Pesticides : la mise en garde de 1200 médecins

mardi 11 février 2014.
 

Jeudi 30 janvier, le groupe d’études de l’Assemblée sur la santé et l’environnement organisait un colloque sur le thème « Pesticides, santé et biodiversité », tandis qu’était rendu public, au Sénat, un appel signé par 1 200 médecins mettant en garde contre les risques posés par beaucoup de ces molécules.

Les produits phytosanitaires (insecticides, herbicides, fongicides, etc.) et leurs effets indésirables étaient à l’honneur, jeudi 30 janvier, de l’agenda du Parlement. Le groupe d’études de l’Assemblée sur la santé et l’environnement organisait un colloque sur le thème « Pesticides, santé et biodiversité », tandis qu’était rendu public, au Sénat, un appel signé par 1 200 médecins mettant en garde contre les risques posés par beaucoup de ces molécules.

Initiative parlementaire d’un côté, initiative locale d’acteurs de terrain de l’autre : « Cela met en lumière la convergence de préoccupations communes », commente Pierre-Michel Périnaud, médecin généraliste à Limoges (Haute-Vienne), l’un des initiateurs de l’appel des 1 200. « Tout a commencé de manière très locale, dans le Limousin, vers la fin 2012 : des riverains de zones d’épandage nous ont interpellés à propos des effets de ces pratiques agricoles sur leur santé, raconte M. Périnaud. Nous avons creusé le dossier scientifique et constaté que ces gens ne racontaient pas n’importe quoi. Puis nous avons, à notre tour, interpellé les responsables politiques locaux. »

Essentiellement, en vain. Mais en quelques mois, l’association, pourtant « minuscule et archi-inconnue », selon M. Périnaud, parvient à rassembler plusieurs centaines de signatures dans la communauté médicale. Des médecins de Guadeloupe et de Martinique se joignent au mouvement, sensibilisés à la question par l’imprégnation de ces deux départements par le chlordécone, un organochloré persistant dont les effets sanitaires (cancer de la prostate) sur les populations sont avérés.

INTERDICTION DES PESTICIDES DE SYNTHÈSE DÈS 2020

« Un de nos objectifs est aussi de crédibiliser la parole de nos patients, ajoute M. Périnaud. Lorsque vous avez un lymphome, il vous faut supporter le lymphome et ensuite supporter l’expertise, qui vous prend souvent de haut… » Au printemps 2013, la publication par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) d’une vaste expertise collective sur les effets sanitaires des pesticides est venue elle-même donner du crédit à l’appel des médecins.

Au cours du colloque à l’Assemblée nationale, les épidémiologistes Sylvaine Cordier et Isabelle Baldi, coauteures de l’expertise de l’Inserm, ont ainsi rappelé que les expositions professionnelles aux phytosanitaires augmentent les risques de cancer de la prostate, de maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer), de cancer du sang, de troubles de la fertilité. Dans le cas d’expositions au cours de la période périnatale, une augmentation du risque de cancers pédiatriques (cancers cérébraux, leucémies) et de survenue de troubles cognitifs ou comportementaux est également avérée.

A l’ouverture du colloque, le ministre de l’écologie Philippe Martin a rappelé que la proposition de loi du groupe écologiste sur les phytosanitaires avait été adoptée – elle prévoit l’interdiction des pesticides de synthèse dès 2020 dans les espaces verts publics et dès 2022 dans les jardins et les potagers des particuliers. M. Martin a aussi indiqué que le projet de loi d’avenir pour l’agriculture prévoit en l’état une réforme des procédures d’homologation des produits phytosanitaires.

Stéphane Foucart

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