Des affaires d’État à… l’État des affaires ! (par Gauche Unitaire)

vendredi 17 septembre 2010.
 

En cours, trois affaires, qui sans être les seules sont de taille :

Premièrement, l’affaire de l’attentat de Karachi. 11 salariés de la Direction des constructions navales tués. Non pas, comme on l’avait prétendu, par la main d’islamistes, mais en représailles d’engagements non totalement tenus quant aux 84 millions d’euros de commissions destinées à des officiers pakistanais. Avec le soupçon qu’une part se serait égarée dans le financement de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur.

Ensuite, l’affaire Clearstream. De Villepin, relaxé en première instance, revient en appel devant les juges au printemps 2011.

Enfin, l’affaire Woerth… Celle du scandale qui révèle un scandale, lequel met à jour un autre scandale, qui lui-même etc… Des journalistes font leur travail, c’est-à-dire qu’ils livrent des informations : par exemple le contenu des auditions de Patrice de Maistre, dont celle où sont expliquées les conditions d’embauche de Florence Woerth… Donc qu’ils ont besoin d’informateurs. Ce pourquoi les lois qui sont censées assurer la liberté de la presse garantissent la protection des sources des journalistes.

Pour la première affaire, Nicolas Sarkozy était alors ministre du budget et trésorier de la campagne d’Édouard Balladur. Pour la deuxième affaire, Nicolas Sarkozy, président de la République, était un des plaignants, et de Villepin affirme que seule la haine que lui voue celui-ci explique l’acharnement judiciaire. Pour la troisième affaire, Nicolas Sarkozy apporte un tel soutien à Eric Woerth que tout le monde pressent qu’il est très concerné.

Or, que pensez-vous qu’il arriva ?

La plainte des familles des victimes de Karachi est jugée irrecevable. De Villepin comparaîtra en appel, non pas devant les juges des deux chambres financières, mais devant une cour composée de 3 juges choisis par le Premier Président de la Cour d’appel.

Gérard Davet, journaliste du Monde enquêtant sur l’affaire Woerth, a été espionné par les services de renseignement et de contre-espionnage (DCRI), ceux-ci débusquant un membre du cabinet de Alliot-Marie, David Sénat, qui, accusé d’être l’informateur, s’est vu ipso facto limogé. Le Monde a annoncé le 14 mars, quitte à perturber l’Assemblée qui débattait des retraites, qu’il portait plainte contre X pour violation du secret des sources.

Ainsi il apparaît que, dans l’État sarkozyste, le vrai partage n’est pas entre domaine public et intérêts privés, mais entre amis et ennemis.

Des amis, à l’évidence, Nicolas Sarkozy n’en manque pas, et de puissants, puisqu’il les a nommés à des postes clés.

Par exemple :

Jean-Claude Marin, procureur au Parquet de Paris. C’est lui qui a décidé que pour l’affaire Karachi les faits sont prescrits et que les familles des victimes n’ont pas qualité pour agir sur le volet corruption.

Jacques Degrandi, Premier président de la Cour d’appel de Paris. C’est lui, qui par souci d’alléger la tâche des tribunaux compétents, désignera un tribunal d’exception chargé de juger en appel l’affaire Clearstream.

Frédéric Péchenard, Directeur général de la police nationale (DGPN), qui endosse la responsabilité d’avoir mobilisé les services en charge de la lutte contre le terrorisme international pour écouter un journaliste. Ainsi que Bernard Squarcini, Directeur de la DCRI, dont l’efficacité en ce domaine sensible n’est plus à démontrer.

Et, bien sûr, Éric Woerth, ex-trésorier de la campagne présidentielle de 2007, ex-trésorier de l’UMP, ex-ministre du budget, toujours ministre des affaires sociales, à ce titre responsable de la réforme des retraites…

Et tant d’autres…

Dont, peut-être, Bernard Tapie, qui pour la liquidation de l’affaire Crédit Lyonnais-Adidas va recevoir autour de 210 millions d’euros !

Ce partage amis/ennemis, on devine qu’il autorise que soient grassement remerciés les amis, et on voit qu’il permet de sévèrement punir les ennemis.

Mais ce partage, qu’a-t-il à voir avec les principes républicains ? Rien. Et tout avec l’état de guerre. La guerre, ce mot qu’affectionne Nicolas Sarkozy : guerre contre les délinquants, guerre à la « racaille » des banlieues, guerre aux Roms, et sans doute guerre aux salariés… Or, il s’avère de plus en plus qu’il s’agit d’une guerre personnelle, dans laquelle on enrôle les corps de l’État – la police, la justice…-, et au nom de laquelle on veut mettre au pas tout ce qui peut faire obstacle à cette privatisation, à commencer par la presse…

Combien de temps va-t-on continuer à supporter ça ?

Dominique de Villepin pose une bonne question : « Quel danger court le président de la République qui fait qu’il fasse choisir les juges ? ». Réponse : que le peuple dise « ça suffit ! », et mette un terme à toutes ces affaires…


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