La mortalité des femmes enceintes ne faiblit pas

samedi 20 mars 2010.
 

Chaque année, plus de 500 000 femmes meurent faute de soins dans les pays pauvres à cause de complications. Quatre ONG lancent une campagne et une pétition.

Chaque minute qui passe, une femme enceinte meurt et vingt autres survivent avec de graves séquelles. Plus de 530 000 décès causés par des complications liées à une grossesse, à un accouchement ou à un avortement ont été enregistrés l’année dernière. La quasi-totalité (99 %) de ces disparitions a lieu dans les pays en développement. La région la plus touchée est l’Afrique subsaharienne, qui concentre la moitié des décès, loin devant l’Asie du Sud (un tiers). L’objectif fixé par les Nations unies de réduire des trois quarts le taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015, sera très difficile à atteindre. Il accuse un retard criant, selon plusieurs ONG.

Oxfam France, Médecins du monde, Action for Global Health et Avocats pour la santé dans le monde viennent de lancer une campagne, baptisée Non-assistance à mère en danger. « À cinq ans de l’échéance, il est urgent d’agir », s’alarment-elles. Par le biais de la signature d’une pétition, ces associations demandent à la France « d’augmenter l’aide au développement en matière de santé mais aussi de la rendre plus efficace à travers un renforcement des personnels de santé au sud et un soutien aux politiques d’accès gratuit aux soins, en particulier pour les femmes et les enfants. »

Le coût des soins, la pénurie en personnels de santé, la faible diffusion de moyens de contraception et l’éloignement des centres de santé sont les principaux facteurs d’explication de ce phénomène. « Au Bénin, une césarienne coûte entre 150 euros et 300 euros, alors que le revenu annuel est de l’ordre de 500 euros. Des femmes restent détenues dans les hôpitaux parce qu’elles n’ont pas les moyens de rembourser leur opération », raconte Nicolas Guihard, de Médecins du monde. « La gratuité des soins n’est pas suffisante si cela ne s’accompagne pas d’une planification de la réforme de la santé », complète Annick Jeantet, d’Action for Global Health. « Au Malawi, les soins sont gratuits mais les femmes paient d’une autre façon. Elles paient de leur vie, car il n’y a pas assez de personnel », confirme Dorothy Ngoma, directrice de l’organisation nationale des infirmiers et sages-femmes du Malawi. Dans ce petit pays africain de 14 millions d’habitants, 14 femmes enceintes meurent chaque jour. « Il y a cinq ans, le Malawi a perdu 50 % de son personnel médical parti en Europe pour de meilleurs salaires », indique-t-elle. On compte 6,7 enfants par famille. Faute de méthodes contraceptives, les femmes du Malawi peuvent connaître une douzaine de grossesses au cours de leur vie. Cela a des conséquences directes sur le taux de mortalité infantile. Au Malawi, un enfant sur quatre meurt avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans. La lutte contre la mortalité maternelle sera abordée lors du prochain sommet du G8, au mois de juin, au Canada.

Damien Roustel

Le niger en queue de peloton

Le Niger (13 millions d’habitants) est l’un des pays qui enregistrent le plus fort taux de mortalité maternelle dans le monde. 
Il ne dispose que d’une seule sage-femme pour 33 500 habitants. À titre de comparaison, le Sri Lanka, qui affiche l’un des taux 
de mortalité maternelle les plus faibles, compte une sage-femme pour 1 800 habitants. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il manque au Niger au moins 3 000 sages-femmes.


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