A) Le capitalisme triomphant sans adversaire majeur (Jacques Serieys, février 2007, complété)
B) L’envol des profits est une évidence pour l’année 2014
C) L’envol des profits est une évidence en ce mois de février 2007
L’envol des profits rentiers au détriment des salaires et des retraites est une évidence.
De 1981 à aujourd’hui, selon les économistes, entre 6% et 10% de la valeur ajoutée (bénéfices réalisés par l’activité économique du pays) a été prélevée par les actionnaires dans les poches des salariés et retraités.
La fameuse règle des trois tiers pour la répartition des profits (un tiers pour les actionnaires, un tiers pour l’entreprise, un tiers pour les salariés) régulièrement avancée comme possibilité ultime de régulation du capitalisme (par exemple par Nicolas Sarkozy en 2008) ne correspond à aucune réalité.
Dans une note du 16 février 2007, l’INSEE analyse la part prélevée par les entreprises (51,8%), la part versée aux actionnaires (42%) et celle restant pour les salariés (moins de 6%). Notons que la part versée aux actionnaires ne cesse de grimper ( 50% en moyenne pour les entreprises du CAC 40 en 2014).
Un salarié consacre en 2014 45 journées de travail par an à l’actionnaire contre seulement 12 en 1981.
D’après les comptes nationaux des entreprises non financières, depuis le début des années 1980, le partage de la richesse créée n’a pas évolué à l’avantage du travail, bien au contraire : la masse salariale représentait ainsi, en 2012, 66,6 % de la valeur ajoutée, contre 72,9 % en 1981. À l’inverse, la part de la valeur ajoutée revenant au capital, sous forme d’intérêts versés aux banques et de dividendes octroyés aux actionnaires, a été multipliée par plus de 7, passant de 39,1 milliards d’euros à 298,6 milliards. Les seuls dividendes, qui pesaient 5 % de la valeur ajoutée il y a trente ans, en représentent 22,4 % en 2012.
De 2008 à 2013, le système capitaliste a subi une grave crise mais a su pressurer suffisamment les salariés et les peuples du monde pour ne pas baisser significativement la rente versée aux actionnaires : 41,8 milliards versés aux actionnaires par les entreprises du CAC40 en 2006, 43,6 milliards en 2007, 38,6 milliards en 2008, 35,8 milliards en 2009, 39,9 milliards en 2010, 36,9 milliards en 2011, 37,5 milliards en 2012, 39,2 milliards en 2013, 46 milliards en 2014.
Pourquoi cette victoire des rentiers ? Depuis 1978-1981 :
le capitalisme international se développe sans grande opposition
le libéralisme, son idéologie, occupe le terrain politique.
les profits progressent au détriment des salariés, des retraités, des précarisés ( utiles pour faire baisser la pression sur les salaires)
d’innombrables avantages fiscaux renforcent cet envol des profits au détriment des Etats et collectivités publiques qui s’endettent auprès des détenteurs de capitaux. Les intérêts de la dette accroissent le gain des mêmes.
la logique de ce système privilégie les placements financiers aux dépens de l’investissement productif
la logique de ce système du seul profit maximum conduit à un mépris total des équilibres naturels de la planète.
Comment le capitalisme financier transnational a-t-il imposé un tel rapport de force ?
par un choix politique délibéré des Etats Unis et de leurs alliés avec un redéploiement économique et financier
par la mise en place de dictatures en Amérique latine et dans le Sud-Est asiatique qui ont donné aux grandes firmes des matières premières à bas prix.
par des découvertes technologiques qui ont contribué à la mondialisation économique et à l’affaiblissement de l’échelon politique "national" où se jouait jusqu’alors des équilibres sociaux.
l’Union soviétique comme la Chine ne pouvaient soulever l’enthousiasme des citoyens du monde pour suivre leur exemple.
