Place du Capitole bondée. Rues adjacentes saturées sur une cinquantaine de mètres. Rue Lafayette de Wilson au Capitole pleine. Place Wilson également remplie. Milliers de drapeaux. Milliers de jeunes. Chaleur humaine torride malgré l’averse. Présence forte des NPA rejoignant le Front de Gauche.
Dans une vie militante, certaines journées apportent le succès et la joie nécessaires pour compenser les échecs et les moments pénibles.
Ce meeting toulousain du 5 avril 2012 représente à coup sûr un grand succès. Aucun politique expérimenté présent ne s’y est trompé ; aucun média n’a affirmé le contraire.
A) Vive la ville rose du Midi rouge !
J’ai toujours aimé cette ville de Toulouse :
pour tout ce qu’elle m’a donné entre 1968 et 1975 et tous les amis chers que j’y ai gardés
pour ses rues qui me rappellent toutes d’innombrables souvenirs, ne serait-ce que nos manifestations interdites donc nécessairement ancrées en des lieux très changeants
Les manifestations interdites clandestines à Toulouse dans l’après 1968
pour son histoire républicaine et socialiste que j’ai analysée rue par rue afin de rédiger ma maîtrise d’histoire sur Toulouse de 1932 à 1936
pour son rôle de capitale occitane, ma langue maternelle dans un fief du catharisme
pour sa citoyenneté à fleur de peau qui la rend facilement rebelle et imprévisible
pour ses richesses patrimoniales et culturelles
Ce soir, j’aime encore plus Toulouse car me voilà ce soir membre d’un même mouvement politique, le Front de Gauche, avec de nombreux copains avec qui nous avions tenté de bousculer le monde impuissanté des puissants dans les années 1968
Ce soir, j’aime encore plus Toulouse car elle m’a encore permis de vivre une journée merveilleuse avec des flashes à faire longtemps rêver un militant : Place du Capitole bondée. Rues adjacentes saturées sur une cinquantaine de mètres. Rue Lafayette de Wilson au Capitole pleine. Place Wilson également remplie. Milliers de drapeaux. Milliers de jeunes. Chaleur humaine torride malgré l’averse. Présence forte des NPA rejoignant le Front de Gauche.
Politiquement, le Front de Gauche a franchi plusieurs nouveaux paliers dans cette splendide réunion du 5 avril 2012.
Une réussite organisationnelle
N’ayant assumé aucune responsabilité politique ou technique dans la préparation de l’évènement,
je félicite chaleureusement les nombreux bénévoles qui se sont dépensés sans compter dès le petit matin, souvent trois fois plus nombreux que le nécessaire
je félicite les 340 membres du service d’ordre qui ont sécurisé un rassemblement couvrant une étendue aussi vaste
Un palier d’affluence
Organiser un meeting sur cette vaste place du Capitole alors que le ciel menaçait de déverser des trombes d’eau, quel pari osé ! Pourtant, nous avons vu arriver une foule au moins double des prévisions optimistes.
Nos camarades d’Ariège, du Tarn, du Tarn-et-Garonne, du Gers, des Hautes Pyrénées... racontaient tous des anecdotes sur la puissance de l’écho rencontré par cette initiative. On louait un car pour partir d’une ville, quelques jours plus tard, il fallait en réserver un autre puis un troisième. Résultat : 165 bus alignés sur les allées Jean Jaurès interdites à la circulation tant le flot humain les reliant à la Place Wilson et au Capitole ne désemplissait pas. Et cela sans compter des dizaines de véhicules de chaque département pour le co-voiturage, le matin des militants participant à la préparation et en fin d’après-midi de celles et ceux pour qui les horaires ou trajets des bus ne convenaient pas.
Ceci dit, il suffisait de discuter ici et là entre 18h et 19h sur la Place du Capitole pour constater le grand nombre de Toulousains, en particulier de jeunes, de familles peu fortunées qui aspiraient les larmes aux yeux un immense bol d’espérance.
Quel que soit le prochain président de la république, qu’il sache l’émotion des deux familles du quartier de Bagatelle qui étaient proches de moi durant une dizaine de minutes en entendant enfin dire puissamment ce qu’elles pensaient tout bas.
Quelque avenir que soit celui du front de gauche, que ses dirigeants réfléchissent bien au fait que l’on n’a pas le droit de trahir des parents qui ont laissé parler leurs larmes devant leurs enfants en une telle occasion.
Une réussite politique
Réussite que d’avoir obtenu l’organisation du meeting sur la Place du Capitole.
Réussite d’avoir obtenu le droit d’installer un écran géant et d’immenses baffles sur la Place Wilson pour le cas où nous dépasserions les 50000 participants.
Réussite par la fraternité des trois grandes familles militantes présentes (PCF, PG, NPA et ex-NPA), par exemple au sein du service d’ordre dirigé par un trio comprenant un responsable pour chacune de ces forces.
