5ème république : pouvoir d’une petite poignée

samedi 11 mai 2013.
 

"Quand je me regarde je m’inquiète mais quand je me compare je me rassure". C’est le raisonnement qui prévaut, habituellement, à l’heure de caractériser le régime politique dans lequel nous vivons. On nous dit que nous sommes en démocratie. On dit même que l’Europe est le lieu sur la planète où la démocratie est la plus avancée. Concrètement, je ne le vis pas comme cela, mais on a souvent un moment de recul au moment d’affirmer qu’en France, nous ne sommes plus en République. C’est vrai quoi, on est quand même mieux que dans les pays du Golfe, et puis on n’est pas dans une dictature comme sous Pinochet !

Bien sûr que nous ne sommes pas en dictature comme sous Pinochet. Je suis bien placée pour le savoir. Mes parents ont été arrêtés après le coup d’Etat au Chili, et puis ce fut l’exil, vers le Canada d’abord et vers la France ensuite. Oui, je le reconnais : lorsqu’en France je vais voter, je ne risque pas d’être arrêtée ou tuée sur le chemin. C’est appréciable. Mais on ne peut pas se contenter de cela.Lors de la Grande Révolution française, la souveraineté est passée d’entre les mains du seul monarque aux mains du peuple tout entier. La République, c’est donc l’exercice de cette souveraineté. Si, comme aujourd’hui, la souveraineté n’est exercée - au nom de tous - que par une poignée d’oligarques insubmersibles, alors nous ne sommes pas en République.

Ce pouvoir de la petite poignée est maintenue brutalement, mais ce n’est pas la brutalité des armes, c’est la brutalité des institutions de la 5ème République.

Chez nous, le Président est tout puissant. Pourquoi ? Parce qu’il est irresponsable. Politiquement, s’entend. Cela veut dire que dès lors qu’il est élu, il ne répond plus de rien, politiquement. Il n’est responsable devant personne. Ni le Parlement, et encore moins devant le peuple.

En France, lorsque le peuple s’exprime par les urnes contre les politiques du Président, le Président n’est pas obligé d’en tenir compte. Lorsque nous votons majoritairement contre une politique, il ne reste plus, dans le régime oligarchique français, qu’à croiser les doigts pour que le Président veuille bien octroyer une réponse au bon peuple. Le Président a le choix : la démission ou la dissolution de l’Assemblée Nationale, seraient des réponses logiques. Mais le plus souvent, on a le droit à un "remaniement". Là aussi, le Président a le choix : nomination d’un nouveau Premier Ministre, ou alors changement de quelques Ministres. Nicolas Sarkozy a inventé la réponse la plus fadasse et ridicule : c’est l’annonce d’un remaniement qui en fait ne vient jamais. Rappelez-vous, après sa défaite aux élections régionales de 2010, le Président Sarkozy a tenu la France entière en haleine pendant tout un week-end en laissant penser que Jean-Louis Borloo prendrait la place de François Fillon !

Les institutions de la 5ème République éduquent le peuple à ne pas participer. Il le pousse, discrètement mais fermement, à ne pas s’impliquer, à rester chez lui. En effet, quand on a voté une ou deux fois "pour rien", on comprend vite la leçon et la fois d’après on reste chez soi. Il ne reste donc, dans la vie civique, qu’une petite part chaque jour décroissante de citoyens, alors que la grande masse est rejetée vers l’inexistence civique. C’est exactement ce qui se passe aux Etats-Unis, où la grande majorité du peuple populaire ne vote pas, mais où l’on prétend quand même être dans la "plus grande démocratie du monde". Une démocratie sans vote, voilà la nouveauté.

En France, les principales victimes de l’abstention sont les ouvriers. Ils ne votent pas (à 70%), et........

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