L’absence d’alternative politique
Pour relever le défi d’une alternative au capitalisme financier transnational nous avons besoin de forces politiques organisées, d’un mouvement social actif, d’une orientation politique apte à entrer en résonance avec la grande masse des citoyens, mais aussi de victoires partielles, revendicatives et politiques.
Quelles forces peuvent porter cela aujourd’hui ?
L’altermondialisme a connu une progression rapide vers 1998-2000 mais stagne aujourd’hui car il ne sert à rien de répéter les manifestations de Seattle chaque année si dans le même temps on ne construit pas des partis porteurs de stratégie politique, des syndicats aptes à défendre le pouvoir d’achat et les conditions de travail.
L’effondrement de l’Union soviétique et de presque tous les partis communistes liés à elle ainsi que la marginalité des forces antilibérales ont laissé place à la social-démocratie, à peu près partout dans le monde.
Une bonne partie de la social-démocratie dont Tony Blair est le chef de file, a partie liée avec le grand capital international. Au-delà des effets démagogiques nécessaires, le texte d’orientation (mis en ligne sur ce site) du 22ème congrès de l’Internationale Socialiste (octobre 2003) ne représente absolument pas une alternative à la logique du capitalisme. Il en fait autant l’apologie que la critique. " La mondialisation est une source de richesse... l’élargissement des débouchés permet une augmentation de la productivité et favorise ainsi une croissance plus rapide des revenus et des niveaux de vie. La mondialisation est aussi source de richesse culturelle et sociale par les échanges qu’elle génère". Dans le contexte actuel du capitalisme financier transnational, l’appel à une gouvernance mondiale n’est rien de plus qu’un voeu pieux.
Lors de la campagne contre le NON au TCE, une force antilibérale de masse est apparue en France. L’échec d’une candidature unitaire sur cette base pour les présidentielles 2007 lui a porté un coup grave mais peut-être seulement conjoncturel.
Dans ces conditions, on ne peut parler d’une alternative mais de points d’appui pour concrétiser la possibilité d’une alternative. C’est certainement en Amérique latine qu’apparaissent aujourd’hui les expériences les plus intéressantes, même si c’est sous des formes éclatées, imprévues... Notre solidarité en est d’autant plus importante que les médias aux ordres vont continuer à tout faire pour affaiblir un Chavez ou un Moralès ; s’ils ne sont en rien des "guides", les processus en cours dans leurs pays sont des alliés dans le rapport de force mondial, c’est toujours ça.
Aujourd’hui, on ne peut lutter contre le capitalisme transnational sans participation à la solidarité internationaliste là où c’est nécessaire, sans participer à la recomposition des forces anticapitalistes telles qu’elles sont. Depuis deux ans, malgré ses forces limitées, PRS développe un travail international de qualité (dont le colloque européen qui se tient actuellement au Sénat).
Entre une gauche forte mais sans alternative et des alternatifs sans forces, PRS longe un chemin de crête. Vivement que nous puissions prendre le fil de l’eau.
Ceci dit, on ne peut parler d’alternative indépendamment du rapport de force concret entre les forces sociales. Autant nous nous sentons concernés par l’avenir de la gauche antilibérale, autant nous considérons qu’une victoire de Sarkozy lors de ces présidentielles mettrait la gauche, les syndicats, le mouvement social dans une position de faiblesse grave.
Jacques Serieys, février 2007, complété ensuite
En 2014, les entreprises du CAC 40 ont versé 56 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires, soit une hausse de 30%.
La lettre spécialisée Vernimmen.net détaille :
8,5 milliards versés par LVMH
5,6 milliards par Total
5,4 milliards par Sanofi qui joue par ailleurs l’entreprise en difficulté obligée de licencier une grande partie de son personnel
3,4 milliards pour GDF Suez
Les actionnaires peuvent se féliciter des mesures prises par François Hollande qui leur ont permis de s’enrichir encore plus sur le dos des salariés. Le CICE a été en grande partie versé en dividendes et n’a servi ni l’emploi ni l’investissement. Quand 289,9 milliards passent en une année dans les frais financiers et actionnariaux des entreprises, pourquoi ponctionner encore le budget public pour augmenter les dividendes du CAC 40. En 2014, 16 grandes entreprises françaises ont touché 1,24 milliard d’euros ; Orange, EDF ont ainsi empoché plus de 100 millions d’euros, Sanofi et Total des dizaines de millions.
