Comment les fabricants d’armes israéliens bénéficient des fonds européens pour la recherche

dimanche 13 novembre 2011.
 

Israël est le principal partenaire étranger dans « le programme cadre » de l’Union Européenne pour la re-cherche scientifique auquel a été alloué 53 milliards d’euros entre 2007 et 2013. L’UE est la seconde source de financement de la fondation israélienne pour les sciences basée à Jérusalem.

Israël escompte que son investissement dans l’actuel programme européen atteindra une valeur d’au moins 500 millions d’euros d’ici sa conclusion en 2013.

Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, l’UE a décidé ces dernières années que les entreprises d’armement pouvaient recevoir des financements pour la « recherche en sécurité ». Dix des 45 projets initiaux présentés par l’UE comme étant de la « recherche en sécurité » ont impliqué des entreprises et des institutions universitaires ou d’état israéliennes.

Motorola-Israël, par exemple, prend part au projet « iDetect 4All », un projet de surveillance financé par l’UE destiné à envoyer des alertes sur des activités suspectes à proximité de bâtiments ou des ressources ayant une valeur économique. Motorola est le premier fabricant de fusibles pour les bombes utilisées par l’aviation israé-lienne. Des composants d’armements munis d’une étiquette Motorola ont été découverts par les enquêteurs de Human Rights Watch qui avaient fouillé les sites bombardés par Israël à Gaza à la fin de 2008 et au début de 2009. Les fusibles Motorola sont également un élément central de la bombe avec laquelle Israël a massacré au moins 28 civils, en majorité des enfants, réfugiés dans un immeuble d’habitation à Qana, au Liban, en 2006.

Le projet « iDetect 4All » est susceptible de s’appuyer sur l’expérience acquise lors de l’utilisation des tech-nologies de surveillance en Cisjordanie occupée. Au cours de ces cinq dernières années, un système radar Moto-rola d’une valeur de 158 millions de dollars a été installé dans 47 colonies de peuplement israéliennes. « The Jeru-salem Post » a décrit le système comme une barrière « virtuelle » qui utilise des caméras thermiques pour repérer « les intrus ».

Ce ne sont pas tous les projets financés par l’UE et impliquant Israël qui relèvent de la catégorie de la re-cherche en sécurité. Israël participe aussi à la recherche en sécurité routière et à la recherche environnementale. Il est cependant instructif de constater que les entreprises d’armement israéliennes soient apparemment investies dans des projets civils, ce qui laisse supposer que les technologies qu’ils y développent peuvent avoir des applications militaires.

Israel Aerospace Industries (IAI), le fabricant des avions de guerre utilisés par Israël dans les territoires pa-lestiniens occupés, a également bénéficié de plusieurs projets financés par l’Union Européenne. Il s’agit notam-ment du projet « Clean Sky », visant à développer des moteurs d’avion plus respectueux de l’environnement. La Commission européenne a confirmé que IAI sera en mesure de faire enregistrer des brevets sur les innovations réalisées dans le cadre de ce projet, lui permettant d’utiliser à des fins militaires les fruits de la recherche financée par les contribuables européens.

Elbit, la plus grande compagnie privée d’armes en Israël, participe à un projet intitulé CAPECON (Civil Appli-cations and Economical Effectivity of Potential UAV Configurations). Son objectif est de fournir un plan de vol à des engins aériens sans pilote (UAV) dans l’espace aérien civil en 2015. Plus connus sous le nom de « drones », les engins volants d’Elbit ont été fréquemment utilisés dans les attaques contre les civils palestiniens ainsi qu’en Afghanistan et en Irak. Thomas Bingham, un juriste britannique de premier plan, a comparé ces armes aux mines terrestres et aux bombes à fragmentation et a estimé qu’elles étaient aussi cruelles « car elles sont au-delà de ce qui est humainement supportable ».

Israël est étroitement lié aux activités de recherche de l’UE sur les nanotechnologies. À la suite de la guerre d’Israël contre le Liban en 2006, Shimon Peres (devenu président israélien) a exprimé le désir de voir les nano-technologies devenir les armes de l’avenir. Bien qu’Israël ait plus récemment voulu donner l’impression que la plu-part de ses activités de recherche en nanotechnologie étaient de nature médicale, l’intérêt d’Israël dans ce do-maine scientifique ne peut pas être séparé de l’occupation de la Palestine. La stratégie nationale israélienne con-cernant les nanotechnologies est mise en œuvre avec les conseils de représentants du ministère israélien de la défense et l’ancien président de « Rafael », l’autorité israélienne pour le développement d’armes.

Dans un rapport publié en 2004, le réseau euro-méditerranéen des organisations des droits de l’homme a documenté la façon dont les entreprises dans les colonies israéliennes situées sur les hauteurs du Golan et dans la vallée du Jourdain, ont bénéficié de subventions européennes pour la recherche. La participation de ces entre-prises dans les activités de l’UE contredit les déclarations selon lesquelles seuls des organismes situés à l’intérieur des frontières israéliennes internationalement reconnues étaient en droit de coopérer avec l’Union.

Ce document a été établi par David Cronin, un journaliste irlandais qui vit à Bruxelles. Son ouvrage « Europe’s Unholy Alliance with Israel » sera publié chez Pluto Press en 2010.


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