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2ème guerre pour écraser Gaza. Le sociocide des Palestiniens s’accélère (21 articles)
La carte ci-dessus, titrée ISRAËL, éditée par le ministère israélien du tourisme, ne constitue qu’une nouvelle preuve de cet objectif conscient de faire disparaître la terre palestinienne donc le peuple palestinien habitant la Palestine, objectif nié devant l’opinion internationale pour mieux la tromper.
Depuis sa création, elle réside dans la création d’un Grand Israël impliquant un ethnocide (disparition) du peuple palestinien.
Les prétendues négociations et accords n’ont généralement servi qu’à tromper les Palestiniens pendant que le processus d’ethnocide se poursuivait inexorablement.
En 60 ans, les territoires palestiniens se sont réduits comme une peau de chagrin grâce à la violence coloniale, policière et militaire pour éradiquer les Palestiniens de leurs terres, grâce au soutien inconditionnel des tartuffes de Washington et de Paris dont la fonction est de cacher la réalité à l’opinion internationale.
La stratégie israélienne, appelée la “tondeuse à gazon”, consiste en réalité à écraser sans cesse par l’occupation coloniale, les bombes, les assassinats ciblés, la prison permanente, les humiliations de l’apartheid dès l’enfance les nouvelles générations de militants et d’opposants à l’occupation dans un cycle à la répétition interminable.
La décision de Trump et Netanyahou de transférer l’ambassade des USA de Tel Aviv à Jérusalem symbolise ce processus nécessitant l’aide des Etats atlantistes. En effet, lors de la création de l’Etat d’Israël par l’ONU en 1947, Tel Aviv est bien capitale d’Israël mais Jérusalem a un statut particulier sous l’égide de l’ONU. Où est passé l’ONU depuis 70 ans alors que les soldats de Tsahal ont terrorisé la population palestinienne, alors que les bulldozers ont abattu nombre de leurs maisons...
En début d’année 2016, Uri Ariel, ministre israélien de l’agriculture, a appelé publiquement à "récupérer la Cisjordanie occupée" lors d’une plantation d’arbres dans la colonie de Ma’ale Adumim, en Cisjordanie effectivement occupée. Pour lui, "il est temps d’instaurer la souveraineté israélienne en Cisjordanie". Et d’ajouter : "ceci est un rituel. Chaque veille des élections, le Premier ministre se rend sur les lieux pour annoncer la construction de bâtiments et deux jours plus tard, il disparaît. Je suis venu pour encourager Netanyahu dans son action car le temps est venu de reconstruire et d’annexer la zone C" (territoires palestiniens).
Si jamais un lecteur connait mal le sujet, je lui signale qu’au moins 95% des Israéliens n’ont aucune racine en Israël ou Palestine venant plutôt de Russie, d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord, d’Europe occidentale... Quant aux 5% au plus, ayant des antécédents familiaux locaux, les études génétiques réalisées à la demande du gouvernement israélien montrent qu’ils sont bien plus, bien plus proches des Palestiniens que des autres juifs. C’est logique puisqu’ils descendent des mêmes populations implantées là depuis plusieurs millénaires.
Encore un livre incontournable, et cette fois en français : 31° Nord, 35° Est de Khalil Tafakji1, écrit dans un langage très accessible, retrace de manière concrète, irréfutable, ce qui, derrière le rideau de fumée de négociations faussées, s’avère en réalité une politique de conquête territoriale.
Cette politique de conquête, minutieusement pensée et mise en œuvre, n’est qu’à peine légèrement ralentie, par moments, par de platoniques réactions verbales dont on ne s’aperçoit que par contraste avec la complicité ouverte que professent les États-Unis d’Amérique et leurs obligés.
Les données cartographiques
Les données cartographiques ne sont pas neutres, encore faut-il en avoir à sa disposition. Les débuts des travaux de l’auteur, ne furent pas simples : « Au premier jour, je n’avais rien. Ni crayon, ni papier, ni cartes, pas de bureau. […] En ce temps-là, il était strictement interdit de posséder, voire de se déplacer avec une carte géographique. Pour l’armée d’occupation, s’intéresser aux Territoires était éminemment suspect, et nos travaux se déroulaient dans une quasi-clandestinité » (p. 17).
