Sarkozy à Davos : l’insoutenable légèreté des mots (par ATTAC)

vendredi 29 janvier 2010.
 

Tout changer pour que rien ne change : tel est le message que Nicolas Sarkozy a martelé devant ses amis de Davos.

Entonnant son habituel couplet pseudo-altermondialiste – avec un hommage inédit au « nouveau citoyen mondial » - il a stigmatisé « le rentier qui l’emporte sur le travailleur », la « flambée des inégalités » et les « profits excessifs qui ne sont plus supportés ». Dénonçant le dumping social et environnemental dû à la prédominance des règles du libre-échange sur les droits sociaux, il a reconnu la duplicité des gouvernements, le sien inclus : « nous rognons à l’OMC et au FMI ce que nous décidons à l’OIT et à l’OMS ».

Après cette douche froide, les artisans – à Davos depuis 40 ans - de cet infâme « capitalisme financier » qui « dénature le capitalisme » se sont vite consolés. Car Nicolas Sarkozy a rapidement prouvé combien il s’agissait de mots creux. Il s’est contenté de demander qu’on applique les décisions ultra-techniques déjà prises par le G20 (« c’est bien beau de prendre des décisions mais encore faut-il qu’elles soient mises en œuvre ») : révision des normes comptables, harmonisation des règles prudentielles, accroissement des réserves des banques en cas de titrisation. Au moins deux oublis dans sa liste des décisions prises et non appliquées : la limitation des hauts revenus, la suppression des paradis fiscaux...

Message subliminal du discours : la France ne propose aucune initiative nouvelle. À peine un bref coup de chapeau à Gordon Brown qui prône une taxe sur la spéculation pour financer le développement, et à Barack Obama qui propose d’interdire aux banques de dépôt de spéculer pour leur compte. Et une nouvelle fanfaronnade : un « nouveau Bretton Woods » l’an prochain pour réformer le système monétaire international quand la France présidera le G20.

En arrière-plan de ce discours, la crainte avouée des réactions populaires : « si nous ne changeons pas, les changements nous seront imposés par les crises économiques, politiques, sociales ». Mais Sarkozy est moins inquiet que Brown – à la veille d’élections législatives qui semblent perdues d’avance – et Obama – qui vient de perdre sa majorité qualifiée au Sénat. C’est pourquoi il importe de faire monter la pression sur lui avant le G20 de juin prochain à Toronto. Dominique Strauss-Kahn y présentera les propositions du FMI sur les moyens de faire payer par la finance les coûts de son sauvetage, et les chefs d’État ou de gouvernement décideront.

Dans le cadre d’une campagne mondiale en cours de préparation, Attac-France va proposer à tous les syndicats et associations qui le souhaitent l’organisation de mobilisations citoyennes pour imposer une véritable taxe sur l’ensemble des transactions financières. Pas une taxe « Canada Dry », mais une taxe qui permette de couper définitivement les ailes de la spéculation, et de financer les urgences sociales et écologiques - la lutte contre la pauvreté au Nord comme au Sud et contre le réchauffement climatique.


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