Je suis allé à Roissy soutenir les grévistes des agences de sureté aérienne (article et vidéo)

mercredi 28 décembre 2011.
 

Vendredi 23 décembre 2011 à 10 h, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche et Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, ont été soutenir les agents de sécurité en grève à Roissy Charles de Gaulle.

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Je suis allé à Roissy soutenir les grévistes des agences de sureté aérienne. La veille il y avait déjà eu un déplacement du Front de gauche sur place avec Marie-George Buffet et Eric Coquerel. Olivier Besancenot et Nathalie Artaud aussi étaient là. Eric et Marie-George étaient d’avis que je devais y aller le lendemain parce que les déplacements de cette sorte donnent du courage aux gens qui sont dans la lutte. J’ai donc annulé ma matinée et Pierre Laurent s’est joint à moi. Ensemble nous avons été nous porter au-devant des grévistes. Ils nous ont accueillis avec une chaleur formidable ! Il y a des images de tout ça. J’attire l’attention de mes lecteurs sur le fait que c’est très important de manifester de la solidarité humaine avec les gens qui luttent. Trop souvent de l’extérieur on croit qu’il s’agit d’une démonstration purement formelle. Mais ce n’est pas du tout comme cela que c’est ressenti sur place. Les gens dont il est question sont tous à petite paye. Leur vie est simple. La grève est un évènement majeur qui bouscule leur budget et toutes leurs habitudes de vie. C’est une sorte d’évènement hors du commun qui les projette dans une dimension où se mélangent à la fois l’enthousiasme et l’angoisse. Et tandis qu’ils sont plongés dans cette ambiance si bouleversante, la vie continue autour. Là ce sont des gens qui vont prendre leur avion et qui passent banalement au milieu des rangs des grévistes. Puis, ensuite, de retour chez soi, tout reprend comme avant, sauf la question lancinante de l’argent perdu en pleines fêtes où d’habitude se fait une plus grosse paye que d’habitude.

Je crois que vous avez tous compris qui sont ces gens et ce qu’ils demandent. Beaucoup sont à temps partiel subi. Tous vivent sous la menace permanente du licenciement ou de la diminution des heures accordées. Car il faut beaucoup mériter et être bien docile pour avoir le droit d’avoir des heures ! Les gens sont accrédités. Cela veut dire très surveillés. Pour un oui un non l’accréditation saute ! Et le droit de travailler aussi. Ce sont les personnels les plus fichés de France. Pour tout le monde les amplitudes horaires sont énormes. Une séquence à une heure, la suivante quelques heures plus tard. Impossible de rentrer à domicile pendant ce temps-là. Obligation de rester sur le site en attendant la reprise de son temps de travail. Tout ça pour sept cent euros. D’autres pour juste à peine plus que le smic. Le conflit porte sur la paye. La demande est de deux cent euros de plus.

C’est dans un conflit sur les salaires qu’est réquisitionnée l’intervention de la police. Je ne dis rien ici de la démonstration sur le caractère constitutionnel du droit de grève mis en cause. Je veux juste souligner l’aspect « guerre sociale » de la manœuvre. Les patrons savent depuis cinq jours que la grève va avoir lieu. Ils ne font qu’une chose de ce délai : organiser leur résistance. De son côté, le gouvernement qui mobilise la police pour que le trafic soit maintenu ne fait absolument rien pour obliger Aéroport de Paris à venir négocier, alors même que les employeurs des boites de sécurité y vont ! Je trouve que c’est une signature d’un état d’esprit de « guerre de classe » comme on aurait dit autrefois. Ce qui m’a frappé c’est l’extraordinaire maturité des gens dans cette affaire. C’est d’eux évidemment que j’ai tiré les phrases à prononcer quand j’ai pris la parole, selon la méthode que je respecte toujours dans ce genre de circonstances. Dire la vie qu’ils mènent. Féminiser les mots car les femmes engagées dans cette lutte sont nombreuses, meneuses et déterminées. Dire qu’ils ne se sentent ennemi de personne ni usagers ni même des policiers. Voila ce dernier point qui est le plus frappant.

C’est eux qui me l’ont dit : « les policiers ne sont pas nos ennemis ». On connait d’ailleurs les prises de position syndicales dans la police sur le sujet. J’ai eu le contact avec ces camarades. Ce que j’ai dit c’est ce qui est. Tout ce que Guéant a obtenu dans tout cela c’est que les policiers qui étaient là étaient très nombreux à être très mécontents de ce que on leur a fait faire ! Je ne sais pas comment va finir la lutte. Je crois que de toute façon elle aura élargi la base de révolte plutôt qu’elle ne l’aura réduite. Tous ces gens réfléchissent beaucoup à ce qui leur arrive. Il y a beaucoup de jeunes. Et beaucoup de jeunes parents. Et ceux qui sont plus âgés aussi ont impliqué toute leur famille dans l’action. J’ai posé la question dix fois pour savoir si « a la maison » ça suit. C’est important cette question. J’ai à l’esprit ce que m’ont dit les camardes de Conti l’autre fois. Tout le monde m’a dit que oui, la famille est solidaire. Je pense que ça a du beaucoup discuter dans les familles. On m’a aussi raconté les cas où le conjoint a dit « maintenant ça suffit c’est trop la misère ». Je reviens donc à mon point de départ. Il est important de donner des signes de solidarité humaine. C’est le cœur du moteur de la lutte.


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