1) L’attentat
2) Communication gouvernementale mensongère
3) Journaux et mensonges gouvernementaux
4) Le mensonge éclate ; les Espagnols donnent une majorité à la gauche
Conclusion Il est temps de réagir
1) L’attentat
Jeudi 11 mars à l’aube, une dizaine d’hommes déterminés roulent vers la gare d’Alcala de Henares dans une Kangoo blanche qu’ils ont volée Là, vers 7 heures, ils montent tour à tour dans quatre trains de banlieue qui transportent chaque jour 5000 voyageurs vers Madrid Ils déposent 14 sacs à dos remplis d’explosifs puis redescendent.
En 3 minutes, de 7h34 à 7h 37, dix bombes explosent sur le circuit ferroviaire entre Alcala de Henares et la gare d’Atocha ( 1 dans la gare de Santa Eugenia, 2 dans la gare d’El Pozo, 3 dans la gare d’Atocha, 3 à proximité de cette dernière).
Dès ce 11 mars, les policiers espagnols sont sur la bonne piste grâce à une fourgonnette volée (trouvée en fin de matinée) et à une sonnerie de portable à l’intérieur d’un sac qui n’a pas explosé. Quel est le contenu de ce sac ? 10,2 kg de dynamite Goma2 et 600 grammes de mitraille ; des dizaines d’empreintes digitales sont relevées. Plusieurs autres indices orientent immédiatement de façon privilégiée vers la piste intégriste islamiste, en particulier le corps d’un kamikaze retrouvé dans les décombres "vêtu de trois couches de sous-vêtements et rasé de très près" comme c’est leur coutume.
Fourgonnette, sac non explosé et empreintes digitales permettent de remonter rapidement les filières et d’arrêter le 13 mars des cadres de l’opération : Jamal Zougam, propriétaire d’une boutique de téléphonie mobile, son demi-frère Mohamed Chaoui, plusieurs autres marocains, deux musulmans indiens, un syrien...
L’affaire est claire comme de l’eau de roche.
2) Communication gouvernementale mensongère
Le Parti Populaire, largement héritier du franquisme, veut utiliser ces attentats pour améliorer son score aux législatives du 14 mars au détriment du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, accusé de manque de fermeté face à ETA durant la campagne.
Aussitôt après l’explosion des bombes, le ministre de l’intérieur Agel Acebes affirme "sans aucun doute" que l’attentat est signé ETA. Le 11 mars à minuit, le porte parole du gouvernement Eduardo Zaplana répète à la télévision publique : tout porte à croire qu’il s’git d’ETA. Télés, radios et journaux reprennent en boucle sa déclaration. Le ministère des Affaires étrangères envoie à tous les ambassadeurs un télégramme leur donnant pour consigne de "confirmer la responsabilité d’ETA".
Le 12 mars au soir, une marée d’environ 10 millions d’Espagnols envahit les artères de toutes les villes (2 millions à Madrid, 1 million à Barcelone...) aux cris de "Basta ya ! ETA No !" "Asesinos" avec des banderoles et slogans ciblant ETA.
Aznar est en train de réussir son coup médiatique et ne se prive pas d’en rajouter : "De nombreux indices donnent comme hypothèse logique la piste de la bande terroriste bien connue dans notre pays... lorsqu’un dirigeant ayant deux doigts de jugeote, en Espagne, après trente années de terrorisme, se trouve devant un attentat comme celui d’hier, il ne peut que penser logiquement et raisonnablement qu’il s’agit de la bande terroriste."
Durant plusieurs jours, malgré les progrès rapides de l’enquête vers la piste islamiste, le gouvernement de droite continue à dénoncer prioritairement ETA. C’est ce qu’affirme par exemple Mariano Rajoy, leader du Parti Populaire pour les législatives : "Il y a certaines données, qui en mon for intérieur, me font penser qu’il s’agit d’ETA". Pire, cet ancien ministre de l’intérieur s’appuie sur les responsables de la lutte antiterroriste pur assurer que "l’enquête privilégie en priorité la voie de l’ETA".
3) Journaux et mensonges gouvernementaux
Toute la presse a embrayé sur la communication gouvernementale.
Le journal catalan El periodico titre "Le 11 mars de l’ETA". Même El pais barre sa Une d’un grand "Le massacre de l’ETA du 11 mars".
Qui a bien pu donner directement aux directeurs de journaux et rédacteurs en chef, l’ordre de désigner ETA comme coupable ?
Le directeur d’El periodico répond Jose Maria Aznar, président du gouvernement lui-même "Le premier appel est intervenu vers midi... Les lecteurs ont le droit de savoir que cela s’appuyait sur ce que m’a dit textuellement Jose Maria Aznar en tant que président du gouvrenement " C’est ETA, je n’ai pas le moindre doute" a-t-il indiqué avant de donner quelques explications sur ce qu’il pouvait me dire concernant l’enquête, les preuves et les antécédents... Le soir même alors que nous préparions l’édition du lendemain... Aznar m’a demandé cordialement de ne pas me tromper : je confirme que l’ETA est responsable".
Le Comité intercentral des journalistes espagnols va bientôt confirmer la pression exercée sur eux par le pouvoir politique "Depuis le 11 mars, nous devions dire que toutes les pistes menaient à ETA".
4) Le mensonge éclate ; les Espagnols donnent une majorité à la gauche
Les preuves évidentes de la culpabilité du réseau islamiste s’ajoutant à la déontologie professionnelle de certains policiers et journalistes amènent à une grande révélation à la veille des législatives :
LE GOUVERNEMENT ET LE PARTI POPULAIRE ONT MENTI POUR DES RAISONS POLITICIENNES
Dimanche 14 mars 2004, les Espagnols donnent une majorité à la gauche et Jose Luis Zapatero va remplacer Aznar.
Conclusion Il est temps de réagir
ll ne faut pas sous-estimer la gravité de la manipulation de l’opinion tentée par le Parti Populaire.
Aznar, Berlusconi, Sarkozy, Blair et bien d’autres savent parfaitement utiliser les médias pour asseoir leur domination idéologique sur les citoyens. Ils se prétendent défenseurs de la démocratie et n’en sont que des fossoyeurs intelligents.
Il est temps de réagir et de mener bataille pour que les medias soient préservés des pressions économiques et politiques sinon nous risquons d’être marginalisés dans la vie réelle des citoyens.
Jacques Serieys
Date | Nom | Message |