Sarkozy, en 2008, assurait n’avoir jamais reçu mandat pour toucher à la retraite à 60 ans, il complétait en affirmant que cela n’était pas nécessaire et qu’il la maintiendrait donc. Il se reniait en 2010 et trahissait sa parole en imposant ensuite avec Woerth et Fillon une loi pour la retraite à 62 ans et à 65 ans à taux plein.
Sans qu’il n’y ait eu aucune urgence, aucune obligation significative nouvelle, sauf paraît-il, le chantage des fameuses agences de notation partiales et corrompues. Soudainement, ça n’était plus une question de démographie ou d’allongement de la durée de la vie, mais une nécessité prétendument due « à la crise ». Ils ont imposé cela aux forceps contre 8 millions de manifestants et contre 75 % de l’opinion. Mais cela ne leur suffit pas, plus rien ne les arrête : Fillon vient d’annoncer la retraite à 67 ans. Il nous traite comme la troika UE/BCE/FMI traite les salariés Grecs.
Cet homme ignore ce qu’est une vie ordinaire à s’user au travail : il n’a jamais fait les 3X8 les 4X8, travaillé par cycle de nuit, enfoncé un marteau-piqueur, il n’a jamais pensé à un vieil instituteur à cheveux blancs de 62 ans devant sa classe de 35 gamins. Il n’a jamais regardé une infirmière âgée courir dans les couloirs de l’hôpital. Il ne sait pas que 85 % des maladies sont des TMS (troubles musculo-squelettiques), que 5 millions de salariés sont contraints à des ports de charge. La biologie du corps humain est inchangée entre 55 et 65 ans et le travail est plus dur que jamais. Fillon feint d’ignorer que 2 salariés sur 3 sont écartés du travail à partir de 55 ans. Il ne sait pas qu’un jeune commence à pouvoir travailler vers 29 ans. Il veut cacher le fait que la moyenne réelle d’annuités cotisées est de 36 en France.
Il veut aligner la retraite à 67 ans sur l’Allemagne, mais en Allemagne c’est envisagé seulement pour l’an 2030 et il n’y a nécessité de cotiser qu’à hauteur de 35 ans. En Allemagne, ils ont fait un point d’étape en septembre 2010 sur la durée réelle de départ en retraite et en moyenne, les salariés partaient nettement avant 60 ans, alors les syndicats ont changé d’avis et contestent même le « plan Hartz IV » qu’ils avaient signé pour allonger la durée de travail sur la vie… dans 20 ans.
Fillon affirme qu’il veut aligner les droits entre France et Allemagne, mais c’est exactement le contraire de la lettre et l’esprit du fameux Traité constitutionnel et du traité de Lisbonne qui interdisaient « l’harmonisation des droits sociaux et fiscaux ». S’il doit y avoir rejet de ces maudits traités et harmonisation des droits sociaux, alors que ce soit selon la clause de faveur :
Les salariés allemands ont 29,1 jours fériés. Alors ? on s’aligne !
Les salariés allemands travaillent 1 432 heures par an. Alors, on s’aligne !
Le salaire moyen allemand est de 39 440 euros. Alors, on s’aligne !
Et inversement la durée légale en France est de 35 h, les Allemands s’alignent ! Et on construit un Smic européen le plus vite possible.
Fillon fait partie de cette caste de néolibéraux sans frein, sans retenue quand il s’agit de voler les salariés pour donner aux actionnaires. Cynique comme son maître Sarkozy, menteur et truqueur comme lui, il n’a pas de frein : avec ces gens-là, s’ils étaient, par malheur, réélus, vous reviendriez vite au XIXe siècle.
Retour au droit à la retraite à 60 ans sans décote. Respect des durées moyennes réelles d’annuités cotisées : actuellement 36 dans les faits. 35 h partout en Europe pour lutter contre le chômage. Smic européen pour lutter contre la misère.
Gérard Filoche
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