Alstom, autoroutes... Reprendre le pouvoir sur l’argent !

lundi 3 octobre 2016.
 

Les rapaces de la finance, tapis dans l’ombre des conseils d’administration, rodent, accaparent, rongent et sabotent nos potentiels productifs. Les pouvoirs et les instances européennes leur ont donné carte blanche. La France vient d’obtenir le titre de champion d’Europe des versements de dividendes aux actionnaires, alors que les travailleurs souffrent, se privent. Plusieurs millions d’entre eux sont privés de travail. D’autres continuent d’être licenciés.

Caterpillar réduit l’emploi, ferme une usine en Belgique mais verse un milliard quatre cent mille euros à ses actionnaires.

Alstom a fait six milliards de profits ces dernières années, auxquels s’ajoutent quatre milliards d’euros, produits de la vente de la branche énergie à General Electric. A quoi à servi l’argent ? En vingt ans, voilà un fleuron industriel mondial sur des technologies et enjeux d’avenir- notamment pour la transition écologique- dépecé à échéances régulières à coup de cessions et ventes de ses filières de pointe.

La dernière amputation est celle de la filière énergie qui représentait pas moins de 70% du chiffre d’affaires du groupe. Sa cession à l’américain General Electric, avec une participation de l’Etat, était fêtée comme une nouvelle extraordinaire, une victoire qui allait délester Alstom d’une activité jugée trop lourde et permettre ainsi au groupe de se concentrer sur sa branche ferroviaire. Il avait même été acté que le groupe américain transfère à Alstom son activité signalisation pour muscler ce qu’il restait de l’entreprise, c’est-à-dire sa branche transport.

Le résultat est là, désastreux et les engagements de développement pris par les ministres s’avèrent être du vent ! On assiste à un affaiblissement durable du groupe. On vend des locomotives aux Etats-Unis ou en Inde, mais à l’opposé des pratiques de ces derniers, les machines seront fabriquées sur place. Au nom de la sacro-sainte concurrence « libre et non faussée », la SNCF achète des locomotives allemandes. Les restrictions de crédits et la libéralisation du transport ferroviaire compressent les investissements utiles alors qu’il y a tant à faire pour améliorer et développer les transports par rail, des voyageurs ou du fret. Comme s’il n’y avait pas assez de camions, d’autocars et de voitures sur les routes, au détriment de la qualité de l’environnement de la santé et de la sécurité des populations ! C’est pour changer cela que les cheminots agissent avec leurs syndicats. Ils méritent notre soutien puisqu’ils se battent pour nous aussi. Ensemble, il faudrait obtenir que la logique à l’œuvre soit inversée au bénéfice du plus grand nombre. Que les salariés disposent de pouvoirs réels sur l’orientation et la gestion des entreprises y contribuerait grandement.

Dans les secteurs clés des télécommunications et de l’information, les nouveaux propriétaires du groupe SFR sacrifient un savoir-faire à des objectifs de rentabilité actionnariale délirants, reposant sur une stratégie financière d’endettement perpétuel. 5000 emplois sont menacés à très court terme. Au-delà, c’est la position de la France sur des enjeux fondamentaux de la révolution numérique qui est remise en cause.

Transports, numérique, autant de domaines qui servent pourtant de tremplin géopolitique à des pays engagés avec férocité dans la globalisation capitaliste.

A les laisser piloter pour des objectifs strictement financiers, on ne fera que désindustrialiser encore davantage notre pays. Sans doute est-il temps de se poser la question de nouvelles appropriations sociales et démocratiques pour le redressement de la France.

La même loi de l’argent-roi est à l’origine du drame que vivent les exploitants agricoles. Depuis des années, il ne manque pas de déclarations fracassantes de dirigeants politiques… jamais suivies d’effets alors qu’ils sont victimes d’une « non-assistance à profession en danger ». Une profession dont pourtant dépend notre capacité à nous nourrir, avec des produits de qualité. La capacité aussi à promouvoir un aménagement harmonieux de territoires protégés. En laissant à la grande distribution et aux industriels le soin de fixer les prix pour gonfler leurs marges et assurer leurs positions dans le bain concurrentiel, c’est tout l’amont de la filière qui est sacrifié au prix de désastres humains et familiaux terrifiants, d’une décomposition annoncée des territoires au profit d’une industrialisation de l’agriculture contre l’environnement et la qualité alimentaire.

Empêcher la ratification du traité de « libre-échange » avec le Canada et le traité transatlantique est un enjeu d’intérêt commun. Les ogres ont faim, comme on vient de le voir avec l’achat par la firme Allemande Bayer du groupe Monsanto avec l’objectif de contrôler la chaine alimentaire des semences jusqu’à l’assiette.

On ne peut laisser plus longtemps le capital globalisé disposer de nos vies, de l’environnement, des territoires. Il en est ainsi parce que depuis longtemps des responsables politiques, au gouvernement et à Bruxelles, lui ont donné le pouvoir, au détriment des hommes et des femmes.

Et voici que le prix des péages autoroutiers a été augmenté, alors que les sociétés concessionnaires sont gavées de profits et leurs actionnaires bien servis. La renationalisation des autoroutes reste à l’ordre du jour.

De quelque côté que l’on se tourne, apparait la nécessité de reprendre le pouvoir sur la finance. Que l’élection présidentielle et celle des députés en 2017 soit l’occasion de remettre la question sur le tapis. Avec cette fois, la perspective de changer vraiment !

Patrick Le Hyaric


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