Palier d’unité politique
Depuis un mois, tout journaliste défavorable au Front de Gauche jouait sur une prétendue volonté du Parti Communiste d’entrer dans un gouvernement de gauche d’alternance qui provoquerait ainsi l’éclatement du mouvement unitaire de la campagne électorale.
Or, ce 5 avril, les discours de Christian Picquet (porte parole de Gauche Unitaire), Myriam Martin (ex porte-parole du NPA), Nicole Borvo (sénatrice PCF) et Jean-Luc Mélenchon faisaient preuve d’une grande cohérence, en particulier sur cette question de la participation gouvernementale.
Jacques Serieys
B) 70000 à Toulouse (discours, presse, article)
A1) Mélenchon à Toulouse : "l’insurrection citoyenne" devant 70 000 personnes (Midi Libre)
http://www.midilibre.fr/2012/04/06/...
B1) Discours de Jean-Luc Mélenchon
http://www.dailymotion.com/video/xp...
C) Carnet de route à Toulouse
Source : Place au peuple
12h10 – Toulouse – Place du Capitole
Comme à la Bastille, il faut se lever dès 6h pour les premières installations. On monte, on démonte. On confectionne, on perfectionne. C’est un village qui se crée sous les yeux ébahis des touristes. Quelle activité humaine !
Pour l’instant, le soleil est au rendez-vous. Comme à la Bastille, on annonçait une intermittence d’averses. Comme à Bastille, la foule immense attendue chassera-t-elle les nuages pluvieux ?
12h35 – Toulouse – Place du Capitole
Devant le Capitole, les militants se mêlent aux chalands. Un marché installé sur la place propose toute sorte d’articles plus ou moins nécessaires. Un petit marché aujourd’hui concurrencé par le village militant et la « boutique » du Front de gauche, qui propose badges, pin’s, livres, revues, magazines, etc. Comme à chaque déplacement, c’est sur la mobilisation des militants qu’il a fallu compter pour organiser tel évènement. Car il ne s’agit pas de faire une démonstration de force mais plutôt de tisser un lien avec la population. Il ne s’agit pas de séduire des électeurs. Plutôt d’éduquer des citoyens. Et pour faire grandir la foule, plutôt que de l’avilir par des discours qui divisent.
13h00 – Toulouse – Place du Capitole
Après le métro parisien, les Mélenchanteurs enjolivent les rues toulousaines. Animatrice de cette lutte enchantée, Leila Chaibi, est comme un poisson dans l’eau. Toulousaine exilée à la capitale, la-voilà de nouveau au Capitole.
« Patron, mets-moi deux Front de Gauche ! » Leila nous raconte comment hier soir, un bar du centre-ville s’est mélenchonisé. Avec la bienveillance du patron, sympathisant sympathique. Le “Front de Gauche” c’est la nouvelle boisson à la mode. Bière + sirop de cerise. A vot’ santé sur le zinc !
13h25 – Toulouse – Place du Capitole
Branle-bas de combat dans l’espace presse. Il faut déplacer le chapiteau d’accueil des journalistes. Ni une ni deux, on s’y met tous. Une quinzaine de minutes plus tard, grâce aux efforts de tout le monde, le chapiteau est remonté une cinquantaine de mètres plus loin.
14h10 – Place du Capitole, Toulouse
Le Service d’Ordre (S.O.) se réunit. “Mens sana in corpore sano”. Telle pourrait être leur devise. Le S.O. est une des tâches politiques les plus exigeantes. Ce n’est pas qu’une affaire de gros bras, contrairement aux idées reçus. Le S.O., c’est le mouvement au service de l’intelligence. Il y a un vrai savoir-faire qu’il faut sans cesse transmettre aux nouveaux qui rejoignent l’équipe. Mais au cours de cet invraisemblable campagne, l’expérience s’acquiert vite. Ceux qui ont vécu la prise de la Bastille ne diront pas le contraire.
14h25 – Toulouse – Place du Capitole
Dans quelques minutes, Sarkozy prendra la parole pour livrer aux Français son projet pour les 5 années à venir. A 17 jours du premier tour ? Ça ressemble curieusement à un bachotage incroyable..
14h38 – Toulouse – Place du Capitole
Appareil photo en main, Gunther, un allemand d’une cinquantaine d’années, s’enthousiasme pour le Front de gauche et son candidat. Après avoir posé pour une photo-souvenir, l’homme qui ne parle pourtant pas très bien français s’achète le programme, « L’Humain d’abord ». Même s’il ne comprendra pas grand-chose, Gunther prendra quand même le soin de le lire, glisse-t-il. Non sans une certaine malice, il fait savoir qu’au fond, il n’a pas vraiment besoin de le lire puisqu’il connaît bien les positions de Die Linke, l’alter-égo germanique du Front de gauche, pour y souscrire. Ayant passé un an outre-Rhin, je décide de renouer avec la langue de Rilke pour m’entretenir avec lui. L’homme est en vacances en France, venu visiter un bon ami qui travaille pour EADS… EADS qu’il connaît bien puisque son beau-frère y travaille également, à Hambourg. Pressé d’évoquer la situation politique actuelle en France, il confirme ce que dit Jean-Luc régulièrement : le continent européen à les yeux rivés sur son volcan français. « En tout cas pour moi c’est le cas », nuance-t-il.
