Sarkozy ? C’est passer totalement à côté que de croire qu’il est foutu (Jean Luc Mélenchon)

mardi 11 mai 2010.
 

« Sarkozy est-il foutu ? » interroge cette semaine Marianne qui consacre un gros dossier au président, histoire de fêter dignement sa troisième année à l’Elysée. La réponse des dirigeants de la gauche de la gauche est claire. Enterrer Sarkozy est une terrible et même une dangereuse erreur…

Un Sarkozy qui mange la poussière aux régionales et à chaque nouveau sondage, voilà qui devrait réjouir les dirigeants de la gauche de la gauche. À première vue seulement. Car ça n’est pas si simple. Certes, Pierre Laurent, numéro deux du PCF, reconnaît que « les fissures sont profondes dans la majorité ». Certes, il décrit un Nicolas Sarkozy « en très grande difficulté ». Mais notre homme lui reconnaît un « atout » dont il a su et saura encore se servir avec succès : sa « faculté à diviser les Français ». « On le voit encore aujourd’hui, quand à Bobigny, il relance le thème de la sécurité, analyse le successeur tout désigné de Marie-George Buffet. On le voit aussi avec l’interdiction de la burqa. Il veut y aller malgré les mises en gardes du Conseil d’Etat. C’est également ce qu’il va tenter de faire sur les retraites. Il peut essayer d’aller plus loin qu’il ne l’a déjà été. Quitte à générer de fortes tensions dans la société. Quitte à en devenir dangereux. »

Pour Jean-Luc Mélenchon, aussi, « il y a tout lieu de s’inquiéter » : « Que fait Sarkozy après s’être pris une énorme bâche aux élections régionales ? Il n’a pas la main qui tremble. Il s’attaque aux retraites ! C’est passer totalement à côté que de croire qu’il est foutu. Il bénéficie aujourd’hui, avec Villepin ou bien encore Bayrou, d’un socle politique extrêmement large et, qui plus est, avec un FN dans le rôle du rabatteur. Marine Le Pen, elle, fait le boulot en disant que ce sont les Arabes le problème et non pas les banques. Il n’y a qu’à voir les récentes enquêtes d’opinion. C’est la gauche qui plafonne. Sarkozy a beau avoir réintroduit le pluralisme à droite, c’est bien l’UMP qui reste en tête. »

Selon le patron du Parti de gauche, il ne faut pas y voir simplement « une tactique » du locataire de l’Elysée. « Nous vivons un moment politique qu’il ne faut pas sous-estimer », explique-t-il, citant à l’envi l’exemple de plusieurs de nos voisins européens. Ce « moment politique » qu’il pressent, nous en aurions eu un avant-goût dans les urnes lors des régionales : « Les dernières élections l’ont montré. Les classes moyennes sont déstabilisées et se radicalisent. La bourgeoisie, aussi, se radicalise. Ce qui nous pend au nez, c’est ce qui est arrivé en Italie avec l’entrée de Gianfranco Fini au gouvernement… »

Pour ne pas voir se concrétiser un tel scénario, les deux responsables politiques en conviennent : il faut une gauche forte. Le problème, c’est que Pierre Laurent considère que le « deuxième atout » du chef de l’Etat réside justement, pour l’heure, dans « l’insuffisance d’alternative » : « Même si sa politique est condamnée sévèrement par les Français, il faut une alternative crédible et forte. S’opposer à Nicolas Sarkozy ne suffira pas. La gauche ne peut pas décevoir alors qu’elle se retrouve au pied du mur. » Méluche le reconnaît tout aussi volontiers. La gauche est bien « au pied du mur ». Très loin du sommet. Et une nouvelle fois, ce ne sont pas ses anciens camarades qui lui font penser le contraire : « Ils sont incapables de faire face. Il n’y a qu’à voir le texte de Pierre Moscovici [sur le « nouveau modèle économique, social et écologique » du Parti socialiste]. Il n’y a pas un mot sur le Traité de Lisbonne ! »

Gérald Andrieu

Sommaire du n°680 de Marianne, « Après trois ans à l’Elysée... Sarko est-il foutu ? »


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