La "finance de l’ombre", pèse environ 75.000 milliards de dollars, soit plus que le PIB de l’ensemble de la planète...

vendredi 21 octobre 2016.
 

Cette finance de l’ombre est basée sur les hedge funds, c’est à dire des fonds spéculatifs privés basés en général dans des paradis fiscaux (C’EST LÀ LEUR PRINCIPALE FONCTION) et opérant dans l’opacité la plus complète.

La perméabilité voire la collusion avec le blanchiment d’argent sale (drogue, corruption, prostitution, armes, trafics en tous genres) est avérée, et ce à très grande échelle. Il semble également avéré que l’essentiel des milliards de dollars privés qui ont été injectés dans le système bancaire lors de la crise financière de 2007-2008 est venu du recyclage de l’argent du crime, via les paradis fiscaux.

Les sommes en jeu dépassent l’entendement :

- entre 1980 et 2011 la part des actifs des établissements bancaires consacrée au crédit est passée de 84% à 29%

- En 2007 les transactions financières en Europe et en Amérique du Nord représente 100 fois les PIB de ces deux entités

- En 2013 le marché des produits dérivés était estimé à 710 000 Md € en valeur notionelle ( 10 fois la richesse mondiale)

Le « shadow banking » pèse 75.000 milliards de dollars

par Edouard Lederer, Journaliste au service Finance, Les Echos

L’ombre s’étend à grande vitesse. Selon le Conseil de stabilité financière (FSB) le poids du « shadow banking », les activités de financement qui ne sont pas menées par les banques mais par des « hedge funds », les fonds de private equity et des trusts, a progressé de 7 % (hors effet de change) sur un an dans les principales économies du globe. Dans ce décompte, qui n’inclut pas les compagnies d’assurances, cette finance parallèle pesait 75.000 milliards de dollars d’actifs à fin 2013. Soit 50 % du système bancaire et un quart du total des actifs financiers.

Le « shadow banking » s’approche ainsi de son pic historique, à environ 120 % du PIB des pays couverts par l’étude, à comparer aux 124 % atteints avant la crise, en 2007. Le FSB cherche à évaluer l’ampleur de ce pan de la finance pour mieux en cerner les risques. C’est à cette fin qu’il a lancé en 2011 un exercice de suivi, réalisé annuellement. Ces travaux font d’ailleurs partie des priorités que s’était fixées le FSB pour le prochain sommet du G20, qui doit se tenir mi-novembre à Brisbane, en Australie.

Les « hedge funds » sous-évalués

Dans le détail, la zone euro et les Etats-Unis se partagent les deux tiers du gâteau du « shadow banking », avec 25.000 milliards de dollars chacun. Le Royaume-Uni parvient en troisième position (9.300 milliards de dollars), soit 12 % du total. La Chine, loin derrière, signe toutefois une véritable percée : sa part dans le « shadow banking » a quadruplé de 1 % (fin 2007) à 4 % du total six ans plus tard. Cette somme astronomique de 75.000 milliards de dollars d’actifs ne cerne pas forcément le phénomène dans son ensemble. En particuliers, les fonds alternatifs (« hedge funds ») restent sous-estimés dans son évaluation, a précisé le FSB, qui entend affiner les données sur lesquelles il s’appuie pour les prochaines moutures de son évaluation annuelle.

Mais ces chiffres pourraient être revus à la baisse, car les auteurs de l’étude ont volontairement utilisé une définition très large. Pour approcher plus finement le phénomène, les auteurs se sont également concentrés sur les seules opérations de crédit menées par des acteurs n’étant ni des banques ni des compagnies d’assurances, sur 23 pays (au lieu de 26 pour l’étude globale). L’encours atteint alors « seulement » 35.000 milliards de dollars, en hausse de 2,4 % sur un an. Du propre aveu des auteurs de l’étude, cette mesure plus étroite doit « encore s’améliorer » à mesure qu’avance la compréhension de la finance de l’ombre. C’est pourtant ce chiffre qui retiendra à l’avenir toute l’attention des régulateurs, puisqu’il incarne précisément les craintes liées au « shadow banking » : voir des établissements mener exactement les mêmes métiers qu’une banque, mais sans leurs contraintes prudentielles. A l’évidence, il s’agit là d’une tendance de fond. Les Etats-Unis sont habitués à être moins bancarisés dans le financement de l’économie. La tendance est en revanche bien plus neuve en Europe, où les modes de financement alternatifs décollent, mais restent toujours largement distancés par les banques. En particulier en France.

À noter

L’étude a été menée dans 25 pays pesant 80 % du PIB mondial et 90 % des actifs financiers de la planète.

Edouard Lederer, Les Echos


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