1er mai : bide du rassemblement FN. 5 mai : rassemblement sans précédent

samedi 11 mai 2013.
 

Il faut avoir le cuir vraiment épais pour supporter la campagne de presse permanente dont bénéficie le Front national. Partout le voilà présenté en bénéficiaire automatique de la déroute du pouvoir solférinien. L’épouvantail FN est l’ultime rempart des dominants. Leur argument massue : restez chez vous, le FN rode. C’est le retour des années 30 explique le Nouvel Obs. Il nous faut donc un nouveau Front Populaire contre les « 200 familles » ? Mais non ! Le journal solférinien invite lui aussi à rester chez soi et à laisser faire Hollande. Même certains partisans historiques de la Sixième République reprennent le refrain : la Cinquième République a bien des défauts mais ce n’est pas le moment d’y songer et de convoquer une Constituante car elle mettrait le Pen au pouvoir… Le Front national, chien de garde du système, joue le même rôle que les islamistes sous Ben Ali, un repoussoir qui justifie le maintien de l’oligarchie. Et une incitation à ne rien changer… qui fait pour de bon le lit de l’extrême-droite.

Pour mesurer le caractère idéologique de ces pronostics pro-FN, remarquez combien ils ne se basent sur rien de tangible. Surprenante versatilité de l’idéologie médiatique, adepte de « fact checking » pour confondre « les politiques » mais incapable de produire des faits pour justifier ses propres préjugés. Bien sûr, à défaut d’enquêtes et de faits, il leur reste toujours possible de commander des sondages. Nous en voilà gavés de nouveau. Sur la présidentiellle, voyez-vous. Il n’y en a pourtant aucune en vue avant quatre ans. A moins qu’il ne s’agisse d’un appel subliminal à la démission d’Hollande ? Ah les sondages sur une présidentielle réalisés quatre avant l’échéance ! Ils commencent par un mensonge : « si l’élection avait lieu dimanche prochain… ». Je me souviens de ceux réalisés avant le lancement de la dernière campagne présidentielle. Jean-Luc Mélenchon était à 3% (et cela encore en septembre 2011). Et Strauss-Kahn était élu haut la main. Le Pen avait même été annoncée au deuxième tour, à 23%, devant Hollande et Sarkozy. On sait ce qu’il en fut. Nous avons fait quatre fois plus et elle biens moins que ce qui lui avait été complaisamment promis. Sauf que pendant des mois il fallut faire avec ce paysage qui pesait sur le moral en nous promettant la marginalité. Je pourrais certes citer le dernier sondage paru ce matin qui met Jean-Luc à 15%, à égalité avec Hollande (avez-vous remarqué que personne n’en parle ?), mais ma conviction est faite depuis longtemps : ces enquêtes ne valent pas tripette.1

En fait, les médias qui ont mis en ondes cette semaine l’irrésistible progression du FN l’ont pour l’essentiel justifiée par la progression du nombre de ses adhérents. Une « info » annoncée par les frontistes eux-mêmes, et totalement invérifiable ! N’est-ce pas en totale contradiction avec l’éthique journalistique qui consiste à vérifier les faits ou quand on ne peut le faire à citer ses sources ? Ca l’aurait mal fichu de citer le FN comme source. Mais qui d’autre dispose de chiffres sur le nombre d’adhérents de ce parti ?

En revanche, ce qui était parfaitement vérifiable, et tout à fait spectaculaire, c’est le bide du rassemblement annuel du FN ce 1er mai. Le blogueur A gauche pour de vrai l’a fait avec son mètre d’arpenteur virtuel. Il n’est pas journaliste mais il donne ses sources et ses chiffres. Son raisonnement est vérifiable, donc contestable. J’attends les réactions de pied ferme ! Selon son comptage, le rassemblement d’extrême-droite a attiré 3000 personnes. C’est deux fois moins que l’an dernier. Malgré l’affaire Cahuzac et tout le reste. Le FN n’enregistre donc aucune dynamique lors de son « grand » rendez-vous annuel. Aucun des médias dominants, scopaphobes si prompts à dénoncer le « populisme » de Mélenchon, ne l’a relevé. Il faut dire que 4 chaînes retransmettaient le discours de la Le Pen ce qui aura permis à beaucoup plus de monde de l’entendre. Elles pouvaient difficilement admettre qu’il s’agissait d’un événement rassemblant moins de monde que le dernier meeting du Front de Gauche à Martigues qui n’a pas bénéficié de la même couverture.

J’ai même assisté sur France 3 au spectacle désolant d’une chaîne réduisant le 1er mai au rassemblement du FN, donnant ainsi une victoire posthume de Pétain qui institua une « Fête du travail et de la Concorde sociale » pour effacer du paysage la journée internationale des travailleurs.

J’attends maintenant de voir comment le système médiatique va traiter notre marche de dimanche. Je peux annoncer sans crainte que le mouvement qui s’annonce est énorme. Le nombre de cars réservés dépasse celui du 18 mars dernier à la Bastille. Nous pourrions donc atteindre voire dépasser les 100 000 personnes. Une telle mobilisation sous un gouvernement PS pour une politique de gauche, dont l’objet n’est pas le retrait d’un texte de loi mais un changement complet de politique et même d’institutions est tout simplement sans précédent. Son impact sera gigantesque. D’abord la gauche sera de retour. Enfin dans la rue abandonnée à la droite et l’extrême-droite, avec ses drapeaux et ses mots d’ordre plutôt qu’accrochée au char du MEDEF et de Madame Merkel. Puis comme le 18 mars dernier, le souffle d’un tel rassemblement aura des répliques partout. Les marcheurs du 5 mai venus de tout le pays et de tous les horizons diffuseront à leur retour la flamme de la résistance à l’austérité. Quoi que racontent les médiacrates, 100 000 ce n’est pas la même chose que 3 000. Le 5 mai s’annonce donc sans précédent mais sûrement pas sans suite.


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