Sur la sortie de l’euro, réponse à Jacques Sapir

vendredi 27 juin 2014.
 

Jacques Sapir m’a adressé, le 1er mai dernier, une lettre ouverte (http://russeurope.hypotheses.org/2226) à la suite de la publication, dans l’hebdomadaire A Gauche, d’un article dans lequel je donnais des éléments d’explications sur la position du Parti de Gauche concernant la question monétaire (http://guillaumeetievant.com/2014/0...).

Les méthodes de Jacques Sapir

Avant de répondre sur le fond, il faut dire quelques mots des méthodes de Jacques Sapir, qui applique à ses détracteurs le sort que lui réserve une partie du système médiatique et politique. Dans les médias dominants, malgré quelques inflexions tout récemment, les défenseurs d’une sortie de l’euro sont considérés comme des « réactionnaires » ou des personnages peu fréquentables, jugés proches de l’extrême-droite. Cette ridicule diabolisation permet d’éviter tout véritable débat de fond sur l’euro et, plus globalement, sur l’Union européenne. Jacques Sapir, à qui certains rappellent parfois, pour le disqualifier, l’influence qu’il a sur Marine Le Pen, emploie une méthode similaire. Ainsi, dès lors que j’ai des désaccords avec lui, il affirme dans sa note que je fais des « confusions, des inexactitudes et des contre-vérités », des « erreurs de logique » et que ma position de fond est « fausse et dangereuse ». Pire, il assène « De fait, c’est à cause de vos positions que le Front National continue de monter dans l’opinion ».

Je crois pourtant qu’il faut sortir des tabous autour de l’euro, et oser en débattre librement sans procès d’intention, d’un côté comme de l’autre. On peut tout à fait être de gauche et favorable à la sortie de l’euro. Cette proposition ne définit pas la position du Front National. Elle en est l’un des éléments, d’ailleurs plus mis en avant médiatiquement que réellement défendu dans son programme, mais n’est à mon sens pas structurante dans ce parti. Ce qui nous sépare du FN, ça n’est pas la question de la sortie de l’euro, mais bien l’ensemble de son programme économique et social, anti-salariés, anti-syndicats, anti-immigrés et porteur de valeurs réactionnaires quant aux enjeux de société. Pour autant, le fait que nous ne défendions pas, au Parti de Gauche, une sortie immédiate et unilatérale de l’euro ne doit pas nous assimiler au le camp des eurobéats du PS et de l’UMP.

Cette méthode n’est pas nouvelle chez Jacques Sapir. Par exemple, dans un article écrit en réponse à Jean-Marie Harribey, il employait un procédé semblable[1]. Le professeur d’économie, auteur notamment du considérable ouvrage La richesse, la valeur et l’inestimable[2] (que j’invite vivement mes lecteurs à lire), était accusé par Jacques Sapir d’être « incohérent », « malhonnête », « amateur », « d’attendre le messie », « de refaire l’histoire » et de vivre « dans un monde de bisounours ». Jacques Sapir aime utiliser la provocation et la polémique pour diffuser ses idées au lieu de s’en remettre à la simple qualité de ses arguments. Et cela fonctionne ; il est aujourd’hui l’un des économistes les plus lus, y compris parmi les camarades et les sympathisants du Parti de Gauche.

