Sommet de Cancun : l’assemblée des peuples réprimée, les puissants auto-acclamés (article national PG)

dimanche 19 décembre 2010.
 

Après le piteux échec de Copenhague, les grands de ce monde avaient choisi de ravaler leurs ambitions afin d’éviter une nouvelle déception au sein de l’opinion publique. Cette modestie affichée permet aujourd’hui un large satisfecit, de Nicolas Sarkozy à la plupart des environnementalistes. Pourtant, le sommet de Cancun a surtout vu une nouvelle fois les riches et les puissants imposer leurs vues et défendre leurs intérêts au détriment des peuples.

Dans les couloirs du Moon Palace, on n’a pas entendu un mot sur la mondialisation et le libre échange qui détruisent la planète à grands coups de productivisme et de concurrence effrénée. Aucune remise en cause des mécanismes financiers qui permettent au capitalisme de récupérer le juteux marché de l’environnement.

Sur la dette écologique et la solidarité Nord-Sud, il a été décidé de la création d’un fonds vert, certes, mais aux contours encore flous. Le rôle de la Banque Mondiale, administrateur intérimaire de ce fonds durant trois ans, reste à définir. Les débats sur les financements alternatifs, taxes sur les transactions financières ou sur les transports, ont été écartés. Rappelons enfin que son montant, 100 milliards de dollars, ne représente qu’un septième de l’argent mis par les États Unis dans le sauvetage des banques.

Le multilatéralisme des négociations aurait été sauvé ? Certes, l’ONU reste le cadre officiel. Mais le cadre ne garantit pas le contenu et les véritables négociations se sont faites dans les couloirs de la diplomatie entre « grands » pays. Il y a tout lieu de craindre que le prochain G20 ne soit tenté de se substituer au seul cadre réellement multilatéral, les Nations Unies.

Une des questions centrales, le prolongement de l’accord de Kyoto, seul accord réellement contraignant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre à ce jour, a été reporté à 2011. Elément inquiétant, de nombreux pays ont déjà annoncé qu’ils ne reconduiraient pas cet engagement.

L’initiative citoyenne et populaire de la Via Campesina a valu à une vingtaine de représentants d’organisations de la société civile de voir leur accréditation suspendue. Leur tort ? Avoir appelé à une Assemblée des peuples demandant une transformation profonde de notre modèle de production et de développement : de fortes réductions d’émissions de GES des pays du Nord, la reconnaissance des droits des populations indigènes et paysannes dans la protection des forêts et le rejet du dispositif REDD actuellement en cours de négociation, l’arrêt de la marchandisation des ressources naturelles, le transfert hors marché de technologies propres et de financements conséquents vers les pays pauvres, la fin des traités de libre-échange agricoles détruisant l’agriculture paysanne et les marchés locaux, la relocalisation des activités de production, un moratoire sur l’exploitation de nouveaux champs pétrolifères...

Le Parti de Gauche regrette vivement que les conclusions du Sommet de Cochabamba, qui avaient pourtant été intégrées dans le document intermédiaire, aient disparu de l’accord final. Il s’associe à la Bolivie qui, par la voix de son résident Evo Morales et de Pablo Solon, a soutenu l’initiative populaire de la Via Campesina et rejeté l’accord de Cancun. Cette manière qu’ont les riches et les puissants d’imposer leurs vues envers et contre l’intérêt général n’est plus acceptable. Elle met en péril la vie des personnes, au Sud comme au Nord, et dégrade chaque jour la viabilité de la planète.

Le Parti de Gauche réaffirme à cette occasion son combat militant pour changer le système et non le climat.

Par sa participation à l’initiative des "1000 Cancun" en France, à Cancon, où le PG était présent le 4 décembre par le biais de Martine Billard, co-présidente du PG, et d’élus et militants sur place.

Par son soutien actif à l’initiative équatorienne Yasuni ITT, véritable alternative internationaliste mêlant urgence climatique et justice sociale. Par l’élaboration de propositions concrètes de rupture avec le libre échange mondialisé, de définanciarisation de l’environnement et d’une véritable transition énergétique, loin de tout capitalisme même repeint en vert.


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