La répression fait rage en Syrie : Les manifestants de plus en plus déterminés

vendredi 3 février 2012.
 

L’opposition a appelé à une journée de deuil et de colère mardi en Syrie après la mort de centaines de personnes dans l’escalade de la répression, à quelques heures d’une réunion d’un Conseil de sécurité de l’ONU divisé pour tenter de mettre fin au bain de sang.

Depuis vendredi, environ 300 personnes ont péri dans les violences dont des civils tués par les forces du régime et des militaires et déserteurs tués dans des affrontements armés qui font de plus en plus craindre que le pays ne sombre dans la guerre civile.

Le régime du président Bachar al-Assad, qui se targue de l’appui de son peuple pour venir à bout de la révolte populaire assimilée à du « terrorisme », a accentué la répression pour tenter d’étouffer rapidement la contestation, semblant mettre à profit l’appui russe et les divisions persistantes à l’ONU.

De l’aveu même des Affaires étrangères syriennes, « des coups durs ont été portés depuis trois jours aux groupes terroristes armés », le pouvoir restant déterminé à « se défendre contre le terrorisme et à faire échouer la politique des Etats-Unis et des Occidentaux semant le chaos ».

Lundi, une centaine de personnes -55 civils et 41 militaires et dissidents- ont péri dans les violences, en majorité à Homs (centre), haut lieu de la contestation, les déserteurs disant recourir aux armes pour défendre les civils, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les violences se sont aussi intensifiées aux portes de Damas. La banlieue nord-est est en état de siège avec des soldats se retranchant derrière d’innombrables sacs de sables et d’autres, déployés à l’entrée des villes, contrôlant les voitures et l’identité des passagers, selon les militants.

Face « aux massacres sauvages contre les civils dont des femmes et des enfants », le plus important groupe de l’opposition, le Conseil national syrien (CNS), a dit coordonner son action avec les militants animant la contestation sur le terrain, pour « une journée de deuil et de colère » à travers le pays. Le CNS a appelé dans un communiqué « les mosquées à annoncer des appels à la prière et les églises à sonner les cloches », en accusant le « régime despote d’utiliser des chars et des armes lourdes pour bombarder les quartiers ». Mais, a-t-il ajouté, le peuple « ne renoncera pas à sa révolution quels que soient les sacrifices », au moment où la contestation prend des allures de conflit armé avec la multiplication des combats entre militaires et dissidents.

Le CNS déplore aussi l’absence de « mesures rapides » de la communauté internationale « pour protéger les civils par tous les moyens disponibles » et estime que « le régime met à profit la couverture que lui procurent certaines parties régionales et internationale pour accentuer la répression ». Malgré la machine de guerre du régime qui frappe sans répit depuis le début de la révolte le 15 mars, la communauté internationale ne parvient pas à s’entendre sur les moyens de sortir de la crise, les Occidentaux optant pour les sanctions et pressions et Moscou et Pékin pour la non-ingérence. Les chefs de diplomatie des Etats-Unis et de pays d’Europe devaient s’exprimer plus tard dans la journée devant le Conseil de sécurité pour soutenir le plan de paix arabe.

L’Américaine Hillary Clinton, le Français Alain Juppé et le Britannique William Hague devaient réclamer que le Conseil sorte de dix mois d’inaction et adopte une résolution dénonçant la répression en Syrie -qui a fait des milliers de morts depuis la mi-mars- et appelant à une transition démocratique à Damas. Leur projet reprend les grandes lignes du plan arabe qui prévoit la fin des violences et le transfert des pouvoirs du président à son vice-président avant l’ouverture de négociations avec l’opposition et la formation d’un gouvernement d’union.

Mais la Russie, allié traditionnel de Damas, a réaffirmé son opposition, jugeant ce texte « inacceptable » et prônant des négociations informelles entre régime et opposition. Le chef du CNS, Burhan Ghalioune, qui se trouve à New York pour pousser à une résolution, a conditionné toute négociation à un départ de M. Assad, en estimant qu’ »un assassin du peuple ne doit pas superviser une transition ».

1er février Syrie : Les violences meurtrières n’arrêtent pas les manifestants

Les violences ont fait au moins 22 morts ce 1er février en Syrie, avec des opérations de sécurité meurtrières et des combats entre l’armée régulière et les soldats dissidents qui ont rejoint la contestation populaire du régime de Bachar al-Assad, selon des militants.

"Le régime utilise une force démesurée dans plusieurs régions de Syrie et la force de feu mise en oeuvre est la plus violente depuis le début de la révolution syrienne" en mars 2011, a commenté Rami Abdel Rahman, président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni.

Dans la province d’Idleb (nord-ouest), six civils ont été tués par les forces du régime, dont trois jeunes gens victimes d’une embuscade des milices loyales au régime dans le village de Talaad, selon l’OSDH. Toujours dans la même région, l’explosion d’un camion militaire a tué au moins un soldat à Ariha, où un civil a ensuite été tué par une balle perdue lors de combats entre les forces de l’ordre et un groupe de déserteurs, selon la même source. Dans la région de Homs (centre), 14 civils ont été tués, dont sept sous le pilonnage au mortier de Rastan, une ville où l’armée a subi "de grandes pertes en vies humaines et en matériel" depuis deux jours, selon l’OSDH.

Dans la banlieue est de Damas, l’armée a "pris d’assaut Irbine et Zamalka", a ajouté l’OSDH, affirmant que les rues de Irbine étaient "jonchées de cadavres" que personne ne pouvait enlever parce que les tirs se poursuivaient.

Parallèlement, des combats entre forces armées et soldats dissidents se poursuivaient dans plusieurs zones des provinces d’Idleb, Homs et Damas, selon la même source.

Ces violences n’ont pas fait taire les opposants au régime : à Daël (sud), près de 10.000 personnes ont participé en début d’après-midi aux funérailles d’un soldat dissident, transformant la cérémonie en manifestation contre le régime, selon l’OSDH. Des manifestations anti-régime ont également eu lieu à Basr al-Harir et à Deraa, où les forces de sécurité ont ouvert le feu, selon la même source.

AFP


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message