A propos de la compétitivité hors-prix

Pour étayer ses accusations, Jacques Sapir détourne et caricature ce que j’écris pour m’imputer des erreurs. Son premier argument est en ce sens éclairant. Tout le monde peut lire dans mon article que si j’affirme que l’euro est trop fort, je rappelle que le problème fondamental de l’économie française est un problème de compétitivité hors-prix et de coût du capital trop élevé qui ne saurait être résolu par une dévaluation. Pourtant Sapir feint de ne pas comprendre ce que j’écris. Il assène : « C’est incohérent. Si votre seconde affirmation est vraie, alors la première ne peut l’être. Et si la première est vraie, la seconde est nécessairement fausse. Soit il y a un problème de compétitivité prix, et le taux de change de l’Euro est un vrai problème, soit il n’y a que des problèmes de compétitivité « hors-prix » et le taux de change ne joue plus. » Jacques Sapir caricature deux de mes arguments pour laisser penser qu’ils sont contradictoires. J’écris pourtant clairement dans mon article : « Les difficultés de la France vont bien au-delà du niveau de l’euro : le problème fondamental de l’économie française, c’est le coût du capital beaucoup trop élevé et la compétitivité hors-prix, c’est-à-dire le manque d’innovation et d’investissement de notre économie ravagée par les multinationales qui exploitent leurs sous-traitants. ». Patrick Artus lui-même, directeur de la recherche et des études de Natixis, que Jacques Sapir cite pourtant abondamment quand cela peut appuyer ses propres arguments, évoque cette problématique de la compétitivité hors-prix[3]. Artus insiste notamment sur le fait que les PME françaises en forte croissance, dynamiques et exportatrices disparaissent prématurément, parce qu’elles sont rachetées par des grands groupes.En moyenne en France, les PME sont absorbées au bout de six ans par les grands groupes. Les autres sont très souvent sous-traitantes de ces multinationales qui leurs imposent des marges abusives et peuvent du jour au lendemain cesser de leur passer commande, ce qui empêche toute sécurisation sur le long terme et limite leur accès au crédit bancaire.

Par ailleurs, la France est largement distancée par l’Allemagne en termes de dépenses publiques et privées de R&D et en nombre de brevets déposés. Entre 2001 et 2010, l’Allemagne a déposé trois fois plus de brevets que la France[4]. Cette faiblesse des dépenses de R&D n’est pas nouvelle. Selon Philippe Askenazy, directeur de recherches au CNRS, docteur de l’EHESS, et chercheur à l’École d’économie de Paris, « la dégringolade est bien antérieure à la dégradation du solde extérieur de la France. Elle date du milieu des années 1990 marquée par une baisse de l’effort national alors que dans le sillon de la nouvelle économie, la plupart des pays de l’OCDE ont connu une nette progression de leur effort national en matière d’innovation »[5]

La domination des grands groupes sur les PME et la faiblesse de la R&D en France viennent principalement du coût du capital. Ces douze dernières années, la part des revenus distribués par les sociétés non financières a doublé par rapport à leur excédent brut d’exploitation (EBE). Cette logique n’a rien à voir avec l’euro. La même serait à l’œuvre si l’on revenait à une monnaie nationale. Le Royaume-Uni en est un bon exemple : il ne fait pas partie de la zone euro et a dévalué de 20 % sa monnaie après 2008. Cela n’a eu aucun impact sur la croissance et la condition des salariés y empire de jours en jours.

La ponction grandissante opérée par le capital pousse également les entreprises à développer encore davantage l’optimisation fiscale, ce qui dégrade notre balance commerciale. Philippe Askenazy note à ce sujet que « l’optimisation fiscale par les multinationales dans un contexte d’effondrement des taux d’IS chez de nombreux partenaires de la France pourrait expliquer une part significative de la dégradation du solde des échanges. L’optimisation fiscale ne joue pas uniquement sur l’évasion fiscale. Elle brouille également les statistiques du commerce extérieur. C’est particulièrement le cas des prix de transferts. Une part significative du commerce s’effectue entre filiales d’un même groupe international. Cela représente de l’ordre du tiers des échanges de la France. »