15h15 – Toulouse – Place du Capitole
Louise est étudiante en sociologie à l’Université du Mirail. A 23 ans, c’est la première campagne présidentielle qu’elle suit avec intérêt. “En 2007, je sais même plus pour qui j’ai voté au premier tour” raconte cette jolie brune. “Je suis engagé dans la vie associative, mais j’ai souvent eu l’impression que la politique n’était pas en phase avec la réalité des gens”. Mais la campagne du Front de Gauche semble avoir quelque peu modifiée son avis. “C’est vrai que lorsqu’on voit les militants du Front de Gauche distribuer des tracts sans relâche… quand on écoute les discours de Jean-Luc Mélenchon, on a envie de rejoindre l’aventure !”.
Mais oui Louise, qu’attends-tu pour nous rejoindre ? “Oh, peut-être après le meeting” lance-t-elle d’un sourire malicieux.
15h17 – Toulouse – Place du Capitole
Clément Sénéchal, notre animateur des réseaux sociaux, nous rejoint dans l’espace presse. Hilare, il nous fait savoir que Jean-Michel Apathie vient de nous attaquer. Frisson dans l’assemblée. Que Jean-Michel Apathie aboie avec la meute est finalement plutôt bon signe… En 2005 déjà c’était le cas… Depuis plusieurs jours, les attaques se font de plus en plus nombreuses. Venues d’adversaires ou de concurrents politiques, voilà qu’à présent, elles sont l’œuvre des éditorialistes et autres experts, qui nous expliquent à l’envi que le programme n’est pas réaliste. Ce à quoi nous répondons avec les mots de Victor Hugo : « L’utopie est la réalité de demain ». A bon entendeur.
16h04 – Toulouse – Place du Capitole
« Tôt ou tard, ce système finira par se casser la gueule », confie Khadim, un jeune Toulousain de 26 ans. « Pas franchement politisé », concède-t-il, c’est avec le mouvement des Indignés et la Révolution de Jasmin qu’il a « ouvert les yeux. Tout ces mouvements de protestation, Khadim les a suivi de près. « Voir que d’autres gens pensent comme soi, qu’ils relaient ce que l’on pense de l’état actuel du monde, ça fait du bien. Savoir que l’on n’est pas seul permet de réaliser que c’est uni que l’on s’en sortira. Ils ont les chiffres ? Et bah nous on a le nombre », dit-il, reprenant les propos d’une rappeuse qu’il apprécie particulièrement : Keny Arkana. « Avant je pensais qu’ils pouvaient rien faire les politiques, que les marchés étaient trop puissants. Mais quand ils (les marchés) se sont effondrés on a compris qu’en fait c’était une arnaque. Ils préfèrent gouverner pour les riches plutôt que pour l’intérêt général. C’est abusé. Y’en a marre de ça. C’est pour ça que je suis là aujourd’hui. Pour protester. » N’oublie pas d’aller voter Khadim !!
17h10 – Toulouse – Place du Capitole
En se baladant sur la place, c’est à une multitude de saynètes auxquelles on peut assister. Ici où là, les sujets de discussion ne manquent pas. Le Capitole est devenu l’agora du Front de Gauche.
Freescale est une usine de composants électroniques pour l’automobile. Après avoir été repoussée de mai 2011 à juin 2012, la fermeture de l’unité de production se soldera par le licenciement de plus de 600 salariés. Sur la place, les syndicalistes informent les passants de leur combat. La production va être arrêtée alors que l’entreprise est excédentaire… Qu’on en finisse avec ce capitalisme dégénéré !
Plus loin, moins grave, une fanfare s’occupe de transmettre de la bonne humeur. A vrai dire, il n’en manque pas à Toulouse. Beaucoup de participants sont venus avec leur pancarte confectionnée par leurs propres soins. Les pompiers aussi sont présents. Mais ceux-là sont en grève et viennent partager leur envie d’anéantir l’ancien régime.
Beaucoup de drapeaux rouges, des bannières syndicales aussi… et puis des drapeaux moins connus. Mauve, jaune et rouge : les couleurs de la République Espagnole. Car Toulouse est aussi une ville antifasciste, où de nombreux espagnols trouvèrent refuge après la victoire de Franco en 1939.
Devant la scène, François Delapierre, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon répond à une interview un peu particulier. Ses propos sont simultanément traduits en langage des signes. Une innovation salutaire.
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