Remanier… l’orientation politique ! (Par Gérard Filoche)

vendredi 4 avril 2014.
 

Respect au président, car c’est au président de la république de gauche de reprendre la main. Puisque, hélas, dans la Ve République, tout se concentre et se décide ainsi, il lui faut tirer le bilan des 22 premiers mois de « son » quinquennat et ré orienter pour la suite sous peine de mort politique, pour lui, pour le parti socialiste, pour toute la gauche.

La gauche qui avait tout en main va perdre tout. Son électorat, le salariat, ses forces vives, le lui ont dit avec force. La droite ne gagne qu’en pourcentage tout en reculant en voix. La gauche reste largement majoritaire mais s’abstient pour manifester son rejet de ce que la gauche fait… et ne fait pas.

Le précédent vote de mai juin 2012 imposait un tournant à gauche pas une gestion droitière légèrement pondérée de la « crise ». Les 22 mois de « pacte de compétitivité » puis de « pacte de responsabilité » ne répondent pas aux urgences sociales, aux inégalités sociales, à la misère sociale. Le salariat qui produit toutes les richesses de ce pays, crie : « stop arrêtez tous ces bobards selon lesquels il faut se serrer la ceinture pour que ça reparte ! On n’y croit pas, ça ne marche pas, on ne supporte plus, ça nous coule, on explose… »

A abreuver le Medef et à assécher le salariat, la gauche perd. Il faut écouter, tirer la conclusion, redresser.

Que notre président de gauche le fasse avec ses mots, avec son style, avec le rythme qu’il veut, mais il n’a plus le choix : la dégringolade politique catastrophique ou le sursaut.

On ne peut pas continuer à dire qu’on va sabrer 50 milliards de dépenses publiques et donner 35 milliards de nos cotisations familiales aux patrons, actionnaires et financiers.

D’ailleurs ce n’est même pas la « faute » du président, le « Pacte de responsabilité » ne marche pas, ni le patronat, ni les syndicats n’en veulent, il n’a pas été signé, il est minoritaire, lui aussi, comme le PS aux élections.

Le Medef réclame 100 milliards sans contre partie et il mettra cet argent dans le puits sans fond des dividendes et dans les iles Caïman pas dans l’emploi.

S’il faut faire face au chantage des taux d’intérêts des marchés, c’est en les affrontant, pas en s’y soumettant.

Le président est obligé de retrouver son « esprit du Bourget » : ca consiste à prendre acte d’une tentative de 22 mois, qui a consisté à s’appuyer sur le patronat pour essayer de réduire le chômage.

Mais le patronat ne veut pas, il veut comme l’UMP davantage d’austérité, moins de salaires, moins de droits du travail plus de précarité, moins d’impôts et de services publics. Le patronat préfère la finance à la production, il préfère licencier que d’embaucher, il préfère la rente à la production, il préfère les placements aux investissements, il n’use que de 70 % de ses capacités productives.

La démocratie ça consiste à écouter les électeurs, pas les spéculateurs. Au moins 80 % de la gauche politique et syndicale, et de l’électorat de gauche ne supporte pas les propositions d’austérité qui lui sont faites.

Alors pour affronter le chantage de la finance, des marchés, des spéculateurs, il n’y a qu’à aller chercher l’argent là ou il est : dans leurs poches. La France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal réparties. Ils veulent moins de déficits ? Prenons les mesures d’urgence draconiennes que la « crise » exige : traquons férocement les 80 milliards de fraude fiscale et les 590 milliards d’avoirs français cachés dans les paradis fiscaux, prenons sur les 330 milliards des 500 familles (elles détiennent 16 % du Pib, + 59 milliards en un an), l’argent est à portée. Que les riches paient leur « crise », pas les salariés ni les pauvres qui en sont victimes.

Relançons l’économie, les salaires au lieu de l’asphyxier par la compression absurde des dépenses. Arrêtons de faire comme le jardinier qui arrose la rivière pendant que son jardin dépérit. Arrêtons de jeter des steaks aux requins en les retirant de la bouche des passagers du bateau.


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