Cent jours de François Hollande et le scepticisme gagne notre peuple

lundi 20 août 2012.
 

1) Cent jours, et après ?

Cent jours après l’élection de François Hollande, l’opinion balance entre la satisfaction d’avoir mis un terme à la présidence égomaniaque de Nicolas Sarkozy, avec son cortège de privilèges dévolus aux plus riches, et le désappointement de voir que le nouveau pouvoir reste à mi-gué. Alors que le produit intérieur brut de la Grèce a diminué de 6,2% au deuxième trimestre et que l’ombre de la récession plane sur notre économie, les engagements de campagne du candidat socialiste ne sont pas de taille à redresser le cap. L’austérité n’apparaît pas comme 
le remède obligé des maux économiques mais au contraire leur origine. Ce qui est déjà fait ou ce qui se prépare n’est pas rien. L’abrogation de la TVA sociale, la contribution exceptionnelle des plus fortunés, l’alourdissement des droits de succession de la petite minorité la plus nantie, l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire sont des mesures indéniablement positives. Mais leur efficacité est lourdement plombée par le traité budgétaire européen auquel le gouvernement veut nous enchaîner. Déjà, la Cour des comptes réclame des larmes et 33 milliards d’euros de plus à déverser dans les déficits, pour complaire aux marchés financiers. Pourtant, tout ce qui étouffe la croissance, l’investissement dans l’emploi et la formation, ou la consommation populaire, nous destine à de lourdes 
difficultés dont témoigne l’avalanche des plans sociaux.

Inefficace, l’instauration de la règle d’or à laquelle se plie finalement l’Élysée est également illégitime. Au nom de quelle étrange conception de la démocratie pourrait se justifier qu’un peuple perde sa souveraineté sur 
ses budgets, ses choix, son État, ses services publics sans même avoir pu s’exprimer  ? Ainsi, un aréopage non élu – le Conseil constitutionnel, nommé par copinage politique… – décide de priver les Français de vote afin de donner tous les pouvoirs de décision budgétaires à une structure qu’aucun électeur n’a jamais désigné, la Commission européenne. Ce tour de passe-passe est inspiré par la grande crainte que ce peuple, qui « a mis la Bastille en poussière » selon les mots de Rimbaud, réserve le même sort aux menottes austéritaires que les gouvernants veulent passer à nos poignets. Le grand frisson de 2005, quand un référendum a recalé le traité constitutionnel, parcourt toujours les échines. Pas seulement à droite. Le Parti socialiste prendrait une lourde responsabilité s’il mettait ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy, qui avait choisi la seule enceinte parlementaire pour nier la souveraineté populaire. Déjà, des dizaines de milliers 
de voix réclament un référendum.

Élus sur le thème du changement, les députés 
de gauche ne doivent pas se laisser impressionner 
par l’agitation des battus de l’année. L’UMP se lamente-
t-elle que soient détricotées des lois antisociales imposées ces cinq dernières années  ? Il faut lui donner plus encore de raisons de s’affliger  ! Ces derniers jours, c’est de la politique internationale que traite la droite en toute cacophonie. Certains réclament une intervention en Syrie comme celle qui, en Libye, a aussi enflammé le Mali ; et d’autres, tel François Fillon, la refusent en regrettant que ne soit pas recherchée la confiance de la Russie qui bloque les efforts de l’ONU. Mais qui, sinon son gouvernement, avec ses homologues de l’Otan, a outrepassé les résolutions de l’organisation internationale pour bombarder Tripoli  ? Moscou se méfie aujourd’hui et paralyse l’issue négociée, qui reste la solution la plus sage dans cette poudrière du Moyen-Orient. La diplomatie, l’aide humanitaire, l’appui aux démocrates syriens plutôt qu’aux fanatiques islamistes, ce sont ces armes qui doivent être privilégiées par la France contre le régime d’Assad. 
C’est à bâbord qu’il faut se diriger et non à tribord.

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Patrick Apel-Muller


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