DSK devant le Tribunal des condamnés d’avance !
D.S.-K. C’EST EXQUIS !
Lundi 2 mai à 20h
Pourtant, une poignée d’extrémistes poursuit notre futur président devant le Tribunal des condamnés d’avance.
Mais de quoi notre exquis futur-Président peut-il bien être accusé ?
C’est ce que vous apprendrez au Théâtre Dejazet, à l’appel des AMG de Là-bas si j’y suis, les amis de Fakir, l’AL (association Lancry) et le CVMV (Cercle vélocipédiste marxiste de Vincennes).
Avec le Président du Tribunal : Daniel Mermet, le Procureur : Gérard Mordillat, le Producteur stagiaire : François Rufin et l’Avocat de la défense : Christophe Clerc.
Et des témoins et experts : Frederic Lordon, Pierre Carles, Jacques Sapir, Bertrand Rothé, Odile Conseil, Anaelle Verzaux, Gérard Filoche, Frederic Pagès, Philippe Cohen, etc.
Venez défendre la gauche de droite !
DSK comparaissait pour, entre autres :
* « vol et usurpation de valeurs de gauche,
* privatisation à outrance,
* appauvrissement avec préméditation des peuples grec et portugais avec prêts inappropriés »…
L’audience, prévue en soirée au théâtre Dejazet, a attiré près de 300 personnes pendant plus de trois heures. Une petite partie s’est évadée à l’entracte, tant les débats étaient longs et l’équilibre entre humour et sérieux parfois difficile à atteindre.
Mais ce « tribunal des condamnés d’avance », déjà responsable depuis 2003 des jugements de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Bernard-Henri Lévy et Bernard Kouchner, a tout de même des mérites.
Rappeler quelques faits négligés n’en est pas le moindre, notamment le rôle de DSK dans le Cercle de l’industrie, qu’il a cofondé, et qui lui permet depuis presque vingt ans de maintenir des liens avec les patrons du CAC 40. Beaucoup d’anecdotes tirées d’un livre ancien, « Les Vies cachées de DSK » (paru au Seuil en 2000) viennent éclairer le presque-futur candidat à la candidature socialiste d’un jour peu exploré aujourd’hui.
« DSK n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche »
Reste que face à un président du tribunal (Daniel Mermet), un procureur (Gérard Mordillat), un procureur stagiaire (François Ruffin) et des témoins classés « à la gauche de la gauche » (Gérard Filoche, Frédéric Lordon…) ou à la plume acerbe (Frédéric Pagès, Odile Conseil…), le directeur général du FMI n’est pas facile à défendre.
A la demande de la direction de France Inter, un proche de DSK devait assurer sa défense. Contactés, Jean-Christophe Cambadélis et Olivier Ferrand ont décliné.
C’est donc un économiste proche du socialiste, Jean-Marc Daniel, qui a enfilé une robe d’avocat et plaidé auprès d’un véritable plaideur, Me Christophe Clerc, qui n’est pas un strauss-kahnien mais un authentique membre du noyau dur botulien (NoDuBo). Les défenseurs s’en sont plutôt bien sortis.
Florilège, forcément partiel, de citations extraites des débats.
Témoin Gérard Filoche (membre du bureau national du PS, il soutient Martine Aubry mais votera DSK face à Sarkozy) sur les 35 heures :
« Sur la question des 35 heures, je me suis heurté à mon camarade DSK : il était contre les 35 heures. DSK dit tout ce que les peuples, les salariés, ne veulent pas. »
Avocat Jean-Marc Daniel :
« En 1992 à l’Assemblée nationale, Martine Aubry a déclaré que “les 35 heures sont une aberration économique”. »
Témoin Jacques Cossart (membre du conseil scientifique d’Attac) sur les privatisations :
« Toutes les privations organisées par DSK entre 1997 et 2000 sont un succès pour les propriétaires du capital, mais un vaste désastre pour les citoyens et le service public. »
Avocat Christophe Clerc :
« Le produit des privatisations a servi à rembourser la dette. France Télécom était en quasi-faillite au moment de sa privatisation, et les banques ont été vendues à des mutuelles, ce qui montre un souci d’une forme alternative d’actionnariat. »
Procureur stagiaire François Ruffin sur les liens de DSK avec le grand patronat :
« En 1993, il demande 200 000 francs à des patrons pour créer le Cercle de l’industrie, qui lui paie une secrétaire, un chauffeur et une voiture. Comme il était avocat, il aurait pu aller défendre des salariés aux prud’hommes, mais il n’y a pas pensé. »
Avocat Christophe Clerc :
« Quand il fait des cadeaux aux riches, vous râlez, quand il prend de l’argent aux riches vous râlez aussi ! »
Témoin Anaëlle Verzaux sur le riche train de vie de DSK :
« Difficile de faire avaler aux milieux populaires que DSK est le candidat qu’il leur faut. »
Avocat Jean-Marc Daniel :
« DSK n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Il fait pareil qu’Anatole France, qui était riche et disait qu’il ne luttait pas contre la pauvreté en étant pauvre lui-même, mais en faisant en sorte que le Parti communiste gagne. »
Témoin Frédéric Lordon sur le référendum de 2005 sur le TCE. Il cite une vidéo de campagne tournée à l’époque par DSK :
« Il critiquait une Europe “trop libérale”, une “Europe des marchés”, une “Europe en panne et en berne” [sic]. [Or ce traité a imposé] un modèle de politique économique absurde dont la surveillance est confiée au marché des capitaux. »
Avocat Jean-Marc Daniel :
« Tous les socialistes sont un peu complices dans cette histoire. Et les articles déjà adoptés que vous critiquez datent du traité d’Amsterdam, adopté sans aucune opposition par la majorité de gauche, PCF compris. »
Réquisitoire du procureur Gérard Mordillat :
« DSK est un homme de gauche post-moderne, c’est-à-dire un homme de gauche de droite […].
Je réclame que DSK soit condamné à la peine la pire, à la peine la plus juste, à découvrir le réel : vivre la vie de millions de travailleurs pour lesquels FMI signifie “fins de mois impossibles”. »
Plaidoirie de l’avocat Jean-Marc Daniel :
« Je vais vous citer Alexandre Ledru-Rollin, un homme bien oublié sauf pour l’avenue et la station de métro qui portent son nom. Un jour qu’on lui demandait pourquoi il avait pris une décision jugée absurde, il avait répondu qu’elle venait de ses partisans : “Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef.”
Faites de DSK votre chef, et ils vous suivra. »
Plaidoirie de l’avocat Christophe Clerc :
« Si l’on suit vos critères, la gauche a vraiment été au pouvoir pendant deux ou trois douzaines de mois sur les 140 dernières années.
Jaurès disait que l’individualisme et le socialisme n’étaient pas incompatibles […]. Le problème de la gauche, c’est son incapacité à transformer la dénonciation en espoir. »
Source de l’article :
Date | Nom | Message |