite aussi les situations de surendettement, souvent liées à des crédits à la consommation comme ceux qu’a pu proposer François Villeroy de Galhau du temps où il dirigeait Cetelem.

François Villeroy de Galhau est un parfait représentant de l’oligarchie. Diplômé de polytechnique et de l’ENA, membre de l’inspection des Finances, il a été un temps haut fonctionnaire au ministère des Finances et directeur de cabinet de ministres PS dont Dominique Strauss-Kahn. Puis il est passé dans la finance pendant dix ans avant de se préparer à revenir dans le giron de l’État pour un gros poste.

Il répond évidemment à un autre critère incontournable : il est parfaitement intégré à l’eurocratie puisqu’il a été conseiller financier de la représentation permanente de la France à Bruxelles dans les années 1990. En effet, du fait de l’euro, le gouverneur de la Banque de France participe aux réunions de la Banque centrale européenne (BCE). La Banque de France applique en France les décisions de la BCE. Mais la voix du gouverneur de la Banque de France pèse fortement au sein de la BCE. Pour des raisons historiques mais aussi pour des raisons très matérielles : près de 20% de la masse monétaire en euro dans la zone euro est gérée par des institutions financières et monétaires françaises. On ne fait pas l’euro sans la France ! Bien sûr, la Banque de France comme la BCE et leurs gouverneurs sont censés être « indépendants ». En fait, ils sont « indépendants » du peuple et agissent dans les intérêts de la finance. On a ainsi vu régulièrement le gouverneur sortant de la Banque de France Christian Noyer, ou son homologue allemand, demander plus d’austérité en France ou en Grèce.

Comme on l’a vu à propos de la Grèce cet été, la Banque centrale européenne et l’euro ont été confisqués par Angela Merkel et les partisans de l’ordolibéralisme. La BCE a agi comme une instance politique menant un combat pour étouffer le gouvernement et l’économie grecque. François Hollande n’a pas plus prévu de changer cela que cet été au moment du coup d’état financier contre la Grèce.

Grâce à François Hollande l’oligarchie financière va conserver la mainmise sur la Banque de France. Mais cette fois-ci, sans même avoir à combattre. La proposition de nommer François Villeroy de Galhau est un nouveau symbole de la mainmise de la finance sur la politique monétaire. Pour défendre sa nomination, trois anciens gouverneurs de la Banque de France ont pris la plume. Michel Camdessus, Jean-Claude Trichet et Jacques de Larosière expliquent que le « parcours mixte » entre privé et public n’est pas rare à l’étranger. Et en défense de François Villeroy de Galhau, ils citent… Mario Draghi, actuel gouverneur de la Banque centrale européenne et ancien financier de la banque d’affaires véreuse Goldman Sachs !

En Europe comme en France, la Banque centrale, et avec elle la monnaie, est aujourd’hui privatisée au service de la finance et des capitalistes allemands. Mais elles n’appartiennent ni à Merkel ni à l’oligarchie ! En France avec la 6e République comme en Europe avec notre Plan B, plaçons la banque centrale et la monnaie sous contrôle démocratique ! La Banque de France appartient à la Nation !


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