Des membres de la flottille pour Gaza auditionnés par des eurodéputés

vendredi 25 juin 2010.
 

Des membres de la flottille agressée par la marine israélienne en faisant route vers Gaza ont été auditionné à Strasbourg, mercredi après midi, à l’initiative du groupe GUE, en présence de membres de tous les groupes du parlement. J’en parle parce que ça m’a secoué. Le premier qui a témoigné est un allemand, élu et enseignant. Il se trouvait sur le pont du bateau attaqué, non sur le pont où la bataille avait lieu mais juste en dessous où il tenait un poste de secours. Il raconte comment après le mitraillage, ils furent tous ensuite enjoints de monter sur le pont, les uns attachés les autres non, selon qu’ils étaient arabes ou turcs ces derniers étant contraints à rester attachés des heures durant. "Bien sur les militaires ont tout volé : ordinateurs, appareil photo, bagages : tout. Il était clair depuis le début qu’il n’y avait pas d’armes à bord. Pourquoi y en aurait-il eu ? D’ailleurs il avait été proposé aux israéliens d’envoyer un contrôle civil à bord." Mais, selon ce témoin direct, « l’intention du gouvernement d’Israël est de faire très peur aux gens susceptibles de monter d’autres opérations pacifiques de ce type ». Car il est évident que c’est la forme d’action qui déstabilise le plus la politique du siège de Gaza.

Puis parle Fatima, témoin direct elle aussi, présente sur le bateau mitraillé. « Peu avant l’attaque nous étions dans la salle de presse. Depuis la veille il y avait deux bateaux militaires qui patrouillaient. Vers quatre heures du matin il y a eu une coupure de l’internet. Je monte sur le pont je vois des hommes qui essaient de repousser les zodiacs des militaires avec des tuyaux d’arrosage. On a entendu de coups de feu. On ne voulait pas le croire. De nombreuses personnes ne voulaient pas croire que l’armée leur tirait dessus. Très vite les gens ont commencé à courir de tous côtés et très vite on a vu arriver sur notre pont des corps giclant de sang, mitraillés au niveau du torse et des jambes. Puis les soldats sont arrivés. Les uns armés comme des robotcops et d’autres en tenue de snippers. Il n’y a eu aucune résistance. Comment aurions nous pu résister ? Nous avons filmé, mais tout notre matériel ensuite a disparu. J’insiste il n’y a eu aucune alerte, aucune sommation avant l’attaque. Ils ont commencé l’assaut sans crier gare. La tension était extrême. Un faux mouvement aurait pu déclencher un massacre. Les militaires étaient très tendus. Nous n’avions aucune arme, aucun matériel de combat ! La disproportion des forces était terrible ! »

Ensuite Marcello, un journaliste, raconte. Pour lui il n’y a pas de preuve qu’il y ait une justification à ce massacre. « Je faisais un documentaire pour Euronews. Tout mon matériel a été confisqué sauf une carte flash que j’ai pu cacher. » Il projette alors son film dans la salle où nous l’auditionnons. On voit le radar du navire où il se trouve fonctionner et montrer la présence de nombreux bâtiments dans la zone. Puis on voit le reste de la flottille, on entend les coups de feu, on voit l’hélico et les zodiacs qui tournent autour du bateau. Marcello nous montre que les images sont claires et se demande pourquoi les militaires israéliens ne montrent que des images illisibles et sombres alors que l’on voit distinctement ce qui se passe sur ces images prises à un kilomètre de distance où les gros plans sont parfaitement nets. Ensuite, il montre la suite du film tourné au jour levant. On comprend mieux alors pourquoi le gouvernement de Netanyahu a décidé une attaque de nuit. En effet dans le film de l’attaque du bateau cargo où il se trouvait, les visages des militaires masqués sont en gros plan, parfaitement nets. Lui, Marcello, ensuite est resté trois jours en prison, sans aucun droit de contacts ! Tout son matériel professionnel a été volé. Absolument tout cela, attaque dans les eaux internationales, vol des matériels, arrestation et détention, constitue autant de délits avérés dans le droit international.

Puis parle un député arabe de la Knesset, Ahmed Agbaria. D’après lui, le gouvernement d’Israël a agi sciemment. Il veut montrer que personne ne peut rien contre lui. Par conséquent pour lui l’effroi qui a été provoqué fait partie du plan. Et leur idée est que le blocus continue. "Des gens ne sont pas soignés, ils meurent, les ruines ne sont pas relevées. D’un coté il s’accumule de la haine contre ce blocus. Mais de l’autre l’application délibérée de cette violence déforme toute la société israélienne. Le plan de Netanyahu est de faire peur au monde entier." Voila ce qu’explique cet élu. Mais il dit davantage. Il explique que c’est la paix et l’existence de deux états qui sauvera Israël et que tout le monde comprend cela. C’est vrai. Beaucoup de choses qui paraissent évidentes à nombre des personnes qui sont là, je les découvre. J’avance en tachant de produire un point de vue et un engagement conforme aux principes qui guident l’ensemble de mon action. Je le dis d’autant plus tranquillement que je vois un nombre croissant de personnes autour de moi qui connaissent la même évolution. Dans cette salle tout le monde était mal à l’aise. Très mal à l’aise. Notre impuissance nous ridiculise à nos propres yeux.

En bouclant cette note, j’ai lu que le gouvernement israélien lève le blocus pour les marchandises pour les civils. C’est une très bonne nouvelle. Puissent tous ces malheureux retrouver une vie humaine aussi tôt que possible.


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