De Fillon à Strauss-Kahn, Il n’est question de rien d’autre que de nivellement par le bas

mardi 22 juin 2010.
 

Dans le délabrement des comptes publics les nouvelles sont moins terribles que ne l’espérait la propagande de la droite et de son pauvre gouvernement ! Quel malheur pour eux : le déficit de la sécu moins élevé que prévu ! La nouvelle estimation du déficit du régime général de la sécu pour 2010 est de 26,8 milliards contre 30 prévus et annoncés à son de trompe ! Déficit de 13,1 milliards pour l’assurance maladie contre 14,5 annoncés. Enfin, le déficit pour les retraites est de 9,3 milliards. Ils avaient annoncé 10,7 milliards ! La situation est donc moins dramatique que celle présentée au départ par le gouvernement. A noter que tous ces déficits sont dus essentiellement à la chute des recettes du fait de la crise. Moins de salaires payés égalent moins de cotisations. On voit ce que donnent les politiques de contraction de l’activité économique que préconise Strauss-Kahn. N’empêche que même dans le cas actuel il faut garder la tête sur les épaules et éviter l’affolement ! Un déficit de 9,3 milliards, ça représente à peine 6 % des dépenses totales de retraites. Ça n’a rien de d’abyssal ! C’est l’équivalent d’un découvert mensuel de 90 euros sur un salaire de 1500 euros. Comparons avec le déficit de l’Etat : il devrait représenter entre 35 et 40 % du budget en 2010.

La contribution sur les hauts revenus est en cours d’arbitrage. Cette contribution serait finalement « provisoire ». Pourtant n’a-t-on pas seriné sur tous les tons que le problème de financement des retraites est durable jusqu’à 2050 ? En toute logique, on ne comprend pas pourquoi les riches devraient contribuer de manière provisoire alors que la masse des salariés devrait faire des sacrifices de manière durable. En tous cas ce n’est pas parce que la contribution demandée aux riches serait exorbitante. Car selon ce qui se dit, une fois le calcul fait, elle ne rapporterait que quelques centaines de millions d’euros. Dérisoire ! Mais tellement à la mode ! Angela Meckel aussi prend tout de suite 44 milliards aux chômeurs et travailleurs allemands et 4 milliards sur trois ans aux banques ! C’est du FMI tout craché ! Et quand Strauss Kahn se la joue social sur France 2 c’est évidemment un bobard sur lequel Chabot, qui lui a permis de le colporter, ne dira rien ni devant lui ni ensuite ! Pourtant à la suite de l’entretien cirage de pompe, Dominique Strauss-Kahn a été commenté sur toutes les télévisions roumaines. En effet le grand homme bienveillant interrogé sur le plan de rigueur du FMI pour la Roumanie qui impose une baisse de 25% du salaire des fonctionnaires roumains, avait démenti et accablé le gouvernement roumain. D’après lui, le FMI très bon très juste aurait dit : « Si vous avez besoin de faire des économies, vous augmentez les impôts, notamment pour les plus riches. » Mais malheureusement selon DSK ces méchants n’auraient rien entendu : « Le gouvernement roumain nous a répondu : "Non, c’est nous qui décidons." »

Cette histoire fait hurler les gens du cru : « La Roumanie ne dispose pas de suffisamment de riches pour partager avec tous les pauvres », a dit le ministre des Finances. Selon Libération, qui raconte cette histoire, « le conseiller présidentiel Sébastian Lazaroiu y voit un calcul politique de Strauss-Kahn : « Il veut se présenter à l’élection présidentielle française, il a fait une déclaration proche de la gauche. » Ah ! C’est grave : via Chabot qui ne dit mot, Dominique nous bourrerait le mou ? Et Libération de continuer : « Quant au Président, Traian Basescu, il a enfoncé le clou : « Si M. Strauss-Kahn a des doutes, je vais lui transmettre personnellement le papier que le FMI voulait faire appliquer par la Roumanie : une hausse de la TVA de 19 à 24%, une augmentation du taux unique d’imposition de 16 à 20%, ainsi qu’une réduction des salaires dans le secteur public de 20% », s’est-il enflammé lors d’une conférence de presse. »

Selon une source proche des négociations, même si la solution d’un impôt différencié a bien été évoquée, il n’a aucunement été question « d’augmenter les impôts pour les plus riches ». Pour réduire le déficit, le gouvernement roumain de centre-droit a donc décidé d’appliquer une politique ultralibérale : à partir de juin, les fonctionnaires verront leurs salaires amputés de 25%, alors que les retraites et les allocations chômage baisseront de 15%. » Les socialistes ne pourront pas dire qu’ils ne le savent pas !

En tous cas en France c’est la droite qui fait la fête aux fonctionnaires. Voila en effet que revient le serpent de mer des cotisations des fonctionnaires qu’il faudrait aligner sur celles du privé ! Le taux de cotisation retraites des fonctionnaires passerait ainsi de 7,85 % à 10,55 %. La petite musique cherche à faire croire qu’il s’agirait de la même caisse que celles des retraites du régime général. Bref les fonctionnaires se la couleraient douce avec les cotisations des autres salariés ! Rien de tel que d’exciter la jalousie pour faire avancer la division et détruire une par une les résistances ! Voyons les faits. La seule chose qui restera après ça, en vérité, c’est une baisse conséquente du salaire net, notamment pour les fonctionnaires les moins payés. On se croirait en Roumanie ou en Grèce comme si le FMI était déjà président en France. Tout ceci sous couleur de « justice » ou « d’équité ».

C’est là qu’il faut hausser la voix. C’est une mesure injuste en tout état de cause. En effet les fonctionnaires cotisent moins mais ils bénéficient d’un taux de remplacement plus faible. Pour une carrière complète ils touchent 77 % contre 84 % pour les salariés du privé. Et il s’agit d’une moyenne évidemment ! De plus, les salaires des fonctionnaires sont plus bas que dans le privé à niveau de diplôme égal ! Nouveau recul pour eux avant tout. Et comme ce n’est pas le premier, ça commence à faire beaucoup. En effet les salaires des fonctionnaires ont déjà reculé, depuis plusieurs années, faute de revalorisation. Et ceci à hauteur de l’inflation ! C’est facile à calculer. Rien que sur 2008 les salaires des fonctionnaires ont été augmentés de 0,8 % alors que l’inflation était de 1,9 %. Donc cela signifie une baisse de 1,1 % du salaire net ! A rappeler chaque fois que l’on entend médire des fonctionnaires ! Les beaux parleurs qui parlent de devoir « d’équité » ou « d’égalité » proposent-ils d’augmenter les salaires des fonctionnaires au nom du même devoir ? Figure de style, bien sûr. Il n’est question de rien d’autres que de nivellement par le bas.


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