Il était nécessaire de créer une carte reflétant fidèlement l’histoire et le présent des Palestiniens. Les cartes existantes ne pouvaient faire l’affaire. Ainsi que l’écrit Zena Agha, collaboratrice de Al-Shabaka : « La cartographie a longtemps été une arme parmi d’autres de l’arsenal du colonisateur : un outil utilisé pour l’appropriation, le contrôle et l’effacement de territoires. Comme l’affirme le politologue israélien Meron Benvenisti, “la connaissance cartographique est un pouvoir : c’est pourquoi cette profession a des liens si étroits avec l’armée et la guerre”. Dans le cas de la Palestine, les efforts cartographiques britanniques et sionistes ont permis d’éliminer toute trace palestinienne du paysage. La décennie qui a suivi 1948 a transformé le territoire grâce à la carte hébraïque entièrement fabriquée qui a pris la place de centaines d’années de vie et d’histoire palestiniennes »2.
Le livre de Khalil Tafakji relate ses enquêtes sur la Cisjordanie, Jérusalem, et la bande de Gaza. Mais, en 1995, au temps des accords d’Oslo, il était sans illusion : « Pour avoir observé, depuis 1983, la colonisation de la Cisjordanie et l’avoir retranscrite sur des cartes, pour avoir regardé la vieille ville de Jérusalem et les quartiers arabes de l’Est batailler pour chaque centimètre, je savais que le projet d’un État palestinien ne serait pas ici, pas sur ces terres, pas maintenant » (p. 13). La Cisjordanie voit en effet les Palestiniens répartis en un archipel de 169 îlots, les colonies (au nombre de 132) se dotent d’avant-postes (près de 116 en 2020, dont 50 % hors du plan directeur déjà en lui-même illégal) et d’un réseau routier réservé.
Militaires, colons et juridictions
Une remarque confirme la pertinence des analyses de Haim Bresheeth-Žabner concernant le rôle prépondérant de l’armée dans la politique israélienne : « J’avais noté que, depuis 1991 et la conférence de Madrid, les Israéliens auxquels nous parlions étaient tous des officiers, que ce soit Amnon Lipkin-Shahak, Yitzhak Mordechai, Yitzhak Rabin, Ariel Sharon ou le général Yom Tov Samia » (p. 84-85).
Si, dans un premier temps, les colonies et autres postes avancés peuvent être présentés comme une ligne de défense d’Israël, une dialectique bien particulière fait que dans un second temps, c’est l’arrivée de l’armée qui est prétendue nécessaire pour protéger les colons.
Très significative s’avère une typologie des colons révélée par l’enquête : « J’ai compris qu’il existe trois sortes de colons. Ceux qui prennent nos maisons et nos champs, assurant qu’ils sont guidés par la main de Dieu pour retourner sur la “Terre promise”. Ceux-là sont les religieux. Si nous voulons travailler dans nos champs, ils s’y opposent, brûlent ou détruisent les cultures, nous arrêtent et proclament encore que leurs terres sont occupées, que nous en sommes les occupants. Il y a les idéologues, les sionistes, qui ont pour mission de bâtir le “grand Israël”. Et il y a ceux qui viennent s’installer en Cisjordanie pour des raisons économiques. Les logements sont moins chers ici qu’à Tel Aviv, le gouvernement apporte un soutien financier aux volontaires, par des taxes allégées, des abattements fiscaux, des allocations, des garanties sur leurs emprunts bancaires, des services de scolarité et de transport gratuits, des incitations à l’entreprise, et que sais-je encore » (p. 61-62).
Il faut enfin rappeler la « créativité juridique époustouflante » dont font preuve les gouvernements israéliens successifs pour donner des formes d’apparence légale à la colonisation, en se dotant d’une multitude de lois taillées sur mesure : « Depuis des décennies, Israël travaille à légitimer le vol des terres. À l’avenir, il légalisera l’annexion. […] L’objectif, à terme, est d’avoir un seul État composé de citoyens ordinaires et d’autres de seconde zone, les Palestiniens, ou plus précisément les non-Juifs » (p. 147).
