Arrêter la pente de l’austérité

vendredi 2 décembre 2011.
 

Les nouveaux chiffres du chômage sont tombés ce lundi. Calamiteux, ils n’ont jamais été aussi élevés depuis 12 ans. Le même jour, autre record, la Bourse de Paris gagne plus de 5%. Cette concomitance n’est pas une première. Les licenciements boursiers faisaient hier bondir la valeur en bourse d’une entreprise. Faut-il maintenant que les pics du chômage renforcent l’attractivité d’un pays aux yeux de la finance ? En fait, le poids accordé à tel ou tel indicateur révèle les rapports de force sur lesquels repose le système économique. Le capitalisme financier n’a que faire de la lente destruction de la force de travail que représente le chômage de masse. Il surveille en revanche à la loupe les évaluations produites par les agences de notation. Et le chiffre qui compte aux yeux des dominants, devient peu à peu la norme centrale qui s’impose à la société toute entière.

Cette vieille constatation de Marx se vérifie sous nos yeux. En cascade, l’ordre politique se met au diapason de la finance. Regardez comment, alors que les organismes officiels internationaux annoncent la poursuite de la hausse du chômage et un début de récession en Europe, aucun plan de relance concerté n’est mis sur la table. En revanche, aussitôt que l’Allemagne s’est trouvé à la peine sur les marchés financiers (au point que la Bundesbank a été obligé de souscrire à la dernière émission de dette publique allemande, en violation du traité de Lisbonne, soit exactement ce que Merkel interdit à la BCE), voilà qu’un projet de super-obligations réservé aux Etats notés triple AAA fait son apparition. La vieille idée du noyau dur européen ressurgit. Mais dès lors que le capital financier règne en maître, ce n’est plus pour porter des grands travaux ou pour accélérer l’intégration politique du continent. Ce sont les agences de notation qui en fixeraient le périmètre, le règlement intérieur et l’objectif ultime : « tout faire pour garder le triple AAA » comme le résume hélas… la conseillère économique de François Hollande au moment de présenter la philosophie de son candidat face à la crise.

Le modèle d’économie rentière qui en découle sacrifie délibérément l’emploi et l’activité pour préserver la rentabilité du capital financier. Elle peut séduire des inactifs, surtout ceux assujettis à des retraites par capitalisation indexées sur les marchés ou ceux dont le niveau de vie dépend du patrimoine qu’ils ont accumulé. Elle correspond bien aux pays à la démographie déclinante comme l’est l’Allemagne, à l’inverse de la France. Elle peut égarer ceux qui se sentant pour la première fois menacés par la montée du chômage, croient se tenir au sec à grand coup de murailles de sable stigmatisant les chômeurs. Mais elle dessine un horizon étroit, mesquin, bouché. Elle propose juste de tenir le plus longtemps possible, en espérant que les autres s’enfonceront les premiers, car une récession gigantesque en est l’issue inéluctable. C’est le scénario du repli et de la guerre. Voilà la pente sur laquelle est notre pays. C’est dire notre responsabilité dans cette élection. L’austérité est une impasse dramatique parsemée de souffrances inutiles. Mais ceux qui souhaitent s’y engager ont l’embarras du choix. Ils peuvent voter pour l’austérité de droite, l’austérité de gauche ou encore l’austérité d’extrême-droite (les trois forces qui gouvernent ensemble la Grèce). Ceux qui la récusent n’ont eux qu’un bulletin de vote clair et rassembleur, celui du Front de Gauche. C’est immense ! Car un outil adapté suffit à faire le travail.

François Delapierre, Secrétaire National du Parti de Gauche


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