Affronter le capital

La désindustrialisation de la France n’est pas due principalement à la surévaluation de l’euro. En effet, le mouvement des délocalisations a démarré bien avant la mise en place de la monnaie unique. Concernant ses conséquences sur les salaires, il faut rappeler que la chute de la part des salaires dans la valeur ajoutée s’est faite au début des années 1980. Les inégalités entre les très hauts salaires et les plus bas ont augmenté par la suite sans que cela ne soit imputable à la monnaie unique. L’euro est un outil très puissant pour la classe dominante, mais en sortir pour revenir à une monnaie nationale ne permettra pas de modifier radicalement le rapport de force entre capital et travail. La progression des exportations due à la dévaluation et donc à l’amélioration de la compétitivité-prix viendra améliorer la rentabilité du capital et non pas augmenter les salaires ni l’emploi. C’est l’une des leçons de ce qu’on peut observer en Allemagne : l’euro, soumis en grande partie aux exigences de la Bundesbank, profite à ce que Frédéric Lordon appelle « L’Allemagne-capital »[6], c’est-à-dire à la suprématie économique des entreprises allemandes, mais les salariés allemands n’en bénéficient pas et subissent une précarité encore plus grande que celle des salariés français. Par ailleurs, notre tissu industriel ne réapparaitra pas à coup de dévaluation massive d’une monnaie nationale retrouvée. Comme le note Jean-Marie Harribey dans une récente tribune, « une dévaluation peut avoir une influence décisive s’il s’agit de donner un bol d’air à une industrie existante potentiellement exportatrice, mais pas pour ressusciter une disparue ; autrement dit, une dévaluation ne constitue pas une politique industrielle, surtout quand il faut en penser la totale reconversion pour tenir compte de la crise écologique. »[7]

C’est pourquoi j’affirme dans mon article que l’euro fort n’est pas le problème le plus important de l’économie française, mais que cette surévaluation est une partie d’un problème global : celui de la domination du capital. Et c’est à cela qu’il faut s’affronter. Or c’est précisément à cela que ne s’opposera jamais le Front National, qui cache sous la défense de la souveraineté monétaire les mêmes politiques économiques au service de la finance. Ce n’est pas un hasard si le Front National insiste à ce point sur l’euro, alors que, à y regarder de près, contrairement à ce qu’on nous laisse croire, son programme économique ne propose pas de sortie unilatérale immédiate. Bernard Monot, conseiller spécial du FN en charge de la stratégie économique, a récemment détaillé la politique monétaire que mettrait en place son parti s’il arrivait au pouvoir[8]. Il indique notamment que « la sortie de l’euro sera décidée par référendum par l’ensemble des Français. Mais avant d’en arriver là, nous essayerons d’abord de changer le mandat de la BCE en réunissant un sommet de l’euro-zone. Aujourd’hui, la Banque Centrale Européenne a comme unique cible la stabilité de l’euro et le maintien de l’inflation à l’intérieur de la zone euro autour de 2%. Nous voulons que la BCE puisse prioritairement soutenir l’emploi et l’économie réelle en lui permettant de déprécier voire de dévaluer l’euro comme le font déjà les banques centrales des Etats-Unis, du Japon ou encore de la Chine ». La position du Front National est donc loin d’être plus offensive que la nôtre. Il ne proposera une sortie de l’euro aux Français qu’après avoir essayé par la négociation de modifier les statuts de la BCE. Tout son battage autour de l’euro n’est qu’un écran de fumée médiatique pour masquer les intérêts de classe qu’il défend et le fait qu’il ne cherche absolument pas à affronter le capital.

Sortir de l’euro plutôt que renoncer à notre politique

De notre côté, nous pensons qu’il faut, par la désobéissance aux traités européens, mener une bataille politique au sein de l’UE, sur la question monétaire comme sur les autres politiques européennes. Si cette bataille ne permet pas un changement radical des statuts de la BCE, alors il y aura un éclatement de la zone euro. Nous ne resterons pas dans l’euro s’il reste ce qu’il est aujourd’hui. Nous en serons exclus ou en sortirons volontairement. Nous l’avons dit et répété. « Il faut assumer clairement le fait qu’au bout de notre scénario du coup de force politique, si les autres pays le refusent, il y aura une sortie de l’euro. », a notamment déclaré Jacques Généreux dans une interview à Rue 89 en novembre dernier[9]. Dans une interview au 12/13 de France 3, Jean-Luc Mélenchon a, pour sa part, affirmé : « La Banque centrale européenne doit changer son statut. Si elle change et si on accepte cette idée qu’il faut une harmonisation sociale et fiscale, alors nous aurons un ensemble économique cohérent qu’il sera possible d’impulser et l’euro peut servir de circulation sanguine. Mais sinon, on ne va tout de même pas mourir pour une monnaie !".

