Un homme de 34 ans, militant "actif" du Front National a reconnu être l’auteur du coup de feu qui a tué un pilote de quad, le jeune Karim Zaiter, qui avait été tué sur le coup, dans une cité de Limoges le 24 décembre dernier.
L’homme a reconnu avoir tiré des coups de feu en direction d’un groupe de jeunes tournant sur des quads, mais affirme n’ avoir pas voulu tuer. Il aurait réagi contre le bruit. Et les médias reprennent, sans sourciller, ou presque, les explications du suspect.
Comme lorsqu’il explique avoir tiré sans viser, au hasard, alors que le militant raciste était connu pour être un tireur sportif de haut niveau. Le hasard est aussi probable que la déclaration de Le Pen lorsqu’il dit être "de centre-droit"...
Une carabine 22 long rifle qui pourrait être l’arme du crime a été retrouvée au domicile d’un de ses proches.
D’autre part, des pistolets et des revolvers détenus illégalement ont également été retrouvés au domicile du suspect.
Ce dernier, connu des services de police pour des actes de violence volontaire, adhérent du Front national, a déclaré au cours de sa garde à vue ignorer que la victime était originaire du Maghreb.
Il avait été interpellé mercredi matin à son domicile sur la base des témoignages recueillis par les enquêteurs sur des comportements hostiles au voisinage.
Deux autres personnes proches du suspect également placées en garde à vue mercredi devaient être libérées jeudi, leur implication dans le meurtre ayant été écartée.
Karim Zaiter avait été mortellement touché par une balle de fusil 22 LR tirée du neuvième étage d`une des tours de la cité. Son nom s’ajoute à la longue liste des victimes des militants du Front National.
En effet, les actes racistes et antisémites ont considérablement augmenté dans notre pays à partir du début des années quatre-vingt.
La concomitance de ce changement avec l’émergence d’une extrême-droite politique forte ne relève pas du hasard.
Les manifestations de racisme antimaghrébin (menaces ou actions) répertoriées par le ministère de l’Intérieur tournaient autour de la cinquantaine par an en 1980 ou 1981, elles oscillent entre deux cents et trois cents par an depuis 1988 (pour des données précises, voir chaque année le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme).
Les agressions physiques sont devenues particulièrement nombreuses. Penchons-nous un instant sur trois cas directement imputables au Front National, qui ont eu lieu, il y a douze ans, en 1995. Ils ne sont pas exhaustifs. Mais représentatifs de cette haine du "différent" :
Le Marocain Brahim Bouarram, mort avant ses trente ans, sous le pont du Carrousel lors de la manifestation du FN, le 1er mai 1995, à Paris, fut de ceux-là. Le 12 mai, un jeune Rémois de 19 ans avoue l’avoir poussé dans la Seine ; il est inculpé avec deux autres jeunes de Reims. Les trois, sans être militants FN, sont allés à la manifestation dans les cars affrétés par le FN et sont connus pour être des sympathisants du mouvement pétainiste l’OEuvre française.
Le Pen aurait pu condamner ce crime raciste. Il préféra le légitimer en n’y voyant qu’un "incident". Un autre "détail" sans doute...
Jeune Français d’origine tunisienne, Imed Bouhoud, précipité par des skinheads dans un bassin du port du Havre, le 18 avril 1995. Son corps sera retrouvé le 7 mai. Le Pen parle de « dérapage » et y voit une justification de son refus de « la folle politique d’immigration » ;
Lycéen de 17 ans, fils de comoriens, tué dans la nuit du 22 février 1995 à Marseille d’une balle de 22 long rifle tirée dans le dos par des colleurs d’affiche de Jean-Marie Le Pen. Pour le chef du FN, "il s’agit d’un drame de l’autodéfense [...]. Je le considère comme une victime ainsi que ceux qui se trouvent impliqués dans cette affaire, victime de l’atmosphère qui règne dans ces banlieues ". Et il ajoute, sans vergogne : "Ce genre d’événement arrive toujours trois ou quatre jours avant que je ne sois appelé à m’exprimer sur un grand média" . Quelques jours plus tard, il va plus loin dans la défense des agresseurs : "ce sont des hommes modestes, ce sont des ouvriers", appelle à l’indulgence et proclame qu’il n’y a "aucune connotation raciste " dans ce drame. Incitation au racisme ici, absolution du racisme là, l’inspiration ne change pas.
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