Hollande a repris l’agenda des grands patrons

lundi 21 janvier 2013.
 

Depuis Mots Croisés, nous savons que Cahuzac ne croit pas à la lutte des classes. Il n’y a même jamais cru ! Ne dénonçait-il pas il y a un an la politique de classe de Sarkozy « président des riches » ? Pffft… par la grâce de l’élection d’un président acquis à la ligne démocrate, les classes sociales auraient fait la paix dans un monde Bisounours du gagnant-gagnant ? Une semaine aura suffi pour pulvériser cette fantaisie.

Dès le 28 octobre, les 98 patrons des plus grosses entreprises françaises listaient leurs revendications dans une lettre ouverte à Hollande qui fit quelque bruit. Comment le successeur du président des riches accueillit-il cette volonté de ressusciter la lutte des classes ? Il renonça à toute lutte et obéit immédiatement au premier chapitre de la missive, « compétitivité », qui exigeait une baisse du prix du travail financée par une hausse de la TVA et une diminution des dépenses publiques.

Le deuxième point de cette plateforme revendicative était intitulé « emploi et formation ». Après avoir affirmé leur soutien aux contrats de génération de Hollande, les grands patrons réclamaient un « dialogue social ouvert très en amont pour permettre aux entreprises de s’adapter aux aléas de la conjoncture ». C’est là encore ce qu’a demandé François Hollande aux organisations syndicales réunies la semaine dernière au siège du MEDEF.

Débarrassé de l’héritage de la lutte des classes, Hollande a repris l’agenda des grands patrons mais aussi leur rhétorique, répétant en boucle que le droit du travail, en diffusant la « peur d’embaucher » chez les patrons, serait fauteur de chômage.

Selon le MEDEF, pour créer de l’emploi il faut en effet faciliter les licenciements. C’est ce que prévoit l’accord signé vendredi. On sait déjà que l’adaptation « aux aléas de la conjoncture » quand elle est si déprimée consiste à licencier massivement. Cela se passe sous nos yeux. Cela se fait encore plus violemment dans les rares pays européens où le marché du travail est plus dérégulé qu’en France. En Espagne ou au Portugal, le taux de chômage a bondi à 25%. Plus il est facile de licencier, plus les patrons anticipant la crise réduisent leurs effectifs… et aggravent la crise elle-même. Une mécanique connue des étudiants en première année d’économie sous le nom savant « d’anticipations négatives » qui n’a donc pas dû échapper à Hollande.

Si cet accord était repris par la loi, de nombreuses garanties individuelles et collectives seraient supprimées… renforçant le pouvoir de classe du patronat. Ceci n’étant plus un problème pour les sociaux-libéraux, « croient »-t-ils au moins encore à l’égalité des citoyens dans l’entreprise qui était pour Jaurès le cœur du socialisme ? En exigeant que les parlementaires se contentent de « transposer » l’accord dans la loi, ils contournent aussi cette exigence d’égalité républicaine !

D’ailleurs ce dimanche nos adversaires (de classe) soutenaient la manifestation contre l’égalité devant le mariage entre les citoyens de toutes orientations sexuelles. L’ordre moral qui postule l’inégalité naturelle vient toujours à la rescousse de l’ordre social inégalitaire. Ceux qui croient à la lutte des classes combattront donc l’accord voulu par le MEDEF et manifesteront aussi dimanche 27 pour l’égalité. La bonne nouvelle c’est que la droite était moins nombreuse qu’annoncé. Pensez donc, on nous promettait presqu’autant de monde qu’en juin 1968 ! Cahuzac n’avait alors que 16 ans. Mais il ne croyait déjà pas à la lutte des classes.


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