Le MEDEF ne manque pas d’air (UNSA)

dimanche 4 février 2007.
 

Devant 6 000 chefs d’entreprises, Laurence Parisot a présenté, le jeudi 25 janvier, à Paris Bercy, le programme du Medef intitulé : « Bol d’air ».

De plus en plus lobby politique et de moins en moins partenaire social, le Medef décline une vision de la société et des relations du travail qui sent bon le XIXème siècle, époque où le droit du travail était encore dans les limbes.

Cette pensée fortement structurée, d’une grande cohérence et qui se pare de tous les attributs de la modernité, sait pouvoir compter sur une alliée de taille : la mondialisation.

De fait, jamais dans l’histoire de l’humanité, la mondialisation du commerce, qu’il s’agisse des produits manufacturés, des services intellectuels ou financiers, n’avait connu une telle intensité.

Pour la première fois l’Asie, c’est-à-dire près de la moitié de la population mondiale, entre dans la grande aventure du développement capitaliste.

Cette mondialisation, associée à l’émergence d’un capitalisme financier, aux mutations technologiques et à la fragmentation du processus de production, pose à nos modèles sociaux de redoutables défis.

Pour y répondre, le Medef propose sa solution : pour s’adapter au mieux à cette mondialisation notre pays doit aller vers une plus grande flexibilité dans les relations du travail et substituer une logique de rentabilité marchande à une logique de solidarité.

Et de nous expliquer que si notre pays n’est pas assez compétitif sur le marché mondial, s’il perd des parts de marché à l’exportation il le doit à une seule chose : un environnement social et fiscal défavorable aux entreprises. C’est donc les salariés et eux seuls qui doivent payer la facture.

Ce sont les salariés et eux seuls que le Medef désigne comme responsables de notre perte de compétitivité, sans jamais s’interroger sur le sous investissement, la faiblesse de l’innovation et de la recherche qui fait que nos produits sont parfois dépassés, la mauvaise répartition de la valeur ajoutée qui va essentiellement aux actionnaires, les aides publiques aux entreprises qui avoisinent 68 milliards d’euros en 2005 ou encore les patrons prédateurs qui vivent sur la bête ; tout cela est occulté.

La facture, présentée par Laurence Parisot, est lourde. Deux exemples parmi d’autres ; selon le Medef il faudrait mettre fin à la durée légale du travail et fixer celle-ci, entreprise par entreprise, avec tous les risques que cela comporterait pour le salarié.

L’employeur devrait aussi pouvoir mettre fin au contrat de travail par consentement mutuel, ce qui interdirait bien sûr le recours au juge pour tous les licenciements qui n’auraient pas une cause réelle et sérieuse. Par d’autres voies, il s’agirait en fait d’appliquer le Contrat Nouvelle Embauche à tous les salariés.

Avec de tels projets, le Medef veut aller encore plus loin dans la dégradation du statut du travail.

Notre vision est aux antipodes de celle du Medef et les propositions que nous faisons prennent le contre-pied d’une telle démarche.

Dans une France malade de ses inégalités et de ses exclusions, dans une France dont 70% des nouveaux contrats sont des contrats atypiques souvent précaires, le programme du Medef, en proposant d’alourdir encore les coûts sociaux, ferait prendre à notre pays des risques insensés y compris sur le plan démocratique. Présenter cela comme un « bol d’air », même avec le sourire de Laurence Parisot, ne manque vraiment pas d’air.


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