Le pacte de responsabilité a aggravé la ponction faite par les grandes entreprises sur la valeur créée par les salariés.
A cause de François Hollande, les Français sont de plus en plus pauvres et les actionnaires n’ont jamais été aussi riches. Tout cet argent gaspillé pour le luxe et la spéculation devrait être utilisé pour augmenter les salaires et l’emploi. Nous avons les solutions : mise en place d’un salaire maximum, SMIC à 1700 euros, et une réforme fiscale de grande ampleur finançant la planification écologique et permettant ainsi la création de centaines de milliers d’emplois.
Le patron du Medef, Pierre Gattaz, peut se lamenter sur le poids des « charges » sociales : l’an dernier, les entreprises ont déboursé presque deux fois plus pour leurs frais financiers que pour les cotisations à la Sécu. Rançon des abandons des gouvernements successifs, de droite ou socialiste, face à la croisade permanente du patronat, le capital vampirise sans cesse davantage les richesses créées par le travail. Les dividendes, qui représentaient 3% de la richesse nationale en 1980, en pèsent désormais 9%… Pour effectuer ce prélèvement, les actionnaires exigent des entreprises des rentabilités excessives, au détriment des salaires et de l’emploi, et n’investissent plus.
Les entreprises versent donc près de cinq fois plus de dividendes actuellement que dans les années 1980, alors que, dans le même temps, elles ont comprimé la part du gâteau réservée au travail. C’est bien le capital qui a tiré son épingle du jeu. Et on peut constater que, crise ou pas, que la santé des entreprises soit bonne ou mauvaise, les actionnaires sont désormais toujours gagnants : leur rémunération est préservée et toujours à la hausse. Ce, alors que, selon la théorie libérale classique, ces financiers prennent des risques en investissant, et seraient donc exposés à de mauvaises fortunes. En réalité, les risques ont été transférés sur les salariés : l’emploi et la rémunération sont les véritables variables d’ajustement.
Autre constat essentiel : contrairement là aussi au discours dominant, la baisse relative du « coût du travail » ne s’est pas accompagnée d’un accroissement de l’investissement, celui-ci représentant en 2012 la même part de la valeur ajoutée qu’en 1981 (19,4 %)
(Texte de cette partie B rédigée à partir d’articles du Parti de gauche et de L’Humanité)
Il suffit pour s’en convaincre de jeter un coup d’oeil sur le site financier Monde.fr ( 18 février) :
" A Wall Street, jeudi 15 février, le Dow Jones a de nouveau atteint en séance un record absolu à 12 779,03 points. Sur la semaine, il a gagné 1,48 %, terminant, vendredi 16 février, à 12767,57 points.
A Paris " Après avoir battu un record mercredi, à 5 725,84 points - au plus haut depuis février 2001 -, l’indice CAC 40 a terminé à 5 713,59 points vendredi (+ 0,37 % sur la semaine).
" Total, en plein procès Erika, a annoncé un bénéfice net record de 12,58 milliards d’euros, le plus gros jamais enregistré par une entreprise française.
" Michelin, en annonçant une hausse sensible de sa rentabilité en 2007, a bondi de 16,17 % sur la semaine !
" A Londres, jeudi, l’indice Footsie a atteint un nouveau plus haut depuis plus de six ans, soutenu notamment par de nouvelles rumeurs de fusion dans le secteur minier.
" Les Bourses espagnole et suisse ont aussi battu des records cette semaine...
