Merah, DCRI, "indicateur"... Squarcini s’enfonce...

mercredi 4 avril 2012.
 

Malgré la timidité des médias –sans parler de celle des principaux partis politiques d’opposition- à poser des questions précises aux pouvoirs publics dans l’affaire Mohamed Merah, le patron du « contre-terrorisme » français (DCRI) Bernard Squarcini est de plus en plus en difficulté.

Rappelons qu’aucune explication n’a à ce jour été officiellement proposée à cette interrogation majeure : comment se fait-il que Mohamed Merah n’a pas fait l’objet d’une surveillance domiciliaire 24h/24 à compter au moins de son deuxième attentat (le jeudi 15 mars contre des militaires à Montauban) ? Ladite surveillance l’aurait à coup sûr empêché de commettre sa troisième attaque, celle contre l’école juive le lundi matin 19 mars à Toulouse, où trois enfants et un adulte ont été assassinés.

Depuis des jours, avec l’aide de certains médias complaisants, Squarcini s’emploie à noyer le poisson, plaidant « la faute à pas de chance », tandis qu’un de ses adjoints, anonyme, ose dire « Merah nous a bien roulé dans la farine ».

Ces policiers ont en effet été obligés de reconnaître, assez tôt dans la tragédie, que Mohamed Merah était connu et surveillé de la DCRI avant les attentats, notamment à cause de séjours en Afghanistan et au Pakistan, des voyages concernant quelques dizaines de Français tout au plus, et qui constituent précisément, et très officiellement, la priorité numéro 1 de la DCRI depuis des années.

Squarcini a ainsi reconnu qu’en novembre dernier, Merah avait déféré à une convocation de la DCRI à Toulouse pour « s’expliquer » sur de tels voyages.

Mais lui et son ministre Guéant ont aussitôt ajouté que le jeune homme avait fourni des explications « convaincantes » sur la nature « purement touristique » de ses voyages. Donc rien à exploiter sur le plan judiciaire, selon les autorités, qui se révèlent cependant invariablement incapables de nous dire ce qu’il est advenu de la surveillance de l’individu, dont la vie n’était pas du tout clandestine, tout en avouant qu’un agent de la DCRI entretenait un contact avec lui !

Interviewé mardi par le quotidien de Toulouse, l’un des prédécesseurs de Squarcini à la tête de la DCRI (anciennement appelée DST), Yves Bonnet, constate :

« Le garçon avait manifestement des relations avec la DCRI comme on l’a appris à travers les déclarations de Bernard Squarcini lui-même. C’est-à-dire qu’il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Alors appelez ça ’correspondant’, appelez ça ’officier traitant’… je ne sais pas jusqu’où allaient ces relations, voire cette ’collaboration’ avec le service, mais on peut effectivement s’interroger sur ce point"

Interrogé sur la possibilité que Mohamed Merah ait été "un indicateur" au sens strict de la DCRI, l’ex-patron de la DST n’a pas nié.

« Eh bien voilà… c’est exactement ça le problème. Car ce qui interpelle, quand même, c’est qu’il était connu de la DCRI non pas spécialement parce qu’il était islamiste, mais parce qu’il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Or avoir un correspondant ce n’est pas tout à fait innocent", ajoute Bonnet.

Mardi en fin de matinée, Squarcini (un homme actuellement mis en examen pour espionnage de journalistes, mais toujours en place) a tenté de réagir, en affirmant : « Mohamed Merah n’était ni un indic de la DCRI, ni d’autres services français ou étrangers". Que Mohamed Merah n’ait pas été un collaborateur ou un instrument des services secrets français est peut-être un gros mensonge, mais si c’en est un, Squarcini a au moins le pouvoir de le proférer. Inversement, qu’est-ce qui lui permet de savoir, lui qui se vanterait presque d’avoir été « roulé dans la farine » par un jeune de 23 ans, que Merah n’était pas également connu voire manipulé par une ou des officines étrangères, de l’ISI pakistanaise à la CIA américaine en passant par le Mossad israélien ?

A ce stade, une seule explication tient la route : lorsque la police déclenche l’alerte générale après l’attentat de Montauban le 15 mars, et que le travail policier se concentre officiellement sur deux « courtes listes » de suspects –une « courte liste » de néo-nazis, infructueuse, et une « courte liste » de « djihadistes »- une consigne a forcément été passée de ne pas inclure Mohamed Merah dans cette dernière.

CAPJPO-EuroPalestine


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