Sur Mélenchon, Cambadélis dérape sévèrement dans Libération

jeudi 3 février 2011.
 

L’interview de Jean-Christophe Cambadélis dans Libération de mercredi matin est absolument consternante et constitue, à mes yeux, un sévère dérapage de la direction du Parti socialiste qui file un bien mauvais coton.

Jean-Christophe Cambadélis est l’un des plus proches soutiens de Dominique Strauss-Kahn. C’est aussi lui qui, avec Claude Bartolone, a été le constructeur des reconstructeurs, l’alliance de la carpe Fabiusienne et la lapin Strauss-Kahnien du Congrès de Reims qui a placé Martine Aubry à la tête du PS. Une "construction" qui n’était qu’un barrage visant à empêcher Ségolène Royal de diriger le Parti socialiste. Il y a plus longtemps c’est aussi lui qui a négocié la Gauche Plurielle qui a permis à Lionel Jospin de gouverner jusqu’en 2002.

Mais celui qu’on appelle Camba aborde l’union nécessaire de la gauche d’une bien curieuse manière, en expliquant que Jean-Luc Mélenchon "reprend des arguments des années 30". Il dit très exactement :

"Evidemment. Jean-Luc Mélenchon a produit quand il était au PS des textes définitifs sur l’union nécessaire, dit tout le mal que la division avait fait à la gauche. Maintenant, il embrasse la révolution, une ’révolution citoyenne’, avec des arguments que l’on entendait dans les années 30."

Pourquoi pas des arguments des années 20, années de la séparation entre socialistes et communistes ou des années 50 ? Non, juste les années 30, celles de la montée du nazisme et du stalinisme... A côté de cela aucun argument politique basé sur les propositions.

Pour justifier cette position, qui tient du dérapage incontrôlé, Jean-Christophe Cambadélis explique : "Je respecte la colère devant l’injustice ou le mépris d’une nouvelle aristocratie, mais il est dangereux et contraire à la tradition républicaine de chercher à opposer, comme le fait Jean-Luc Mélenchon, le peuple et les élites."

Il pourrait avoir raison s’il n’y avait eu une démission, une trahison, ce que la philosophe Cynthia Fleury appelle "un déshonneur des élites". Que Jean-Christophe Cambadélis ne soit pas capable de voir cela en dit long sur la sattelisation actuelle de la direction du Parti socialiste.

Qu’est-ce qui amène Jean-Christophe à traiter Jean-Luc de la sorte ? Une fébrilité. Une fébrilité qui explique aussi la petite phrase de Martine Aubry lundi soir sur Canal+ à propos de Ségolène Royal. Le sentiment que le tapis se dérobe sous le pied d’une direction qui fait de la planification à 5 ans, depuis 2007.

Une fébrilité que l’on tente de cacher en expliquant qu’on tient la barre solidement, que le calendrier est là, qu’il faut de l’ordre (Martine Aubry mercredi matin sur Europe 1).

Pourtant cette fébrilité démontre que Martine Aubry et son équipe sont dans l’erreur et qu’ils commencent à le voir. La pré-campagne présidentielle démarre ailleurs sans la direction du PS et puis sans ce candidat miracle qui pourrait nous venir du FMI. Les thèmes de campagne sont imposés par Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly, Jean-François Copé, Marine Le Pen...

Mais tel le tanker de 100.000 tonnes, Solférino garde le cap... quitte à s’échouer et échouer.

Tout cela pour attendre le miracle venu de Washington...

Car c’est bien ce qui chagrine Jean-Christophe Cambadélis au point de le voir agir comme Frédéric Lefebvre de l’UMP, comme le sniper politique qu’il a souvent été, même s’il faut insulter l’avenir, en insultant nos futurs partenaires de la gauche.


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