Les régions étranglées (Par Martin Malvy, président du conseil régional Midi-Pyrénées)

mercredi 14 juillet 2010.
 

La crise est là. Midi-Pyrénées a mieux résisté que certaines régions mais elle n’est pas épargnée par les plans sociaux, le taux de chômage qui progresse, la consommation en berne… Pour y faire face, la région Midi-Pyrénées a décidé d’agir. Priorité  : l’emploi.

Notre objectif, c’est l’emploi. L’emploi en lui-même n’est pas une compétence régionale et pourtant elle est au cœur de nos priorités. Face aux urgences, nous sommes aux côtés des salariés  : les Molex ont pu compter sur les élus régionaux pour rechercher des solutions auprès des ministères, sur le terrain, à travers les outils de formation et de solidarité.

En 2007, nous avons renouvelé nos moyens d’action à travers une nouvelle politique économique et mis en place un dispositif unique  : les contrats d’appui. Fini les subventions dont on ne sait pas ce qu’elles deviennent  : ce sont de vrais contrats, pluriannuels, entre une entreprise et la région. Nous les avons déclinés pour les TPE, les PME, les grandes entreprises en faveur de l’innovation. Les subventions que nous attribuons font l’objet de conditions notamment en termes de créations d’emplois et surtout évidemment de non-délocalisations. 693 contrats d’appui ont été mis en place pour un montant total d’aides de 82,5 millions d’euros, dont 36 millions d’euros au titre des fonds européens Feder gérés par la région et le reste sur le budget régional. 3 948 emplois seront créés ou maintenus par ces contrats. Nous avons également mis en place un comité de suivi des aides qui nous a amenés à réclamer et obtenir le remboursement d’une subvention pour une entreprise qui avait délocalisé.

Pour peser aux côtés des salariés victimes du chômage partiel, nous avons lancé un fonds d’accès à la formation de 2 millions d’euros  : Qualification Plus. Il permet aux salariés touchés par le chômage partiel de suivre, s’ils le souhaitent, une formation diplômante et qualifiante en échange de l’engagement de l’entreprise de ne pas licencier. Près d’un millier de salariés en ont bénéficié à ce jour. Nous renforçons également le programme régional de formation professionnelle à destination des demandeurs d’emploi. La région y consacre 40 millions d’euros par an et 26 000 personnes sont ainsi formées.

Sans oublier notre soutien à l’innovation avec le lancement de cinq appels à projets – Epicea, Electra, Épicure, Lapeyrouse, Eco-Innov – d’un montant total de 14 millions d’euros.

Parce que les jeunes sont parmi les plus touchés par la crise, la région a également créé une aide exceptionnelle de 5 000 euros pour une entreprise qui embauche en CDI un jeune diplômé.

Les politiques de l’emploi – qui sont du ressort de l’État – sont trop souvent déconnectées des politiques de formation professionnelle, et de développement économique. Il faut les rapprocher et la région s’y emploie.

Je pense aux maisons communes emploi formation (MCEF) que nous avons lancées en 1999 – bien avant celles créées par M. Borloo et détruites par M. Wauquiez… – ; 16 sont aujourd’hui ouvertes sur l’ensemble du territoire de Midi-Pyrénées. Ces maisons communes réunissent sous un même toit les différents partenaires de l’emploi et de la formation  : Pôle emploi, missions locales, bureaux territoriaux de la région ou encore clubs d’entreprises. Bien plus qu’un simple guichet unique, elles sont issues d’une vraie volonté politique de faciliter les démarches et les parcours des demandeurs d’emploi et des salariés.

Elles auront d’ici quelques mois pour mission d’instaurer un nouveau dispositif pour les moins de 26 ans, un « pass emploi »  : il s’adressera aux jeunes le plus en difficulté et les plus éloignés de l’emploi et de la formation  ; reposera sur un accompagnement individualisé et aura pour objectif d’apporter des réponses efficaces (y compris en levant des obstacles comme l’obtention du permis de conduire).

200 millions d’euros sont consacrés cette année par la région à la formation professionnelle et à l’apprentissage.

Et nous nous engageons dans la mise en place d’un véritable « service public » de la formation professionnelle assurant notamment la qualité du service rendu, la gratuité totale de toutes les formations financées par la région et un suivi individuel des bénéficiaires de ces formations.

Toutes ces actions, pourrons-nous les poursuivre demain  ? En tant que président de région mais aussi porte-parole de l’Association des régions de France, j’en doute.

La réforme de la fiscalité et celle sur l’organisation territoriale vont amener les régions à faire des coupes sombres dans leurs investissements et participations. La région sera la seule collectivité à ne plus avoir de fiscalité propre, les régions ne disposeront plus que de dotations d’État. Or l’État gèle ses dotations. Cela signifie au mieux stagnation des budgets sur la base de 2009, beaucoup plus vraisemblablement une diminution des recettes.

Tous les secteurs vont en souffrir. Et donc l’emploi. Il serait pourtant possible et souhaitable d’avoir une autre stratégie politique de soutien de l’investissement public, assuré à 75 % pour les collectivités locales. Mais, alors que la crise exige réactivité et solidarité envers les citoyens, les territoires et les acteurs économiques, le gouvernement regarde ailleurs  !

Par Martin Malvy


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