Pour une coalition des gauches radicales

dimanche 9 août 2015.
 

par Liêm 
Hoang-Ngoc Nouvelle Gauche socialiste, ancien député socialiste (emmanuelliste) au Parlement européen

Le virage social-libéral imposé par le chef de l’État provoquera tôt ou tard une reconfiguration de la gauche française. En faisant la promotion d’une politique de l’offre dont l’objectif est avant tout de redresser les profits, le PS se «  pasokise  » peu à peu et est en passe de quitter le camp de ceux qui entendent accroître la protection et le pouvoir des salariés. Le transfert public de 41 milliards par an en faveur des profits, le plafonnement des indemnités prud’homales, l’extension du travail du dimanche, l’incrimination du contrat à durée indéterminée, le gel des salaires, la réduction des dépenses sociales en sont les cruels symboles. Cette situation n’est pas spécifique à la France. Le déploiement de la logique ordo-libérale, imposée par la chancelière allemande, s’est fait à la faveur de la complaisance, au Conseil européen, de tous les chefs d’État et de gouvernement membres des Partis socialistes frères. Aucun ne s’est opposé au traité budgétaire. Tous appliquent les directives imposant austérité budgétaire et «  réformes structurelles  », dont ils ont chargé la Commission de surveiller l’application. Le PSOE espagnol, le PS portugais, le Pasok grec ont fait les frais de cette stratégie d’accompagnement de l’ordo-libéralisme. Le Labour britannique vient encore d’être défait, pour ne pas s’être remis de sa dérive vers la troisième voie. Le sort du PS français semble désormais scellé par les salariés et par ses propres électeurs, qui n’usent même plus de leur droit de vote, pour ne pas avaliser une politique que la droite n’a jamais osé appliquer.

C’est pourquoi nous avons quitté le PS pour fonder la Nouvelle Gauche socialiste (NGS). De nombreuses démissions, et non des moindres, suivent déjà. NGS rencontre d’ores et déjà un franc succès auprès d’anciens militants cadres socialistes. NGS peut remobiliser toutes celles et tous ceux qui s’abstiennent, sans, pour l’heure, se tourner vers les forces alternatives au PS. Nous proposons à toutes ces forces, comme en Grèce, de faire émerger une coalition à la française des gauches radicales, alternative au PS.

La perspective d’une telle coalition suscite un engouement évident sur les réseaux sociaux, où l’on ressent le même frémissement que celui perçu dans les réseaux militants ayant participé à Guéret à la manifestation en faveur des services publics. Elle est susceptible, à terme, de supplanter le PS, à la faveur d’une reprise des luttes sociales. Pour faire émerger cette perspective politique, les forces du Front de gauche et du mouvement écologiste doivent, à l’évidence, dépasser leurs différends. Ces derniers ont certes quelques fondements (tel le désaccord sur le rythme de la sortie du nucléaire), mais ils sont loin d’être indépassables. C’est surtout la logique de la Ve République, conduisant chaque famille à promouvoir son candidat à l’élection présidentielle, qui retarde le moment de l’émergence d’une coalition de toute la gauche alternative.

Cette logique mortifère est en théorie moins prégnante lors des élections régionales, où la constitution de coalitions rassemblant les forces qui combattent l’austérité et promeuvent la transition écologique devrait, a priori, ne pas poser de problème. Elle pourrait être l’occasion, pour toutes ces familles, de se présenter devant des assemblées citoyennes mobilisant de nouvelles forces vives. Cela sera le cas dans certaines régions. Certaines forces sont malheureusement tentées de cultiver leur autonomie en se repliant sur des pratiques politiques dépassées et/ou en négociant avec le plus offrant. Il n’est pas évident que le PS de Poitiers soit désormais en mesure de leur offrir autant que le PS d’Épinay.

Texte publié par L’Humanité


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