Le Front de gauche attendu sur le terrain des luttes (par des responsables et militants syndicaux de la région Rhône-Alpes)

lundi 20 septembre 2010.
 

Comment peut-on prolonger le combat social au plan politique ?

Syndicalistes, depuis des années, nous nous battons quotidiennement contre les politiques qui créent le chômage, les bas salaires, généralisent la précarité, augmentent les inégalités et les discriminations. Ces politiques continuent de faire la démonstration de leurs dégâts sociaux et humains, de leur inefficacité et de leur cynisme.

Droit du travail, emploi, salaires, éducation, santé, logement, transports, environnement, culture, services publics, protection sociale, retraites, aménagement du territoire, défense des sans-papiers, de l’égalité des droits en ce 40e anniversaire de la création du mouvement féministe… nous tentons chaque jour, avec les salarié(e)s, les chômeurs, les sans-papiers, les jeunes et les retraités de résister et de proposer d’autres choix, d’autres réformes pour la défense de l’intérêt général du salariat. Il faut une autre répartition des richesses produites et une autre orientation des politiques publiques que celles qui cassent un système social qui permet encore aujourd’hui d’amortir les effets de la crise, mais que nous voulons transformer, améliorer et profondément démocratiser.

Face à la nouvelle crise du capitalisme, crise financière, économique, sociale, écologique et culturelle, l’Europe libérale et tous les gouvernements actuels, qui l’ont préparée, ne savent que répondre par de nouvelles régressions. Pourtant la résistance, la colère et la volonté de changement s’expriment à chaque fois qu’on leur en donne l’occasion. On l’a vu lors des grandes manifestations de 2009, on le voit dans la mobilisation qui se construit contre le projet gouvernemental sur les retraites. On le vérifie en réaction à l’odieuse campagne d’assimilation de l’immigration à la délinquance, de la stigmatisation et de l’expulsion des Roms, comme lors des batailles de RESF ou pour la régularisation des sans-papiers. Mais toutes ces luttes, depuis des années, sont orphelines d’une alternative crédible et mobilisatrice à gauche (pas d’une alternance  !).

Les élections européennes et plus encore les élections régionales, avec l’apparition du Front de gauche, et donc la décision essentielle du PCF, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire, rejoints par d’autres organisations, ont ouvert un espoir et des possibles dans lesquels nous nous sommes engagés sans hésiter.

Le monde du travail a besoin d’une politique qui conteste sans ambiguïté le capitalisme, en mettant en cohérence les questions sociales, environnementales, démocratiques et culturelles. Face à la concurrence, entre individus, entre entreprises, entre territoires, entre pays il faut affirmer un projet de société qui permette que les richesses produites par les salariés(e)s servent au développement humain solidaire et respectueux de l’environnement. Par des droits nouveaux, il convient que les salariés, les usagers des services publics, les citoyens puissent intervenir dans l’orientation et la gestion des entreprises privées ou publiques, des services publics et plus globalement de la cité. Cela au niveau local, national, européen et mondial.

C’est pourquoi nous nous sommes engagés dans la campagne, comme tant d’autres qui attendaient depuis si longtemps, sans hésitation mais pas sans précaution. Nous savons bien que l’on ne va pas du jour au lendemain passer d’une histoire des partis à la construction d’une force nouvelle sans difficultés, sans tensions. Mais nous l’affirmons solennellement, et à la veille de la Fête de l’Humanité qui sera sans nul doute un moment important de la rentrée sociale et politique, le Front de gauche ne peut pas et ne doit pas rester un simple cartel électoral. Il est attendu sur le terrain des luttes  : sécurité, conditions de travail, emploi, école, santé, services publics, protection sociale… il est indispensable de dépasser les réponses des uns et des autres pour proposer une démarche commune (comme il l’a fait sur les retraites) et s’inscrire dans les batailles unitaires en cours et à venir. Il est aussi attendu sur le terrain politique. Alors que toutes les forces se positionnent pour la présidentielle de 2012, il est essentiel que le Front de gauche affiche et affirme sa rupture avec une élection et une Constitution bien peu démocratiques. Et pour cela il est nécessaire que toutes celles et tous ceux (syndicalistes, associatifs…) qui n’adhèrent à aucune des organisations actuellement existantes puissent trouver leur place au sein d’un Front de gauche élargi à toutes les forces qui le souhaitent. Trouver leur place, cela ne veut pas simplement dire pouvoir adhérer à une association ou à un collectif de quartier. C’est pouvoir parler, choisir, décider et rendre compte, participer dans un cadre respectueux de chacune et chacun.

Nous ne sommes ni naïfs ni rêveurs. Nous savons que ce type de processus qui exige des organisations existantes un dépassement est forcément long et difficile. Mais en déclarer l’objectif, en affirmer la volonté c’est déjà beaucoup. « Vouloir arriver, c’est déjà avoir fait la moitié du chemin », dit un proverbe kabyle. La situation l’exige, beaucoup l’espèrent et les militant(e)s syndicaux peut-être plus encore.

Philippe Bouvier (CGT territoriaux Vénissieux),

Jean-Michel Drevon (FSU service public),

Maryse Neumeyer (Solidaires SUD santé),

Jean-Pierre Chapuis (CGT service public),

Serge Dufour (intervenant en prévention des risques professionnels et amélioration des conditions de travail),

Dominique Rols (FSU Direccte),

Myriam Plet (spécialiste en droit social et droit des personnes du SAF),

Gilles Seitz (CGT médecin du travail).


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