Une défaite sans désespoir
Khalil Tafakji était partisan de « l’application de la résolution 242 des Nations-Unies, c’est-à-dire un retour aux frontières de la Ligne verte, avec en son cœur une ville unique au monde, capitale de deux États distincts, souverains et indépendants. Si ce n’est pas à mes yeux la carte idéale, c’était le projet le plus réaliste pour aller vers la paix ». Mais cette perspective s’est avérée illusoire : Israël n’en voulait pas.
À la fin du livre, avec lucidité, l’auteur semble avoir changé d’orientation : « Pour regarder l’avenir, il nous faut une fois encore nous tourner vers l’histoire. Se rappeler que tout peut changer, dans dix ans ou un siècle. Oui, Israël possède aujourd’hui la terre et le pouvoir. Oui, il nous faudra encore attendre pour connaître un jour l’indépendance. Attendre avant de retrouver notre terre, rebâtir nos villages. Jusqu’à la prochaine génération ? Peut-être au-delà. […] Alors oui, nous pourrions vivre ensemble, sur une terre libérée et unifiée accueillant deux peuples. C’est ce que je ressens et ce que je crois. Je ne sais pas quand. Je sais seulement que le futur est avec nous. Mais nous avons besoin de temps. Et nous avons besoin de chefs » (p. 242-243).
L’expert géographe s’arrête au seuil du débat d’orientation politique que préconisent ses derniers mots. Mais que d’arguments concrets, méthodiquement établis, il aura apporté à ceux qui veulent s’y lancer !
Philippe Lewandowski
http://www.gds-ds.org/palestine-ple...
Jeudi 5 juillet, Oxfam a publié ce qu’elle présente comme un "document d’information" évaluant l’impact des colonies israéliennes sur les populations palestiniennes de la vallée du Jourdain. Accès inégal à la terre et à l’eau, déplacements de populations, violences physiques : le rapport s’inquiète de la volonté de l’Etat israélien d’y étendre ses colonies depuis la fin du moratoire en 2010. Responsable à Oxfam France, Nicolas Vercken revient sur les principales conclusions du rapport.
Le Monde.fr : selon votre rapport, 86 % des terres sont sous la juridiction des colonies israéliennes dans la vallée du Jourdain. Comment l’expliquer ?
Nicolas Vercken : cette vallée était, à l’origine, une terre palestinienne. Il y a eu une volonté politique de faire croître la population israélienne, et de changer l’équilibre démographique dans la vallée. Israël a ainsi accaparé les terres et les capacités productives dans la vallée du Jourdain.
Le droit international interdit pourtant à Israël d’utiliser les ressources d’un territoire occupé à son bénéfice. Pourquoi n’y a-t-il pas de réactions ?
Ces trois dernières années, la France et l’Union européenne ont condamné de manière forte les colonisations. Mais en pratique, cela ne change rien. Cette posture diplomatique ne suffit pas, alors que la poursuite des colonisations compromet le processus de paix et les chances d’un Etat israélien sécurisé.
Pourquoi la vallée du Jourdain est-elle si importante pour Israël ?
Elle l’est d’un point de vue stratégique, du fait de la frontière avec la Jordanie. Et aussi du point de vue économique : la vallée du Jourdain représente l’essentiel des terres agricoles, actuelles et potentielles, de la Palestine. C’est aussi un espace de peuplement très important.
Quel impact ont les restrictions israéliennes dans la vallée du Jourdain sur l’Etat palestinien ?
Sans ces restrictions israéliennes sur le développement palestinien, 5 000 hectares supplémentaires pourraient être cultivés par les agriculteurs palestiniens dans la vallée du Jourdain, ce qui représenterait un milliard de dollars en plus chaque année pour l’économie palestinienne, soit 9 % du produit intérieur brut. Ces restrictions jouent aussi sur la perspective d’un Etat palestinien : la Palestine devient un "gruyère", sans unité territoriale.
L’Autorité palestinienne prend-elle assez en compte cette région, dans ses politiques de développement ?
Il faut qu’il y ait un vrai plan pour la vallée du Jourdain. Mais sa mise en œuvre est très difficile : dès lors que toute construction risque d’y être détruite, il est très difficile pour les Palestiniens d’investir dans le développement de cette région.
Propos recueillis par Valentine Pasquesoone
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