Municipales : Premiers enseignements du premier tour

lundi 31 mars 2014.
 

Le vote est passé dimanche. Il a soudain déchiré quelques voiles mensongers mis sur la campagne municipale. Longtemps niée, la dimension nationale du scrutin a éclaté d’un coup. Ouvrez le journal, il n’y est plus question que de la sanction de la politique gouvernementale. Pourtant, quand nous l’appelions de nos vœux, les médiacrates nous renvoyaient invariablement à la figure le caractère local du scrutin. Pas question pour eux de laisser monter un vote anti-austérité ! En revanche, qu’elle est douce aux belles personnes la sanction du pouvoir qui profite aux listes de droite et d’extrême-droite… Voilà de quoi éditorialiser à loisir leurs sempiternelles obsessions : plus vite les coupes budgétaires, plus fort contre les étrangers !

Pour accréditer sa thèse, le système médiatique largement lepénisé s’obstine toujours en revanche à occulter une des nouveautés qui sort de ce vote : l’émergence d’une opposition de gauche ancrée dans de nombreuses villes.

Nous en tenons d’autant plus soigneusement le décompte dans ce numéro que les nomenclatures conjuguées des journaux et du ministère de l’intérieur conduisent à l’effacer du paysage, en l’éparpillant façon puzzle dans les cases Front de Gauche, Parti de Gauche, divers gauche, union de la gauche, voire extrême-gauche. Il faut admettre que la clarté de ce résultat est également obscurcie par la position de la direction du PCF et des sections locales qui se sont placées sous direction socialiste, empêchant de mener une campagne nationale cohérente pour une sanction de gauche et de regrouper toutes les forces du front de gauche sous un même label.

Cette désastreuse perte de cohérence est le mauvais côté des alliances à géométrie variable. Raison de plus pour ne pas négliger le seul bon côté d’une telle situation. Avec ce test grandeur nature, nous pouvons comparer concrètement l’efficacité des diverses configurations électorales dans lesquelles nous nous sommes retrouvés. Deux leçons s’en dégagent. D’abord, la stratégie d’autonomie proposée par le PG a été validée par les électeurs.

Cela se vérifie même dans les villes où le PCF s’y est opposé, parfois fortement. A Clermont par exemple, où André Chassaigne a édité un tract à la veille du vote pour dénoncer la liste Front de Gauche en tant que « président du groupe Front de Gauche à l’Assemblée ». Comme nous le disions à propos de l’utilisation de son logo, personne n’est propriétaire du Front de Gauche qui est d’abord une stratégie d’autonomie conquérante vis-à-vis du gouvernement. La deuxième leçon est que l’alliance la plus fructueuse dans la campagne puis dans les urnes est sans conteste celle que nous avons nouée dans près d’une centaine de villes avec EELV contre la politique d’austérité et de compétitivité. Le symbole en est Grenoble où notre liste vire en tête de la gauche, devant celle du maire sortant PS.

Le vote de dimanche va donc produire ses effets. Quelques élus PS finiront bien par trouver cher de payer du sacrifice de leurs mandats la fidélité à un président de la République constamment infidèle à son camp. Certains désapprouveront la brutalité des amis PS et PCF d’Hidalgo qui ont demandé à nos camarades parisiens d’expier publiquement leurs critiques pour rendre possible une fusion. Les responsables d’EELV constateront que nos électorats s’additionnent et y réfléchiront à deux fois avant d’écarter nos offres d’alliance pour les prochaines échéances électorales. Décidément, ce scrutin, à la fois gifle sans précédent pour les austéritaires et baptême du feu réussi pour l’opposition de gauche, aura des conséquences nationales.


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