En période de crise, la stratégie électorale ne peut pas être principalement locale

dimanche 13 octobre 2013.
 

Jusqu’à dimanche et aux résultats du premier tour de l’élection cantonale partielle de Brignoles, tous ceux qui alertaient sur le danger de dérouler le tapis rose médiatique devant le FN se faisaient rabrouer. Mais aujourd’hui la créature a échappé à son maître et va se répandant toute souriante dans tous les médias, toujours aussi accueillants, pour expliquer que le FN est dorénavant le premier parti de France. Il n’en est rien évidemment pour le moment car une cantonale ne dessine pas la carte politique générale du pays. Mais à continuer à jouer avec le feu, le désastre peut avancer à grand pas.

Le plus désolant est de voir tous ceux qui s’enferrent dans des stratégies locales en croyant ainsi contrer le FN. La cantonale de Brignoles est l’exemple même de l’échec d’un tel choix. Le niveau de confusion était en plus au maximum : une campagne PCF mêlant revendications très locales et dénonciation de l’austérité tout en distribuant en même temps un communiqué de soutien d’Harlem Désir ; un PS soutenant nationalement le candidat du PCF et localement celle d’EELV, laquelle se présentait comme la candidate de la gauche rassemblée soutenue par le PS local ! Le candidat du FN a au contraire fait une campagne tout à fait nationale ! Dans ce contexte, ceux qui avaient voté Hollande au second tour pour chasser Sarkozy ne se sont pas déplacés. Ils l’auraient peut-être fait s’ils avaient eu la conviction d’aller voter pour une politique clairement en rupture avec celle du gouvernement. Mais tout était embrouillé.

Que répond le PS à cette situation ? Après avoir semé la pagaille localement, il ose tirer comme conclusion que la leçon dorénavant est de se regrouper derrière son panache rose. Or c’est la politique impulsée par l’Elysée et Matignon, consistant à céder à tous les lobbies patronaux et financiers, qui fait le lit du FN. Pourquoi voulez-vous que les agriculteurs acculés à la faillite, les salariés licenciés par milliers, celles et ceux qui ne peuvent retrouver d’emploi, jeunes, femmes, salariés âgés confrontés au chômage faute de pouvoir prendre leur retraite à 60 ans, tous victimes de la concurrence libre et non faussée vantée par tous nos libéraux de droite et de gauche réunis, zélateurs béats d’une Europe fer de lance de la mondialisation, aillent voter ? Tous ceux qui céderont à l’injonction de rassemblement derrière le PS seront entraînés dans le gouffre avec lui et, bien plus grave, continueront à aggraver le désespoir de toutes celles et ceux qui veulent une alternative aux politiques d’austérité.

Le temps n’est pas à l’enfouissement local, il est à la bagarre nationale sur une ligne catégorique de rupture avec les politiques gouvernementales. En période de crise politique, c’est celui qui est clair et déterminé qui entraîne. Cela a été la force de la campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. C’est la perte de cette ligne claire qui fragilise le Front de Gauche aujourd’hui .

Martine Billard,co-présidente du Parti de Gauche


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