Municipales : La rupture est la condition de la crédibilité

mercredi 12 février 2014.
 

En tournée, une force nouvelle

Dans cette période électorale, les sorties sont plus nombreuses pour moi. Elles s’ajoutent a mes obligations traditionnelles dans le grand sud-ouest, où je patrouille toute l’année. On part des journées entières, en tâchant de mixer les régions et la taille des villes dans lesquelles je vais soutenir nos amis. C’est toute une organisation avant, pendant et après qui encadre mes déplacements, et il est parfois rude pour les copains de comprendre pourquoi tout doit être fixé avant et que rien ne change plus pendant le déroulement de la visite. C’est à ce prix que les cadences sont tenues et que la prise de parole a lieu dans les conditions optimales pour tous les protagonistes de l’action : la population, les militants, les journalistes. Et surtout, c’est le prix pour que je tienne bon dans la durée.

Donc ici, une fois de plus, ce fut une dure semaine. On le vérifie en me voyant moins présent sur mon clavier à écrire mes posts. Cette fois-ci, le final a été spécialement sévère avec un samedi commencé a sept heures et demi du matin et fini à une heure du matin le lendemain, après l’émission en direct « On n’est pas couché ». Comme ce fut l’audience record de la saison, je me suis consolé de l’heure de sortie du plateau. Le jour même, j’avais participé à la « journée défense » du Parti de Gauche, en présence notamment de deux amiraux et deux généraux. Un moment de pure passion intellectuelle entre les spécialistes du domaine, les camarades et les militaires. Pour moi, qui avait à faire l’introduction et la conclusion, ce fut un moment exigeant. La thèse que je défends en faveur d’une « défense souveraine et altermondialiste », le concept de France « universaliste » et non « occidentale », tout cela devait être résumé et argumenté devant des hyper-connaisseurs du sujet. Ces thèses sont dans mon discours de l’élection présidentielle au Cercle Républicain et dans deux articles, notamment celui de la « revue de la défense nationale ». Tout ce qui s’est dit est disponible progressivement en vidéo, grâce au travail acharné de notre équipe : la « Télé de gauche » qu’anime Aigline de Causans, à moins qu’elle n’ait elle-même la caméra au poing, en plus de toutes ses tâches professionnelles et politiques… Docteure en psychologie sociale, Aigline travaille avec moi au Parlement européen et, le reste du temps, quand ce reste existe, elle filme pour le parti, anime, colle et tracte. Les militants, ne l’oubliez jamais, chers lecteurs, sont ceux qui font de nos idées des forces matérielles à la conquête des esprits.

Mais, si rude qu’ait été le rythme de ces jours-là, ce furent là avant tout des heures brillantes pour nous. Car l’avant-veille, j’avais tenu trois rencontres, dont un meeting. Et chaque fois ce fut la même ferveur et la même amitié. C’était à Anzin dans le département du Nord, puis Fouquières-lès-Lens et Calais dans le département voisin. Partout, la même application au travail, partout, le même dévouement au combat. Certes, c’est peu étonnant dans la ville d’un homme aussi méthodique que mon collègue Jacky Hénin à Calais. Mais lui non plus n’a pas trouvé les cinq cent personnes qui se sont empilées dans la salle de ses vœux autrement qu’en sachant les faire venir par son action et celles des camarades. A Anzin, nous sommes seuls. Au sens littéral. Tout le reste du champ politique a sombré dans de noires combines et accords sans principe qui ont déboussolé tout le monde.

