Otan  : l’hégémonie et rien d’autre

samedi 6 septembre 2014.
 

L’Otan, qui réunit depuis hier les vingt-huit chefs d’État et de gouvernement des pays membres, a opéré depuis la fin du XXe siècle une mutation fondamentale, en se posant comme le bras armé d’une alliance transatlantique en quête d’une nouvelle hégémonie.

L’exacerbation du conflit en Ukraine remet sur le devant de l’actualité une organisation militaro-politique qui aurait dû disparaître il y a plus de vingt ans. Héritière de la bipolarisation qui domina les relations internationales pendant un demi-siècle, l’Otan, en tant qu’alliance occidentale face à l’Union soviétique et ses alliés, n’avait plus de raison d’être depuis la dissolution du pacte de Varsovie. Mais du côté occidental, la politique de bloc a survécu à la disparition des blocs.

L’Otan, qui réunit à partir d’aujourd’hui les vingt-huit chefs d’État et de gouvernement des pays membres, a opéré depuis la fin du XXe siècle une mutation fondamentale, en se posant comme le bras armé d’une alliance transatlantique en quête d’une nouvelle hégémonie. Elle n’est plus une structure de défense collective de ses membres face à une menace extérieure, comme le stipule son article 5. Aucun État membre n’était menacé lorsque fut décidée la campagne de bombardements de la Serbie au printemps 1999. Et deux ans plus tard, en 2001, par le lancement de l’opération militaire en Afghanistan, l’Otan franchissait un nouveau pas  : force d’intervention sur les théâtres extérieurs, sous direction américaine, elle contribuait à l’effacement de l’ONU. L’Alliance atlantique n’a jamais été aussi puissante qu’aujourd’hui. Les pays Baltes, ex-Républiques soviétiques, l’ont rejointe, de même que les États d’Europe centrale.

Quant à la France, qui avait sous l’impulsion du général de Gaulle quitté en 1966 le commandement intégré, elle a été enrôlée à nouveau dans le giron atlantiste par Nicolas Sarkozy, et François Hollande s’inscrit dans les pas alignés de son prédécesseur. L’intégration de l’Ukraine dans l’Otan qui avait été réclamée lors du sommet de Bucarest, en 2008, est inacceptable pour Moscou, qui refuse des bases occidentales à ses frontières. La mise sur pied d’une force de projection de 4 000 soldats et la volonté de rendre l’Otan plus visible dans l’est de l’Europe compromettraient plus encore les chances d’un retour à la détente et au dialogue.

Jean-Paul Piérot, L’Humanité


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