Jean-Luc Mélenchon gagne son pari face à Marine Le Pen (Article de L’Humanité)

mardi 22 février 2011.
 

Après le débat qui les a opposés, hier, sur BFM TV et RMC, ceux qui voulaient faire croire à deux faces d’un même « populisme » en sont pour leurs frais, les leaders du PG et du FN défendant des positions aux antipodes sur tous les sujets.

Neuf heures trente, hier, Jean-Luc Mélenchon sort du studio le poing levé.

Il sait qu’il vient de réussir le pari de sa confrontation avec Marine Le Pen, retransmis simultanément et en direct sur BFM TV et RMC. « Je l’ai envoyée au tapis, veut-il croire. C’est tout ce qui compte. »

Quoi qu’il en soit, le leader du Parti de gauche a saisi l’occasion de montrer que, décidément, tout les oppose. Ceux qui voulaient faire croire à deux faces d’un même « populisme » en seront pour leur frais, en cherchant vainement les convergences entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Le Pen KO, continuons le boulot (articles et video du débat Mélenchon Le Pen)

Si ce n’est la détermination affichée de part et d’autre à combattre son interlocuteur.

Durant une heure, le coprésident du Parti de gauche (PG) et candidat à l’investiture du Front de gauche à l’élection présidentielle a débattu avec, ou plutôt contre, celle qui a succédé à son père à la tête du Front national, répondant aux questions de Jean-Jacques Bourdin. Travailleurs tous égaux ?

D’abord sur l’immigration, Marine Le Pen a repris les vieilles idées de son père en opposant travailleurs français et étrangers. Tout en faisant mine de s’en prendre aux patrons du CAC 40 qui organisent l’immigration illégale : « Avec vos amis du CAC 40, vous pesez sur la baisse du salaire des Français. » Jean-Luc Mélenchon évite le piège grossier et appelle à la régularisation des sans-papiers pour assurer l’égalité des droits et des salaires entre travailleurs français et étrangers. Hauts cris de Marine Le Pen qui, ensuite, le titille sur son appartenance à la gauche : « Les ouvriers ont parfaitement compris que M. Mélenchon était un rabatteur de voix pour Mme Aubry ou M. Strauss- Kahn. » En face, Jean-Luc Mélenchon ne bronche pas et fait un pronostic risqué à plusieurs titres : «  Si DSK est candidat, je serai en tête au premier tour »...

Le Pen embraye alors sur l’expérience gouvernementale du candidat à la candidature ou sur ses positions en faveur du traité de Maastricht en 1992. Jean-Luc Mélenchon fait mine de s’étonner : «  Mme Le Pen découvre que je suis de gauche ? Comme elle est intelligente ! » Puis il se revendique des acquis du programme commun de l’union de la gauche (retraite à 60 ans, réduction du temps de travail, abolition de la peine de mort...). Sa participation au gouvernement de la gauche plurielle ?

« À l’époque, j’étais membre du PS. » Le traité de Maastricht ? Mélenchon défend la création d’une monnaie unique européenne, justifiée, à ses yeux, par le « besoin d’un smic européen ». Il contreattaque ensuite sur la prétention du FN à représenter les salariés : « La classe ouvrière organisée, les salariés (...), ils vomissent Mme Le Pen et le Front national. »

Le coprésident du PG prend également ses distances avec les positions anti-européennes du FN, le retour au franc que ce dernier préconise, en lui opposant son « internationalisme » et d’autres idées pour l’Europe. Le retour au franc, assure-t-il, c’est le « danger d’une dévaluation compétitive dans chaque pays. Il faut briser la compétition sociale » entre États en créant des « critères de convergence sociale » européens. En face, Marine Le Pen ne répond pas.

Quelle « révolution fiscale » ?

Vient l’échange sur la prétendue « révolution fiscale » de la présidente du FN, qui propose que l’État prenne en charge deux cents euros de cotisations sociales sur les bas salaires... La droite le fait déjà, rétorque Jean-Luc Mélenchon, qui propose de « prendre dans la poche des puissances financières » pour augmenter les salaires plutôt que de les faire financer par les impôts.


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