La position du Parti de Gauche est claire : nous ne ferons aucun sacrifice pour l’euro et nous en sortirons plutôt que de renoncer à notre politique. Mais contrairement à Jacques Sapir, nous considérons que le préalable au changement n’est pas la sortie, mais bien au contraire la bataille politique pour créer une crise diplomatique et politique au sein de l’Union européenne. En 2011, Jacques Sapir admettait que cette bataille pouvait permettre d’ouvrir de nouveaux horizons et n’était pas forcément vouée à l’échec. Dans un document de travail de 2011 il résumait précisément la position du Parti de Gauche[10] : « Notons ici que rien ne nous empêche de mettre en place une partie de ces mesures par la réquisition de la Banque de France. En effet, si les conditions d’entrée dans la zone Euro sont bien précisées, rien n’est dit au sujet d’un pays qui, une fois à l’intérieur de la zone, déciderait de ne pas respecter certaines de ses règles. Bien entendu, une telle politique conduirait à une violente crise de la zone Euro, mais il n’existe pour l’instant aucune disposition permettant d’en expulser un pays récalcitrant. Il serait ainsi possible, en théorie, de mener une politique unilatérale avec un financement monétaire d’une partie du déficit à l’intérieur de la zone Euro. D’une certaine manière ce sont les pays qui se constitueraient en « gardiens de l’orthodoxie » qui pourraient être conduits à quitter la zone euro. ».

Nous ne voulons pas abandonner cette possibilité et il n’est pas certain que l’Allemagne ne pliera pas. Les exportations de l’Allemagne constituent plus de la moitié de son PIB, elle est donc complètement dépendante de la zone euro, contrairement à la France où la demande intérieure est beaucoup plus importante. Si nous n’y arrivons pas, nous sortirons de l’euro, comme nous l’expliquons très clairement dans la conclusion de notre résolution sur l’euro : « Le PG se prononce donc, de préférence, pour le maintien d’une zone euro refondée ou d’une nouvelle zone monétaire limitée aux seuls pays disposés à engager la refondation d’une union monétaire démocratique et progressiste. A défaut, il soutient le projet d’une monnaie commune européenne. » [11]

Faire défaut sur la dette

Il n’y a rien d’ « eurolatre » dans notre stratégie, contrairement à ce qu’affirme Jacques Sapir. Nous proposons une stratégie politique globale d’affrontement contre le capital. Outre la question de l’euro, elle se déploie dans une large batterie de mesures : extension des droits des salariés dans l’entreprise, mise en place d’une rentabilité actionnariale maximale et d’une fiscalité dissuasive, socialisation des banques et des secteurs stratégiques de l’économie. Et, oui, le défaut de paiement sur une partie de la dette auquel est opposé Jacques Sapir. Celui-ci affirme dans la lettre ouverte qu’il m’adresse que la proposition du défaut de paiement « manque totalement de sérieux et de crédibilité. Cela peut constituer un point de propagande, mais certainement pas la base d’une politique. » Jacques Sapir s’oppose au défaut de paiement en prétextant que cela posera de graves problèmes juridiques. Il considère par contre que si nous sortons de l’euro, la majorité de la dette sera relibellée dans la monnaie nationale, car elle a été émise dans des contrats de droit français, et donc ne sera pas renchérie par la dévaluation.