" Tout comme les Bourses asiatiques, Shanghaï en tête. L’indice composite du principal marché de Chine continentale a frôlé les 3 000 points, clôturant vendredi à 2 998,47 points, un plus haut historique. Elle sera fermée durant toute la semaine du 19 au 23 février, en raison des festivités liées au Nouvel An chinois.
" A Tokyo, l’indice Nikkei a progressé de 3,77 % sur la semaine, sur des résultats d’entreprises et suite à la publication d’une hausse plus importante que prévu de la croissance japonaise..."
2) Les entreprises françaises également dans l’euphorie
« Le Parisien » a calculé que les quarante plus grandes entreprises françaises auront dégagé « 74 milliards d’euros de profits » l’an dernier, soit 4,7 % de plus qu’en 2005, année déjà record. « En six ans, les bénéfices des entreprises du CAC 40 auront ainsi bondi de près de 60 % », relève Le Parisien. Des supers profits qui créent le « malaise », estime le journal, car « ce sont avant tout les actionnaires » qui ont été servis en premier.
Deux jours après cet article du Parisien, la presse spécialisée (Investir du 17 au 23 février) parle de 96,4 milliards d’euros de profits ( dont 36,2 milliards en dividendes aux actionnaires, +13,3%)) pour ces 40 plus grandes entreprises françaises soit une avance de 15,8% de l’indice CAC 40 et 10,1% des profits par rapport à 2005.
Plusieurs grandes entreprises ont annoncé leurs résultats.
TOTAL, le groupe pétrolier affiche 12,5 milliards d’euros de bénéfices. Un profit, « historique », lancent Les Echos. Un profit « record », insiste La Tribune. Ces bénéfices exceptionnels, qui s’expliquent en partie par la flambée des prix du pétrole.
Les profits de BNP PARIBAS ont aussi atteint le niveau record de 7,3 milliards d’euros (%) en 2006 ; le groupe a largement développé ses investissements vers l’étranger.
La SOCIETE GENERALE, également de plus en plus tournée vers l’étranger, a dégagé un bénéfice en hausse de 18,6%.
LVMH, leader mondial du luxe, a vu ses bénéfices s’envoler de 30% à 1,879 milliard d’euros.
Le géant des cosmétiques L’OREAL a affiché en 2006, pour la 22e année consécutive, une croissance à deux chiffres de son bénéfice net, en hausse de 12% en 2006, à 1,83 milliard d’euros, grâce, entre autres, à l’acquisition de la chaîne de cosmétiques britannique The Body Shop.
SANOFI-AVENTIS (3ème multinationale du médicament) a dégagé en 2006 un bénéfice net en hausse de 11,1% à 7,04 milliards d’euros et un bénéfice net par action en progression de 10,3% à 5,23 euros, largement supérieur à ses objectifs, même si la concurrence d’un générique du Plavix aux Etats-Unis a pesé sur le quatrième trimestre.
VALEO a dégagé en 2006 un bénéfice net de 161 millions d’euros, en hausse de 13,4% et a enregistré un chiffre d’affaires en progression de 2,6% à 10,086 milliards d’euros. .
SOPRA GROUP (société de services informatiques) a enregistré l’an dernier un chiffre d’affaires de 897,7 millions d’euros, en hausse de 18,6% grâce à son activité "intégration de systèmes et de solution", et a confirmé sa prévision de marge opérationnelle 2006 "supérieure à 8%".
KLEPIERRE (groupe foncier) a dégagé en 2006 un bénéfice net en hausse de 36% à 164 millions d’euros.
Le groupe agroalimentaire DANONE a vu son bénéfice net reculer de 7,5%, à 1,353 milliard d’euros, mais l’entreprise versera un dividende en progression de 17,7%.
Michelin subit la baisse des commandes de l’industrie automobile mais l’entreprise compte néanmoins verser un dividende en hausse de 7,4% à 1,45 euro par action.
Les entreprises moyennes ne sont pas en reste. Les dix "valeurs moyennes" sélectionnées par Investir ont gagné 125,8% depuis le 31 décembre 2003.
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