Sur l’utilisation de la démission du PG de Christophe Ramaux par Le Monde

jeudi 27 janvier 2011.
 

Quand je jouais au rugby, on m’a appris à plaquer, aux jambes ou aux épaules, mais à ne jamais pratiquer la manchette. C’est interdit et déloyal, contrairement à un bon plaquage, certes rude, qui fait partie du jeu. Comment alors nommer l’article que j’ai lu ce soir sur le site du Monde.fr ? Il évoque le départ du PG de mon ami Christophe Ramaux. Ce départ date de 6 jours à peine. Christophe a des désaccords politiques, notamment avec le secrétaire national à l’économie Jacques Généreux. Par exemple, il n’est pas d’accord avec la notion de « précariat » présentée par Jean-Luc Mélenchon lors du congrès du PG ou considère que le PIB est un bon indicateur de richesse pour un pays…Le fond de l’affaire est que tous ont un sacré caractère. Au PG, la concentration de « têtes dures » est assez élevée au mètre carré. Vous imaginez entre intellectuels de ce calibre, chaque mot provoque une discussion enflammée et fait trembler les vitres… Bon, personnellement, et comme tout le monde, je regrette vivement cette situation. Ramaux est de toutes façons un type formidable, à jour de cotisation au PG ou pas. Rien n’est rompu entre nous. Dans la lettre qu’il a écrit, il assure « je suis sûr que d’une façon ou d’une autre nous serons amenés à retravailler ensemble » ou plus loin « reste l’essentiel qui n’est effleuré qu’au début : les nombreux points d’accords politiques qui promettent bien des combats communs futurs avec vous tous. » Voilà ce que la journaliste résume, en tout objectivité, par "claquer la porte".

Le problème donc n’est pas le départ de Christophe qui se situe hélas à un moment si important de l’histoire de notre jeune parti (deux ans et demi !). On a besoin de lui, et lui ne comprend pas que l’on ne soit pas plus collectif, mieux organisé, plus réactif, et bien d’autres justes critiques encore. Bon, on va continuer à discuter. Comme toute formation en pleine construction, des camarades arrivent et d’autres partent, déçus, fatigués, ou pour bien d’autres raisons. Oui, notre parti brasse du monde, mais le solde est plus que positif et nous avons, je crois, près de 600 adhérents nouveaux depuis notre congrès.

Ce qui me sidère c’est l’angle pris par l’article du Monde pour relater cet évènement, ce sont les bouts de phrases choisis pour dramatiser cet épisode. Pas sûr déjà que Christophe ait souhaité faire une telle publicité de sa lettre. Je lui demanderai. Mais, pourquoi cet article aux commentaires plein d’insinuations et de mensonges sans nuances ni contre-points ? Je réponds à quelques uns.

Nous n’aurions pas de programme ? Mais il suffit d’aller sur le site du PG (http://programme.lepartidegauche.fr/ ) pour le consulter.

Nous n’aurions pas une réflexion sérieuse sur la crise économique ? Mais, depuis le premier congrès de Limeil-Brévannes nous n’arrêtons pas d’écrire là-dessus. Nous avons par exemple proposé une loi (à l’initiative de Martine Billard) ; nous avons organisé le 12 juin 2010 un Forum « Gouverner face aux banques » de très haute tenue ( http://www.lateledegauche.fr/index....), et je vous invite tous à lire le dernier ouvrage de Jacques Généreux « La grande régression » (édité au Seuil - 2010), ouvrage majeur sur ce point. Qui fait mieux ? Et je vous passe les dizaines de résolutions de nos Conseils nationaux et éditos de notre hebdomadaire « A Gauche » sous la signature de François Delapierre, et bien d’autres documents encore. Pour ma part, c’est plutôt sur d’autres thèmes que je considère que nous n’écrivons pas suffisamment. Alors, pas assez sérieux le PG dites vous ?

Nous serions aussi un parti trop personnalisé autour de Jean-Luc Mélenchon ? La belle affaire, mais comment procéder autrement ? Qui ne comprend pas le moment dans lequel nous sommes, où la grande bataille présidentielle de 2012 va trancher nombre de grandes questions. Et Jean-Luc devrait s’en écarter ? Ne plus se battre pour être invité dans les médias ? Se taire ? Se faire discret ? A la direction du PG, nous rêvons tous de la possibilité d’avoir plusieurs porte-paroles présents dans les médias. Martine Billard, notre coprésidente (en France, seul le PG a deux présidents à ma connaissance) est disponible, et d’autres membres encore du SN. Cette critique a peu de sens en réalité. Elle va être le lot de toutes les forces qui entendent jouer un rôle central en 2012. C’est notre cas.

Pourquoi alors, en écrivant cet article, l’auteur, que je connais bien pourtant, ne prend pas le temps d’appeler un seul membre de la direction du PG pour connaître son opinion ? En général, cela se fait non ? Bah, allez, je me calme. C’est de peu d’importance en réalité. Je réalise seulement que la campagne présidentielle a commencé. Pour ceux qui voudront connaître un moment de gloire (là, je ne parle pas de Christophe qui n’a vraiment pas besoin de cela pour "exister"), la méthode est donc là. Si vous avez une peau de banane bien glissante en magasin, une petite méchanceté contre le PG et Mélenchon, ne vous gênez pas. Manifestement, cela fait vendre.

Si l’auteur de l’article du monde.fr, lisait ce modeste blog, je tiens à lui dire clairement : je n’ai aucun goût pour le journalisme de complaisance et je conçois le plaquage, même rude, mais la manchette c’est pas correct.


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