Face au Mécanisme européen de stabilité... La meilleure réponse est d’appeler à voter pour le Front de gauche

samedi 10 mars 2012.
 

Comment s’opposer  au mécanisme européen de stabilité et au traité sur la gouvernance ? Tribune de Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche dans le journal L’Humanité.

La meilleure réponse est d’appeler à voter pour le Front de gauche

Les Grecs en sont à leur septième plan d’austérité imposé par la troïka européenne. La saignée continue sans que l’avenir ne s’éclaircisse pour autant. Le duo Merkozy utilise la crise pour imposer encore plus de libéralisme en Europe, avec l’appui direct de Mario Draghi, ancien banquier de Goldman Sachs et actuel patron de la BCE, qui a brutalement affirmé le 24 février  : « Le modèle social européen est mort. » Et ce à quelques jours d’un nouveau chèque de 500 milliards prêtés par la BCE au taux de 1 % aux banques des pays de la zone euro qui, elles, prêteront aux États à un taux bien plus élevé. Les peuples ne voient pas un centime de cet argent qui ne sert qu’à engraisser les banques.

Dans ces conditions, il va devenir bien difficile à Nicolas Sarkozy d’expliquer que les mesures d’austérité ont pour objectif de maintenir le modèle social français. La proximité des échéances électorales l’oblige à ruser et à mentir aux Français dans un effort désespéré pour éviter d’être balayé. Tout est fait pour empêcher tout débat public sur le mécanisme européen de stabilité (MES) et le nouveau traité TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) dans l’Union économique et monétaire.

Il est aidé en cela par les médias qui ont instauré un véritable black-out sur le sujet et malheureusement par le Parti socialiste. En choisissant de s’abstenir au Parlement sur la modification de l’article 136 du traité de Lisbonne introduisant le MES, puis sur le MES lui-même sous prétexte de renégociation en cas de victoire de François Hollande, les socialistes annoncent déjà qu’ils ne remettront pas en cause le principe même des politiques d’austérité et que les modifications ne se feront qu’à la marge.

Pourtant, à écouter Jean-Marc Ayrault à l’Assemblée nationale, en tant que président du groupe socialiste, dénoncer, dans la première partie de son discours, le contenu de ce mécanisme de stabilité, la fin logique aurait dû être l’annonce d’un vote contre. La chute en fut d’autant plus surprenante puisque, selon lui, un vote contre étant synonyme d’immobilisme, les socialistes optaient pour une « abstention dynamique » afin de permettre une renégociation  !

Le choix de l’abstention a été imposé sans débat au groupe parlementaire alors que le bureau national du PS n’avait pas réussi à prendre position. Une poignée de courageux députés (16) puis de sénateurs socialistes (3) ont, malgré tout, voté contre. Nous sommes bien loin de l’époque du « Non » au traité de constitution européenne. Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice, a annoncé, en même temps que son vote contre, qu’il n’était pas question de se joindre à une saisine du Conseil constitutionnel qui ne serait pas déposée par son groupe. Fermée la parenthèse, la résistance n’aura duré que le temps d’un vote. Les parlementaires du Front de gauche n’ont, hélas, pas le nombre suffisant pour déposer cette saisine.

Et maintenant  ? Le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, socialiste, peut, comme l’autorise la Constitution, saisir le Conseil constitutionnel sur la modification de l’article 136 du traité de l’Union européenne. Ce serait tout à son honneur mais peu plausible. Certains proposent une campagne immédiate pour un référendum. Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, a clairement rejeté ce nouveau traité et annoncé qu’il appellerait au référendum s’il était élu. L’élection présidentielle est maintenant à moins de deux mois. Un des axes centraux de la campagne du Front de gauche est le refus des politiques d’austérité imposées par la troïka européenne ainsi que la solidarité avec le peuple grec et tous les autres peuples d’Europe frappés par les mêmes politiques de régression sociale. Le slogan « Prenons le pouvoir » exprime l’importance de la participation citoyenne. Quel meilleur et plus massif rejet de ce nouveau traité que le vote Front de gauche dans les semaines qui viennent  ?

Cette opposition se fera ainsi dans la clarté après le vote contre des parlementaires du Front de gauche. Tout appel qui fait l’impasse sur les positions prises par les différents partis politiques de la gauche, dont l’abstention massive des parlementaires PS qui avaient pourtant la possibilité d’envoyer un signal fort en Europe, est en retrait par rapport aux exigences du moment.

Aujourd’hui, la meilleure façon de donner la parole au peuple, bien plus qu’une pétition, c’est d’appeler à voter Front de gauche.

Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche et députée de Paris


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