Plan Fillon : Tour de vis contre le peuple

lundi 28 novembre 2011.
 

Comme redouté, le nouveau plan de rigueur annoncé le 7 novembre frappe les classes populaires et moyennes. Le premier Ministre a annoncé un "effort supplémentaire" de 7 milliards d’euros qui s’ajoute au plan de 11 milliards annoncé fin août.

François Fillon a essayé de dissimuler l’injustice de ses mesures derrière un écran de fumée. Le plan est censé faire payer les grandes entreprises. En fait seul un milliard viendra des 1 000 plus grosses entreprises du pays. Leur impôt sur les sociétés sera majoré de 5%. Rien ne dit que cette contribution soit durable.

Surtout, sans remise en cause des niches fiscales et sociales, les grandes entreprises continueront de payer moins d’impôts que les PME. De même, François. Fillon annonce un nouveau coup de rabot sur les niches de 2,6 milliards. C’est bien peu par rapport aux 70 milliards de cadeaux fiscaux du quinquennat Sarkozy. Même l’annonce de la suppression fin 2012 du dispositif Scellier, présentée comme une décision radicale, était en fait prévue depuis 2009 ! Et que dire de l’annonce du gel du salaire du président de la République, censé être déjà effectif puisqu’il est indexé sur le salaire -gelé- des fonctionnaires. Surtout, après s’être augmenté de 170%, le gel ne représentera pas un "effort" trop grand.

Derrière l’enfumage, l’attaque contre les ménages, la sécurité sociale et le service public est bien réelle : baisse des dépenses de 700 millions d’euros pour l’assurance maladie et de 500 millions pour l’Etat. Ces coupes s’ajoutent notamment à la taxe sur les mutuelles et à la poursuite de la RGPP annoncées en août.

Quatre mesures illustrent particulièrement l’injustice du deuxième plan Fillon. La première est l’accélération de la mise en œuvre de la réforme des retraites. L’an dernier, des millions de salariés s’étaient mobilisés pour refuser le recul de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans. La réforme prévoit que ce recul soit appliqué progressivement, à raison de 4 mois de plus par année, le seuil de 62 ans s’appliquant à partir de 2018. Ce rythme de relèvement, doublé du nombre d’annuités de cotisation requis (41,5 contre 35 en Allemagne) faisait déjà de la réforme Fillon la plus brutale d’Europe. Le gouvernement a décidé d’avancer l’application de l’âge de 62 ans de 2018 à 2017 et donc d’accélérer la transition à six mois de plus par an. C’est un mauvais coup de plus porté à ceux qui vont partir à la retraite dans les années qui viennent.

La deuxième mesure injuste est le gel des tranches du barème de l’impôt sur le revenu. Habituellement, le niveau de chaque tranche est revalorisé chaque année selon l’inflation. Le gel signifie que l’impôt sur le revenu va augmenter pour de nombreux ménages. Cette mesure frappera toutes les tranches d’impôt et pas seulement les tranches supérieures. Selon le Syndicat National Unifié des Impôts, un contribuable ayant gagné 17 000 euros en 2010 a payé 678 euros d’impôts en 2011. S’il a été augmenté comme l’inflation, à savoir 2,1%, il aurait dû payer le même montant d’impôt l’an prochain. Avec le gel du barème, il paiera finalement 833 euros. Par contre, ni le nombre de tranches, ni les taux appliqués pour les tranches supérieures ne seront relevés ce qui aurait pourtant rendu l’impôt sur le revenu plus progressif donc plus juste. De même, si le gouvernement a annoncé le relèvement de 19 à 24% du prélèvement forfaitaire sur les revenus du capital, ceux-ci resteront moins taxés que les revenus du travail. Pour rétablir l’égalité, il faudrait que les revenus du capital cessent de bénéficier d’un régime particulier et soient intégrés à l’impôt sur le revenu.

Dans le même temps, le gouvernement a annoncé un changement du mode de revalorisation des prestations sociales. Jusqu’à présent elles étaient revalorisées chaque année en fonction de l’inflation. Dorénavant elles seront revalorisées selon la croissance. A titre d’exemple, l’inflation attendue en 2012 est de près de 2%. La croissance espérée de 1%. Les allocations vont donc perdre 1% de pouvoir d’achat. C’est une décision totalement absurde car elle aggrave la crise économique. Si la croissance est faible, le pouvoir d’achat des allocations baissera alors que la consommation est le principal moteur de l’activité. Sont notamment concernées l’allocation logement (6 millions de foyers bénéficiaires) et les allocations familiales (4,4 millions de foyers bénéficiaires). Des millions de ménages seront donc ponctionnés pour récupérer 400 millions d’euros par an soit moins que ce que coûtait le bouclier fiscal.

Cette attaque contre le pouvoir d’achat populaire va peser d’autant plus lourd que le gouvernement a relevé le taux réduit de TVA de 5,5% à 7%. Seuls l’alimentation et les produits pour les handicapés y échapperont. Les abonnements à l’électricité et au gaz, oubliés dans un premier temps, resteront finalement aussi à 5,5%. Mais d’autres produits et services de "première nécessité" vont augmenter. Il en est ainsi des titres de transports en commun, des médicaments non remboursables, des maisons de retraite, des cantines d’entreprises et scolaires, des services à la personne (garde d’enfant, aide à domicile etc.), de la fourniture d’eau etc. Le logement social sera aussi particulièrement frappé. L’achat de terrains pour construire des HLM, la construction de logements HLM et les travaux d’entretien et réparation voient leur TVA passer de 5,5% à 7%. Cela représente un surcoût de 250 millions d’euros par an pour les organismes HLM. Une somme qui manquera pour construire ou rénover des logements à moins d’être compensée par une hausse des loyers ! Le relèvement de la TVA touchera donc la vie quotidienne. Il touchera plus les pauvres que les riches. Il devrait rapporter 1,8 milliard d’euros par an. C’est exactement ce qu’a perdu l’Etat avec la réforme de l’ISF de juin 2011. Faire payer les pauvres pour cajoler les riches. Tout un symbole !

1945, référence dangereuse pour l’UMP

Fillon a annoncé "le budget le plus rigoureux depuis 1945". A croire qu’après dix ans au pouvoir, l’UMP laisse la France dans le même état de dévastation qu’après-guerre. Surtout, Fillon oublie que malgré la situation très difficile, c’est à la Libération qu’a été instituée la Sécurité Sociale. Il aura du mal à faire croire que ce qui était possible en 1945 ne l’est plus aujourd’hui !

La culture pénalisée

Le relèvement de la TVA à 7% concernera nombre de biens et services culturels. Le livre est l’exemple le plus frappant. Mais les places de cinéma, de théâtre et de concert sont aussi concernées. Pour l’UMP, la culture n’est clairement pas un besoin de "première nécessité". Pourtant, face à la crise et à la dépression économique, la réflexion, la découverte et les plaisirs de l’esprit sont de salubrité publique !

Fillon gouverne par "effraction" ?

Mardi 8 novembre à l’Assemblée, François Baroin, ministre des finances a accusé la gauche d’avoir pris le pouvoir "par effraction" en 1997. Mais il n’a pas visiblement pas été gêné d’entendre François Fillon annoncer un plan qui court jusqu’en 2016, sans se soucier des élections de 2012 !


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