Notre enjeu pour 2012 ? Vaincre la résignation.

jeudi 16 juin 2011.
 

Pour ce qui est des peuples, en Europe, entre indignation et résignation, le commun balance. Ce qui prédomine à cette heure est le rejet. L’abstention domine partout, quelle que soit l’élection. Cela a été tant de fois disséqué ici qu’il n’est pas besoin d’y revenir aujourd’hui. Mais comme notre propos n’est pas d’attendre la situation idéale pour agir, demandons-nous comment nous pouvons atténuer le choc de la démobilisation civique sur notre plan de marche. Je résume mon idée. Quel est notre enjeu ? Vaincre la résignation. Notre difficulté est double. Aussi pénible que ce soit à admettre, la droite va se présenter comme l’évidence. Travaille pour elle l’énorme force de l’univers des mots et des certitudes préfabriquées : la mondialisation incontournable, le libre échange obligatoire, la contrainte extérieure indépassable et ainsi de suite. Le deuxième niveau de difficulté est que ces mots sont aussi ceux des sociaux libéraux. Double blindage du système. Pour beaucoup ces récitations sont celles qui leur coupe les jambes et les détourne de toute politique. Nous sommes alors inaudibles. Comment percer le blindage ? En travaillant sur ses failles d’une part et en s’ancrant dans ce qui peut bouger dans la société d’autre part.

La clef de notre campagne est dans son ancrage. Ce n’est pas d’une technique de démarchage dont je parle mais d’une méthode politique. L’implication populaire que nous souhaitons pour le gouvernement que nous voulons, commence sa construction dans la campagne. Faire campagne ce n’est pas seulement aller récolter. C’est d’abord beaucoup semer. Il faut travailler en sorte que ceux qui auront été à notre contact ne soient plus les mêmes après qu’avant, dans leur façon de voir les choses et dans leur niveau d’exigence. Peu de formation peuvent, comme nous, avoir cet objectif et cette méthode. A gauche personne d’autre ne le peut à même échelle. Le PS n’est plus un parti de militants. C’est un parti d’élus et de candidats. De clients et de fournisseurs. Dès lors le localisme règne en maître sur le niveau et l’intensité de l’activité politique individuelle. Chacun a pu en mesurer les conséquences au cours des précédentes élections générales nationales. Je ne crois pas que le PS puisse redresser cette situation à court terme. Qui s’en occuperait, d’ailleurs ? C’est une faille propice pour nous.

Certes, nous serons écrasés par les millions de l’UMP et du PS mis sur la table, les connivences médiatiques et les parentés. Autant se le dire une bonne fois et vivre sans l’illusion d’être accepté un jour à la table des puissants. A quoi bon, de toute façon ? Il nous faut tranquillement aller trouver notre excellence là où elle est. Sans mythifier ni transposer, souvenons-nous de notre campagne de 2005 pour le non. C’est à cette méthode qu’il faut se reporter. Elle implique bien davantage que ce qu’exprime le mot « collectif », prétexte souvent au droit de veto sans visage du dernier qui veut parler. La première caractéristique de nos façons de faire est le goût de l’action. Agir, aller venir, rencontrer les uns puis les autres, fraterniser, s’identifier, cultiver en soi le goût de la rencontre et du contact. On ne fait pas campagne autrement qu’on se prépare à gouverner. La seconde caractéristique doit être la liberté d’action. Elle n’est pas à revendiquer, elle est à faire vivre. Chacun sait souvent bien que faire et ou le faire, du moment aussi que les outils de base pour agir sont mis à la disposition de chacun pour qui en a besoin. Tout ce qui sera acquis de cette manière rejaillira sur l’ensemble de la scène politique. En particulier si nos thèmes entrent à leur façon dans les enjeux du premier choc public de la campagne que sera la primaire entre socialistes. La question n’est pas que les socialistes discutent de nos idées. Certes ils pourraient bien avoir du mal à passer a côté. Mais l’essentiel est qu’en les écoutant se confronter chacun trouve le goût de s’intéresser à l’ensemble des propositions mises sur la table à gauche.

Ainsi le choc de la primaire socialiste peut élargir notre écoute tout simplement parce qu’il brise le mur du bipartisme pendant quelque temps. Car la bataille entre les prétendants sera vigoureuse. Il en est ainsi compte tenu d’abord de l’identité des programmes. En principe tous ont voté, sans exception le même projet. S’ils sont d’accord sur tout qu’est-ce qui va les distinguer ? Des nuances ne suffiront pas. Car on connait l’influence des sondages sur le choix des votants à ce type de primaire. A cette heure la proximité des intentions de vote annoncées, du moins pour les finalistes présumés, pousse à ne pas se ménager. Enfin, le nombre des compétiteurs amplifie cette tendance. Chacun doit éviter d’être à la queue du classement. De sorte que la compétition ne décroitra pas avec le rang de départ. Pour finir n’oublions pas l’impact des méthodes qui vont se déployer pour le vote des clientèles aux primaires. De tout cela il ne faut retenir qu’une chose. La primaire socialiste, si elle est disputée, ne lui donne pas les moyens d’entrainer aveuglément derrière elle. Elle ne permettra pas d’éteindre le débat et de passer immédiatement au vote utile. Je crois donc que cela peut élargir l’écoute pour notre alternative aux préjugés et aux idées dominantes.


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