Il n’est rien moins qu’évident que les créanciers se laisseront faire et ne tenteront aucune attaque juridique. Si nous sortons de l’euro et qu’il continue à exister, on ne voit en effet pas pourquoi les créanciers, en particulier les non-résidents, accepteraient qu’une dette libellée en euros soit convertie en une monnaie moins forte. Le gouvernement français pourra toujours essayer de passer en force, mais il créera ainsi un choc politique et diplomatique comme s’il avait fait un défaut sur sa dette[12]. L’arrêt de la Cour Internationale de La Haye de 1930 évoqué par Jacques Sapir ne change rien à cela. Concernant le refus de payer une partie de la dette, je renvoie mes lecteurs au document auquel j’ai contribué pour Attac et la Fondation Copernic [13]. Nous y rappelons que la dette publique française est détenue à plus de 70 % par des investisseurs non-résidents et que ce sont les compagnies d’assurance qui sont les premiers détenteurs domestiques de la dette publique. Celle-ci est essentiellement placée sur les marchés financiers internationaux. En annuler une partie serait donc un choix politique tout autant qu’économique.

Abolir la supériorité du droit européen sur le droit national

Pour améliorer l’emploi et les salaires, il faut rompre avec les traités européens dans leur globalité, y compris sur la question monétaire. Le temps presse. Il faut cesser de penser que le jeu traditionnel de la négociation permettra l’avènement d’une Europe sociale. Il ne faut pas non plus attendre une synchronisation des luttes nationales ou l’apparition d’une véritable lutte européenne pour agir. Notre méthode consiste donc à désobéir nationalement aux traités européens. C’est ce que portent nos candidats pour les élections européennes du 25 mai prochain. Jacques Sapir s’oppose à cette méthode en affirmant que nous serions confrontés à la censure du Conseil Constitutionnel. Nous sommes bien évidemment conscients de cette difficulté, et c’est pour cela que nous avons toujours dit que nous étions prêts à effectuer les changements constitutionnels nécessaires pour restaurer la primauté du droit français sur le droit européen. Dans la résolution sur l’euro du Parti de Gauche, Jacques Généreux a d’ailleurs précisé qu’« A défaut du consentement de nos partenaires, le gouvernement peut faire adopter par le peuple français et ses représentants élus toutes les dispositions nécessaires pour que l’exercice effectif de l’exception française se fasse dans un cadre légal et constitutionnel.

Dans le texte issu de notre forum « Gouverner face aux banques » de 2010[14], également rédigé par Jacques Généreux et validé par notre Secrétariat National, nous affirmions notamment que : « Appliquant un principe de non régression, (le gouvernement) s’opposera à toute décision européenne qui induit un recul par rapport au droit français, notamment en matière de droits sociaux et de services publics. Il le fera dans un nouveau cadre légal institué par une révision de la constitution et en s’appuyant autant que de besoin sur le suffrage universel, y compris en sollicitant, si nécessaire, l’appui du peuple français par référendum ». Un peu plus loin dans le document, cette position est répétée et constitue le point 413 de notre programme face aux banques : « 413. Révision de la constitution. Abolition des clauses consacrant le primat du droit européen sur le droit national pour imposer des politiques régressives par rapport au droit national. » Je ne vois pas comment le Parti de Gauche pourrait être plus clair sur cette question.

Derrière toute proposition économique, il y a en amont un projet politique. Le nôtre est de renverser le capitalisme et donc de bâtir une stratégie dont cette lutte est l’ultime visée. Jacques Sapir participe utilement à poursuivre le débat sur la question de l’euro et ses ouvrages sont des outils importants pour notre combat. Les désaccords qui agitent nos échanges comme ceux de nombreux économistes critiques ne doivent pas masquer ce qui nous rassemble : la volonté d’améliorer d’urgence la vie de nos concitoyens. Et la conscience qu’il faut pour cela rompre avec l’Union européenne.

Guillaume Etievant, Secrétaire National du Parti de Gauche à l’économie et au travail


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