Evidemment, dès qu’il y a une pataugeoire, les solfériniens y font merveille ! La faction dominante dans la section socialiste a été créée de toute pièce par le niveau départemental, dans l’objectif des accords fromagers entre agglomération, département, région et autres niveaux de clapotages. Elle est installée aux râteliers les plus fétides. Elle dégoûte. Et d’abord les plus proches, c’est-à-dire les membres du PS local lui-même. Une bonne partie de ceux-là ont lâché prise. Ils sont venus prendre leur place dans notre combat. Dès lors, je nous vois nombreux, actifs et conquérants. Le Front de Gauche, animé par les seuls militants du PG, faute de structure communiste dans la commune, est un vrai lieu de rassemblement et d’action politique collective. Claudio Macaluso, la tête de liste de notre équipage à Anzin, est un bon rassembleur, très méthodique dans ses façons de travailler. Les amis ont d’ores et déjà réparti les responsabilités qu’ils veulent voir prises en charge dans la prochaine municipalité s’ils la dirigent. Ce n’est pas très courant et ce n’est peut être pas transposable. Dans l’immédiat, sur place, cela donne des porte-paroles extraordinairement motivés. Ainsi Jérémie, délégué aux questions culture et jeunesse, parle avec fougue d’une idée majeure du programme : la prise en charge du prix du permis de conduire pour un contingent communal de jeunes chaque année. L’idée permet un beau développement sur ce que sont les apprentissages initiaux indispensables de notre époque, et sur le problème de la mobilité des pauvres et des isolés. Une fois de plus, les nôtres sont ceux qui montrent ce qui est « invisible » socialement. Mais qui reste le réel vécu par des masses de gens sans voix et surtout sans porte-parole.

A Fouquières-lès-Lens, dans le Pas-de-Calais, je nous trouve en grande alliance du Front de Gauche et d’Europe écologie. Pour Guillaume Fournier et notre équipe municipale, la difficulté est plus qu’extrême compte tenu de l’état de dévastation sociale et politique du secteur. Parler de politique, intéresser au débat, voilà où est le miracle à réaliser. A quelques pas des grands bureaux de Billy-Montigny où s’était conclue notre marche de la fierté rouge face à madame Le Pen en 2012, j’ai retrouvé son ambiance si spéciale. L’abandon des populations par les dirigeants solfériniens qui tiennent tout ici, comme souvent, est consternant. Abandon moral, culturel autant qu’économique et social. S’y ajoute ici un satrape local au pouvoir depuis 25 ans qui, comme tout homme dans de telles circonstances, tend à confondre son mandat avec sa personne.

Ce que je vois se constituer dans ces circonstances, nonobstant les difficultés que je ne me cache pas, c’est une force nouvelle qui s’enracine dans l’estime de tous, même de ceux que nous combattons. Dans ces déplacements, le poids de la trahison et des miasmes parisiens m’a paru moins lourd à supporter. En effet, à Calais, le communiste Jacky Hénin mène une campagne ouverte sous le label authentique du Front de Gauche. Il porte courageusement nos valeurs. Il ne les vit pas sur la défensive. Au contraire. Son plaidoyer pour les droits humains des pauvres diables de migrants persécutés par le froid, la misère et Manuel Valls était émouvant aux larmes ! Mais parce qu’il tient bon, tous les autrtes tiennent bon, et la tranchée de l’humanisme est tenue en dépit de toutes les tentations et abandons. Jacky devrait être en tête de la gauche au soir du premier tour.

Du coup, les solfériniens minent le terrain contre nous. Ainsi, à l’occasion d’une séance du conseil municipal, l’ancien député socialiste confie son pouvoir de vote à la maire de droite sortante au vu et au su de tous. Et ainsi de suite. C’est l’arsenal des petits coups tordus qui balisent la préparation d’un mauvais deuxième tour. Mais ces solfériniens locaux se croient plus forts qu’ils ne sont. Aucun des nôtres n’a rencontré une seule personne au porte-à-porte local qui serait prêt à l’indulgence pour Hollande. Ses représentants locaux sont donc invisibles, et leurs combines insignifiantes. Mais cela ne veut pas dire que nous ayons un boulevard devant nous à condition de nous laisser porter. Pas du tout. Le contraire. La résignation et le dégoût se sont répandus en profondeur du pays. Certes, c’est de l’énergie explosive qui s’accumule. Elle finira par faire éruption. Mais en attendant, c’est le calme des jours tristes et noirs. L’abstention est l’option dominante. Nous ne pouvons percer qu’en étant fermes et distinct. Tout arrangement avec le système nous cloue au sol. Et le PS, c’est le système ! La rupture est la condition de la crédibilité.


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